~ Chapitre 30 : Plus de peur que de bavardages ~ (**)

3K 230 67
                                    

~ Chapitre 30 : Plus de peur que de bavardages ~

— Hé, ce n'est pas à toi de faire ça ! s'exclame Maria en cherchant à m'ôter le flacon de liquide vaisselle de la main. C'est censé être une soirée en ton honneur, pas une où tu te tapes le sale boulot, insiste-t-elle. Tu n'es pas au 2D ici, me charrie-t-elle.

— T'inquiète, ce n'est rien, on ne va quand même pas laisser Nana se charger de tout, toute seule, après non, je me contente de contrer.

Je ne me voyais pas admettre à haute voix que si j'ai cherché refuge près de l'évier c'est à cause d'un besoin irrépressible d'occuper mes mains, besoin dicté par la peur qui me ronge depuis qu'Hunter m'a laissé pour aller « remettre un peu d'ordre » avec ces frères au DDO.

Après trois quarte d'heures d'absence, on ignore toujours où en sont nos hommes.

Le fondant au chocolat, aussi délicieux qu'il soit n'a pas eu l'effet réconfortant habituel que me procure le chocolat, ni réussi à détourner mon attention des pensées négatives qui assaillaient mon esprit perturbé par cette situation.

Voir Dusty et Dumbo siroter leur bière et se bidonner en échangeant des anecdotes apparemment plutôt hilarantes ne m'a pas tranquillisée non plus. Pourquoi seraient-ils restés avec nous si ce n'est au cas où ça se passe mal au DDO et que la situation déborde jusqu'ici. Sinon, ils y seraient allés aussi, non ? A moins que ce ne soit pas grave au point de nécessiter la venue de tout le monde, je tente de me raisonner.

Maria a eu beau nous distraire en racontant en détail les moments les plus insolites de sa semaine passée en garde de nuit aux urgences, mon regard n'était pas le seul à dériver inévitablement vers la porte par laquelle Hunter était sortie en dernier et qui reste désespérément immobile depuis.

Faut dire que discuter des blessures par arme blanche, subies et infligées par certains de ses patients au point qu'ils n'atterrissent dans son service, ne m'a pas semblé être le sujet le plus approprié qui soit, à aborder au vu des circonstances. J'avais l'impression que mon nez se remplissait de souvenirs douloureux d'odeurs imprégnées d'excès d'hémoglobine aux conséquences fatales. A chaque description trop détaillée mon cœur se serrait, car l'image d'un Hunter blessé de la sorte se substituait systématiquement à celles décrites au cours du récit de Maria.

Avec Matt, mort dans mes bras en me laissant son sang imprégné partout dans mes fringues, à peine un an plus tôt, il faut avouer qu'il y a plus divertissant comme thème de soirée.

Même le cas d'un crétin imbibé d'alcool arrivé avec un étui à cigares coincé dans le fondement, suivie de la plus ahurissante des listes d'objets insolites découvert à des endroits parfois très improbables, surtout pour des êtres humains d'âge adulte, n'a pas réussi à me dérider complètement.

Quand sa liste est venue à s'épuiser, Jolene a beau tenté d'enrayer la machine à angoisses, qui joue avec mes nerfs dans mon esprit au point d'avoir du mal à réprimer les mouvements frénétiques de ma jambe, en embrayant sur ses projets pour sa boutique sinistrée et saisir l'occasion pour demander notre avis, puisqu'on se retrouvait pour ainsi dire qu'entre filles, mes pensées dérivaient sans cesse vers le DDO et la situation à laquelle était confrontée Hunter et dont j'ignore pour ainsi dire tout.

Rien savoir et imaginer tout et n'importer quoi, devient parfois pire que tout voir de ses propres yeux.

Heureusement, dès qu'elles ont eu fini de débarrasser ce qui pouvait l'être, Nana nous a rejointes avec ces deux amies un peu délurées.

— Ce sont d'anciennes brebis qui ont survécu à la purge imposée par Jolene, m'a murmuré Maria à l'oreille, avant que ces dames ne s'installent avec nous et se mêlent à la conversation.

New life, new love (- T1 chez les Desert Devils -)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant