Chapitre 30

798 69 45
                                    

La pièce plongée dans une pénombre en continu, Changbin allumait son téléphone, avant de l'éteindre, replongeant lourdement la tête sur son oreiller.

Il soupira d'ennui, ne sachant pas vraiment quoi faire pour occuper sa journée, et remit sa couverture sur son corps, finalement décidé à continuer sa sieste.

Cela faisait plus de trois jours que Changbin était en vacances et il n'avait toujours pas posé un pied dehors depuis qu'il était rentré des cours. Son week-end avait consisté en une reposante hibernation dans sa chambre qui lui servait plus ou moins de grotte à l'heure actuelle, des paquets vides mais pleins de matières grasses éparpillés tout autour. Cette dernière était tellement sale que si un de ses amis était rentré dans celle-ci, il aurait directement pensé s'être retrouvé dans une de ces émissions télés où des pros du rangement viennent en aide à de véritables crasseux, vivant dans une saleté des plus rebutantes et repoussantes mais pourtant dans une certaine commodité propre à ces gens-là.

À vrai dire, ce n'était pas sa saleté physique qui l'importait en ce moment même, mais plutôt sa saleté mentale. En effet, tous ses amis le rejetaient, il passait pour le salaud de la pire espèce, et même s'il l'avait bien cherché, cette situation le rendait malade. À chaque fois qu'il allumait son téléphone, des dizaines de notifications se pointaient mais aucune d'entre elles ne l'intéressaient. Ce n'était pas l'un de leurs messages pour prendre de ses nouvelles, ni un de ses messages pour venir s'expliquer.

Alors, tout le reste l'ennuyait. Même Wonyoung, plutôt joviale et attentionnée envers le noiraud, commençait à l'ennuyer. Il n'avait jamais autant forcé l'amour en dix-sept années d'existence, mais il se rassurait comme il le pouvait, car il fallait bien cela pour pouvoir exister sans être, d'après lui, une erreur de la nature.

TOC TOC TOC

Le coulissement lent et désagréable de la porte en bois nacré de la chambre du lycéen se fit entendre. C'était sa mère, elle était venue avec un plateau alléchant pour la plupart des garçons de son âge, mais clairement pas pour lui à l'heure actuelle. Même le fameux riz thaïlandais préparé avec amour et minutie par sa mère ne savait raviver son énergie. Elle posa donc le plateau sur la table de nuit, puis souleva sa robe en dentelle blanche pour s'assoir au chevet de son fils, la mine inquiète.

- Binnie... il faut que tu manges. Et puis, regarde-moi l'état de ta chambre. C'est presque devenue un dépotoir à force d'accumuler tes affaires sales par terre. Ça ne te ressemble pas mon chéri...

Le prénommé Binnie se releva en position assise et fit face à sa mère. Il prit délicatement sa main et traça quelques petits cercles le long de son épiderme, murmurant, d'une voix rassurante :

- Ne t'en fais pas maman, j'avais juste besoin de repos. Il lâcha sa main puis se releva, profitant de ce moment pour s'étirer convenablement. Je vais aller faire un tour dehors, je mangerai plus tard, mais merci quand même !

- D'accord. Mais tu ranges ta chambre d'abord.

- Oh non ! J'le ferai ce soir, promis !

Devant la complainte de son fils, la mère hocha négativement la tête, prête à dégainer sa claquette au moindre signe de rébellion de sa part.

- Tu es encore mineur et tu vis sous mon toit, je peux encore t'obliger à ranger ta chambre, crois-moi !

Elle ria devant l'air apeuré du lycéen avant de venir l'enlacer, comme la mère aimante qu'elle était. Une fois proche de son jeune garçon, elle chuchota ces quelques mots qui firent s'étirer ses lippes charnues :

There isn't any Love in Hate [Changlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant