~ Chapitre 7 : Café amer, Rêve américain et Chasseur viking ~ (**)

3.2K 239 104
                                    

~ Chapitre 7 : Café amer, Rêve américain et Chasseur viking ~

Un mois, plusieurs rendez-vous d'agence, de vétérinaire et de démarches administratives, bancaires et téléphoniques plus tard, me voilà à Seattle, en train de guetter l'arrivée du propriétaire d'un Combi Volkswagen avec mon fidèle compagnon qui est tout aussi nerveux et excité que moi.

Il a suffi que je croise un Louis, nullement embarrassé, à la sortie d'un petit restaurant sympa avec son bras tatoué enroulé autour de la taille d'une ravissante rouquine bien plus jeune que moi, trois jours à peine après notre nuit ensemble, pour que je finisse par admettre que j'avais vraiment besoin de changer d'air et de me décider enfin à téléphoner à Amelia.

J'étais folle de rage. Mon, définitivement devenu, mauvais coup d'un soir a bien été obligé de me saluer comme si de rien n'était car Sammy l'avait reconnu avant moi et s'était empressé de tirer sur sa laisse pour me confronter à lui. Il m'a présenté comme la généreuse donatrice du refuge et heureuse propriétaire d'un de leurs plus beau chiens à la belle rousse et elle comme son amie, mais vu la manière dont la miss m'a toisée en se cramponnant à son biceps, tout en lui donnant du mon chéri, pendant un bref, mais pas moins pénible échange de banalités, j'ai clairement vu que c'était chasse gardé. Le pire a été le moment où on a fini par se regarder en chien de faïence sans savoir quoi se dire d'autre et qu'elle a coupé court avec un « mon chéri, nos amis nous attendent » et qu'il a eu le culot de lancer par-dessus son épaule un « désolé, on est attendu, mais rappelle moi un de ses quatre pour qu'on se prenne le temps d'un bon café bien chaud» avec un clin d'œil appuyé plein de sous-entendus.

Sur le coup je n'ai pas su quoi rétorquer, tellement j'étais choquée. Les répliques mordantes n'ont pas manqué de me traverser l'esprit pendant qu'il se rejouait la scène sur le chemin du retour vers mon appart.

Quel salaud ! Certes, Louis Leberger ne m'avait rien promis et on se connait à peine, mais une chose est sûre, je n'aime pas les mecs qui bouffent à tous les râteliers.

J'aurais dû lui rétorquer que je n'étais pas fan de café, encore moins d'une proposition qui me faisait penser à un jus de chaussette réchauffé à la va vite au micro-ondes ! Mais bon, au moins le penser très fort, même après coup, m'a fait du bien.

Quoi qu'il en soit, j'en ai tiré une bonne leçon. Coucher dès le premier soir, sous prétexte qu'il est beau gosse et que notre corps est clairement en manque, sans savoir grand-chose de son partenaire, n'est pas fait pour moi. Sans compter que j'ai horreur d'avoir l'impression d'être une briseuse de couple. D'être l'autre fille. Celle qu'on méprise. Celle qu'on déteste. Celle qu'on traite de salope, même si elle n'y est pour rien car elle ignorait tout au moment des faits, alors qu'il n'y a qu'un seul salopard dans l'histoire, celui qui sait et qui s'est bien gardé de le mentionner.

Comme Eddy me bassinait pour ainsi dire tous les jours afin que je donne une deuxième chance à ce Don Juan de pacotille, j'ai fini par lui raconter ma déconvenue. Conséquence, il était furax et on s'est pris le chou. J'ai dû batailler ferme pour lui faire admettre qu'il était trop tard pour faire marche arrière et qu'il n'aille pas retirer son soutien au refuge tellement il était outré de sa duplicité. L'argument qui a fait mouche : les animaux méritent mieux qu'une réaction revancharde et que ne rien faire de ce genre me donnait l'impression d'être capable de me placer au-dessus de tout ça. J'ai commis une erreur d'appréciation certes, mais Louis n'est certainement pas assez important à mes yeux pour qu'on s'attarde d'avantage sur son cas et les pauvres animaux abandonnés, eux, méritent largement notre générosité.

En attendant, grâce à un mal entendu concernant l'horaire de mon premier RV avec Amélie, d'une demi-heure d'attente dans l'agence à feuilleter des catalogues de voyage et d'un profond désir de partir très loin d'ici pour un moment assez long afin d'oublier le côté lamentable de toute cette histoire, j'ai jeté mon dévolu sur les USA et je me suis mise à cogiter sur l'idée d'une sorte de road trip. J'ai donc fini par céder à ce drôle d'envie de toucher du bout des doigts ne serait-ce qu'une petite facette du grand rêve américain.

New life, new love (- T1 chez les Desert Devils -)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant