~ Chapitre 11 : on a Highway to Hell ou to Jail ~
— « Highway to Hell », je chante à tue-tête quand le bruit d'une sirène et le reflet d'un gyrophare dans mon rétroviseur latéral me coupe en plein élan.
Au lieu de me doubler et de tracer sa route, le véhicule de ce représentant de la loi de l'Idaho m'incite à lever le pied. J'ignore pourquoi une sensation de peur subite accélère mon rythme cardiaque et me noue l'estomac, mais comme il n'y a pour ainsi dire pas un chat sur cette route, il ne peut vouloir interpeller que moi.
Je m'empresse de me garer sur le bas-côté tout en coupant le son du poste, d'enclencher le frein à main et de mettre les warnings. Puis d'attacher Sammy au bout de la laisse courte en cuir, que j'avais laissé fixée au siège passager pour qu'il se tienne un tant soit peu à carreau quand on traverse une ville, mais mon garde du corps me complique la tâche à vouloir se pencher vers mon côté en aboyant à tue-tête, car il a dû apercevoir comme moi, l'homme au chapeau en approche dans mon rétro.
Aurai-je dépassé la limite de vitesse autorisé ? Je m'inquiète en m'activant sur la manivelle pour ouvrir d'avantage la vitre latérale d'une main, pendant que j'attrape mon sac de l'autre.
— Bonjour, je salue en anglais d'une voix forte, celui qui se plante à une distance respectable de ma portière, pour couvrir les aboiements de mon chien.
— Madame...
— Désolée, un instant je vous prie, j'ajoute en le coupant aussitôt, tout en tentant d'afficher un sourire détendu.
— Sammy. Afff. Assis, pas bouger, je reprends en français d'une voix sèche, plus grave et sévère que celle que je viens d'employer pour saluer le shérif. Heureusement ce garnement obéit immédiatement.
— Paris ? M'interroge l'homme avec un petit sourire en coin, malgré un regard méfiant braqué sur mon molosse sagement assis maintenant, mais qui s'agite encore un peu sur le fauteuil passager, en tendant son cou et en reniflant l'air, ou l'haleine pas très fraiche de mon interlocuteur.
— Non, pas Paris, mais française en vacances dans votre belle région, oui, je confirme en exhibant mon passeport que j'avais déjà extirpé à la hâte de la pochette à compartiment multiples contenant tous les papiers utiles.
Des doigts jaunis par la nicotine me le prennent des mains. Des yeux cernés me détaillent en comparant mon visage à la photo qui date d'avant la mort de Matt et où j'avais les joues un peu moins creusées et les cheveux bien tirés en arrière et clairement mieux coiffés qu'en ce moment. J'en rougis un peu.
Apparemment c'est assez ressemblant pour lui, même si moi j'ai l'impression qu'avec une telle tronche de délinquante, on pourrait inscrire « Wanted » au-dessus et le montant d'une récompense en dessous. J'ai horreur des photos d'identités, elles nous rendent rarement justice.
L'homme d'entre deux âges, à la forte odeur de tabac froid, malgré une tenue impeccablement repassée sur laquelle est épinglé son insigne, me réclame ensuite les papiers du véhicule. Après avoir parcouru chaque document présenté, contrôlé les plaques d'immatriculation, puis d'être retourné vers son véhicule pour vérifier, je ne sais quoi auprès de je ne sais qui, pendant que je tente de maintenir Sammy au garde à vous, il finit par revenir et me demande si j'ai quelque chose à déclarer, si je transporte des produits prohibés.
Surprise, j'ai un instant d'hésitation et réfléchis à la question. Il me semble que non, car il n'y a même pas d'alcool ni du tabac parmi mes provisions, mais je me sens bizarrement mal à l'aise.
Mon estomac se révolte et mon cœur se met à battre plus vite qu'il ne le devrait, quand soudain je me rappelle que je transporte une petite cargaison de pièces détachées destinées à un club de motards. Il ne faudrait pas que ce soit considéré comme illégal. Je n'ai même songé que cela pourrait être le cas. Je réalise qu'en prime je n'ai pas pensé à demander non plus une copie de la facture ou du bon de livraison, alors qu'est ce qui prouverait mes dires. Une étiquette d'expédition sur les colis peut-être ?
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New life, new love (- T1 chez les Desert Devils -)
RomansaAprès un terrible drame, Mélodie a failli perdre goût à la vie et cessé de croire aux fins heureuses. Pourtant, en décidant au bout d'un an de partir quelques mois loin de cette vie remplie de souvenirs devenus trop douloureux, elle choisit inconsci...