Chapitre 48

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- Attends, tu lui a dit je t'aime sans même savoir ce qu'il pensait en retour  ?

Changbin venait d'arrêter son camarade en plein récit, posant à toute vitesse cette question qui lui démangeait l'esprit. Il se demandait : « comment Felix pouvait-il être si sûr de ses sentiments envers son frère de coeur ? Et surtout, quelle mouche l'avait piquée pour pouvoir faire preuve d'un aussi grand courage ? »

Alors, toujours aussi concentré dans son histoire, celui-ci répondit :

- Oui, à l'époque je m'étais encore jamais pris de râteau, je savais pas du tout ce que ça faisait que de se faire rejeter par quelqu'un qu'on aime. Mais malheureusement... Il s'arrêta un peu et respira bruyamment, tentant comme il le pouvait de prendre son courage à deux main. J'ai très vite compris ce que ça faisait puisqu'il n'a pas du tout bien réagit, au contraire même.

Sentant les larmes lui venir, l'australien s'arrêta à nouveau et porta ses doigts au coin de ses yeux, essuyants ces-derniers devenus humides. Le noiraud prit alors sa main et caressa le dos de sa paume de manière affective.

- Mon pauvre chaton... Marmonna-t-il.

- Mais ça ne s'est pas arrêté là. Continua Felix, d'un ton un peu plus affirmé. Après avoir appris que j'aimais les garçons et par la même occasion lui, il a commencé à me haïr. Il détestait apparement les « gens comme moi » et il a donc décidé que tout le monde devait faire de même. Après que le week-end soit passé, je suis revenu au lycée et plus personne ne me calculait. Il n'y avait que Mark qui me portait de l'attention, mais elle se résumait à des insultes et des regards moqueurs. Autant te dire que c'était pas vraiment la meilleure période de ma vie...

- Et Roseanne, elle a dit quoi quand elle a appris la nouvelle ?

- Elle n'a rien dit puisqu'elle ne l'a jamais sut. Je l'ai jamais revu depuis notre dernière rencontre à la plage, elle m'a simplement envoyé un message comme quoi elle devait partir et qu'un jour on se reverrait. Je crois que ses parents lui ont fait la misère. J'espère que tout va bien pour elle aujourd'hui... À vrai dire j'ai pas essayé de la recontacter depuis alors j'en ai aucune idée en fait.

- Et ton père ! S'exclama Changbin, sur les nerfs. Pourquoi tu ne lui en a pas parlé ? Il aurait pu stoppé tout ça !

- Je sais qu'il aurait pu m'aider mais comprends-moi Binnie, c'était tellement difficile de le lui avouer ! J'étais son seul fils adoré, avec pleins d'amis et de bonnes notes, tu crois vraiment que j'allais brisé aussi facilement cette image qu'il avait de moi ? Son ton paraissait désespéré, comme s'il regrettait ses actes, sans même arriver à se l'avouer. C'est pour ça que j'ai commencé à toucher à mon bras, ça me permettait de m'défouler ! J'me sentais plus fort en partageant ma douleur mentale avec une douleur physique, mais c'était stupide, j'le reconnais...

Voyant son acolyte, toujours au bord des larmes, regretter, Changbin prit aussi fortement qu'il le put le corps tremblant de son cadet dans ses bras. Il caressa doucement sa nuque tandis que Felix se laissait aller, mouillant par la même occasion le pull du noiraud.

- J'ai tellement honte... Marmonna le roux, entre deux sanglots. J'ai été égoïste et quand mon père l'a appris, il a tout fait pour qu'on s'en aille de là-bas. Je sais que sans lui, je serais sûrement toujours cloîtré dans ma chambre, toujours aussi stupide à me tailler les veines le soir, mais je suis quand même obligé de me sentir coupable. Rends-toi compte, Olivia a dû quitter toutes ses amies à l'école sans motif valable et ma grande sœur, Rachel, est restée en Australie toute seule. Et pendant que mes parents galèrent à rembourser le prêt qu'on a fait pour avoir notre appart, moi je sers à rien. J'ai beau les aider du mieux que j'peux, j'ai toujours la sensation que c'est de ma faute si on se trouve dans cette situation-là et-

Il s'arrêta brusquement en sentant quelque chose lui serrer le bras. Changbin venait d'attraper celui intact du roux et exerçait une pression presque douloureuse dessus. Le visage serré par la colère, il s'exclama :

- Je t'interdis de dire ça Felix ! Tu te rends pas compte, mais ça montre à quel point tes parents t'aiment, et ça tu devrais en être fier. Ils sont là pour toi, c'est normal, alors arrête une seconde de te sentir coupable merde ! Et puis arrête de mentir, on a encore dû attendre une semaine ces vacances-ci pour que tu te libères. À chaque fois que t'as du temps libre, t'essayes d'aider tes parents en faisant des p'tits boulots à droite à gauche et ça, je trouve ça admirable Youngbok.

Il lâcha le bras de son vis-à-vis et recula son visage pour apercevoir celui totalement gonflé de son camarade. Il sécha alors les larmes qui avaient coulé le long de ses joues et déclara d'un sourire presque angélique :

- Je suis fier d'être à tes côtés aujourd'hui, tu m'entends ? Ma famille est comme Mark tu sais, peut-être même pire, mais ça n'empêche que je reste fier de faire tous les sacrifices que j'entreprends pour toi. Car t'es une véritable source de bonheur pour moi, tu m'aides chaque jour à me faire sentir meilleur et... Je sais bien que j'ai pas souvent fait le type bien avec toi mais aujourd'hui, je veux me rattraper. Laisse-moi te protéger comme tu veilles sur moi, laisse-moi t'aider comme toi tu le fais si bien avec moi mais surtout, laisse-moi t'aimer encore plus que toi.

Et il embrassa ses lèvres d'un baiser aussi chargé de sentiments que de larmes.

Enfin.

Il pouvait enfin le crier sur tout les toits sans en avoir peur, ni même honte. Il aimait ce garçon aux tâches de rousseurs comme des étoiles qu'il adorait par dessus tout embêter. Lee Felix était un véritable ange, mais sa peur du regard des autres l'empêchait d'être totalement lui-même. Alors, il allait se donner un défi. Il allait tout faire pour qu'il guérisse de cette peur et qu'enfin, ils puissent s'aimer sans aucune contrainte.

Il se sépara donc des douces lèvres de son camarade et, tout en plongeant son regard dans le sien, il déclara :

- Moi aussi je t'aime. Je t'aime trop pour pouvoir le nier davantage. Je t'aime depuis bien trop longtemps pour pour pouvoir te le cacher alors je te le demande ici et maintenant. Youngbok, tu veux bien sortir avec moi et devenir officiellement mon super-chaton ?

Devant le sourire béant de son vis-à-vis, Felix ne put contenir un petit rire de sortir. Il s'approcha ensuite davantage du coréen, tout en ne détachant pas une seule seconde son regard et répondit à sa question, d'un sourire en coin :

- Avec plaisir. Mon super-cochon.

- Eh ! Il tapa le torse de son amoureux de la paume de sa main et pesta. J'suis un lapin, pas un cochon, imbécile.

- Pardon, mon super-cochon-lapin.

- J'vais te tuer. Tu gâches notre moment romantique !

Et il sauta sur son nouveau et premier petit copain, les doigts prêts à chatouiller tous ses recoins sensibles et connus par le noiraud. Felix, qui suppliait son acolyte de le lâcher, avait à nouveau des larmes qui coulaient au bord des yeux. Sauf que pour la première fois de sa vie, il s'en réjouissait. Car ses petites gouttes n'étaient pas dues à de la tristesse, non, mais bien à de la joie. Car oui, il était heureux.

Heureux de pouvoir enfin aller de l'avant. Heureux d'avoir rencontré Changbin. Heureux de pouvoir enfin poursuivre sa vie avec lui et aller de l'avant.

There isn't any Love in Hate [Changlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant