Seule, ou presque

IV

- Eh ! Euh... Ah, non, elle se rappelle pas de son prénom...

   J'esquissai un sourire, amusée puis me relevai en me rapprochant de l'entrée de ma "cellule".

- Newt.

- J'ai pensé que t'aurais faim. On enferme des gens mais on les laisse pas mourir de faim.

   Je le remerciai puis attrapai le sandwich qu'il me tendait. Il s'assit contre les bambous qui servaient de porte et un silence s'installa. La nuit était tombée depuis une demi-heure, je dirais, et c'est vrai que la faim commençait à monter.

- Tu sais; commença-t-il; c'est pas vraiment contre toi qu'on fait ça... Enfin, pas directement. Ca fait un an qu'Alby est là, un an qu'on tente de se barrer et c'est comme si on tournait en rond. Les gens qui nous ont enfermé ici sont nos ennemis, bien qu'on sache pas qui ils sont et là... Toi, tu débarques en nous disant que tu te vois avec eux, qu'ils te disent que t'es géniale et tout...

- Je comprends... Je ne sais plus qui j'étais avant ce matin, ce que je faisais avec eux ni pourquoi mais, ce que je sais, c'est qu'ils sont du mauvais côté. A partir du moment où on enferme des gens comme ça, surtout des enfants, c'est qu'ils nous manque des cases !

   Il rigola légèrement et je m'assis à côté de lui, de mon côté de la cage.

- Tu t'es occupée de tes cheveux ?!

- Oh, oui... J'en avais marre qu'il finissent dans ma bouche !

   Il rigola et me tira la longue tresse que je m'avais fait quelques heures plus tôt.

- Eh ! Non, mais ça va pas ? On ne tire pas les cheveux des gens !

   Son rire s'intensifia et il se retourna pour me faire face. Je fis de même. Je réfléchis quelques secondes et mon sourire quitta mon visage.

- Tu... Tu me crois coupable ? Je veux dire... D'être une colabo de ces WICKED ?

   Il me fixa dans les yeux quelques instants.

- Je sais pas vraiment. Mais j'ai réfléchi et j'ai l'impression qu'on a tout essayé pour s'enfuir alors... Toute aide est bonne à prendre ! Bon, je vais te laisser dormir. A demain !

   Il repartit et je me retrouvai une nouvelle fois seule. Je finis mon "repas" et m'allongeai en tentant de trouver le sommeil, ce qui fut compliqué... Trop de choses se tramaient dans mon esprit...

   Après 2 heures de sommeil, grand maximum, je me réveille, le dos en compote. Il faudrait sérieusement qu'ils pensent à se soucier un peu plus du bien-être nocturne de leurs détenus. Mais je dis ça, je dis rien... Vu l'élan de compassion que j'ai reçu, je ne vais rien dire...

   Alors que je tentais de calmer mes douleurs aux cervicales, je vis une présence à l'extérieur de ma cellule.

- Alors, à ce que je vois, t'as bien dormi ? Me railla Noah.

- Très drôle...

- Allez... Notre bien aimable chef a accepté que tu sortes dès maintenant, à condition que je te garde à l'œil.

   Je sortis donc de ce petit coin que je déteste et Noah me conduisit à la table du petit déjeuner. Bien évidemment, tout le monde me dévisagea quand je suis passée devant eux. Pour ne pas changer. Seul Newt sembla m'apporter un peu plus de soutien et m'adressa un sourire discret.

- Pour le conseil, si j'étais toi, j'éviterais de m'enfoncer. Déjà qu'on est pas beaucoup à être de ton côté...

- Tu me crois, toi ?

- Oui. Je te l'ai dit: je suis le psy du Bloc. A croire que j'ai un don pour décerner qui ment ou pas. Mais on est pas nombreux à penser comme ça alors, méfie-toi.

   Je ne dis plus rien. Apparemment, j'ai tout contre moi: je suis une fille et j'ai encore de la mémoire. Pourtant, je n'ai rien voulu de tout ça.

- Eh, je te cause, la miss !

Je relève la tête et vois Newt, que je n'avais pas entendu arriver.

- Pardon, j'étais... Perdue dans mes pensées.

- Pas grave. Alors, la nuit ?

- Mon dos s'en rappellera un certain temps, je crois...

   Il rit et on reprit notre déjeuner en parlant (enfin, ils parlaient et moi, je les écoutais) de l'organisation pour la journée.

- Demain, tu viendras avec moi; me dit Newt.

- Ok... Mais pourquoi ?

- Il va falloir te trouver quelque chose à faire; m'expliqua Noah; et ça serait bien que tu commences par tester les plantations. Avec Newt.

- Ca me va.

   On discuta encore avant qu'Alby ne s'approche de notre table.

- Tu nous suis ?

- Je vous suis...

   On se leva donc et se dirigea vers la salle qu'on m'avait montré hier. J'appris sur le chemin que c'était leur "Salle des conseils". On me fit assoir et me présenta les autres chefs des métiers avant qu'Alby ne reprenne les faits... Et c'est parti...

- Bien. Hier, la Nouvelle est venue me voir pour me confier qu'elle se souvenait de quelques éléments de sa vie. Mais pas n'importe lesquels: elle se souvient en effet avoir été en contact rapproché avec les Créateurs, que ceux-ci la considéraient comme essentielle à leur projet et qu'ils lui avaient présenté le Labyrinthe. Je voudrais donc votre avis sur elle. Doit-on la voir comme une alliée de WICKED ou bien comme ne chance de sortir d'ici ?

   Personne ne parla pendant quelques instants avant que Newt ne s'avance.

- Je pense qu'il faut l'écouter. Si elle était vraiment avec les Créateurs, pourquoi est-ce qu'ils l'auraient envoyé risquer sa vie ici ? Et puis pourquoi elle nous aurait confié ça ?

   Je lui fis un sourire discret mais sincère. Ce gars est mon sauveur, je vous le dis !

- Merci, Newt. Quelqu'un d'autre ? Demanda Alby.

- Moi, je suis pas d'accord; se leva Gally; vous trouvez pas ça étrange que les seules personnes qui lui ont adressé la parole la soutienne ? Elle leur a peut-être...

- Désolée mais... Tu es aussi venu me parler, Gally. Et tu sembles pas tellement être de mon côté. Et aussi, si tu es en train de me comparer à une sorcière, ça me paraît vraiment tordu...

- Elle a raison; dit Noah; et puis, s'il faut que quelqu'un la surveille, je pourrais le faire. On a enfin peut-être un piste. Depuis un an !

- Je l'entends. Autre chose ?

   Personne. Les autres ne me connaissent pas, n'ont jamais "eu affaire à moi", comme l'aurait dit Gally. Normal qu'ils n'aient pas d'avis, je pense.

- Bon... Je pense qu'on va l'écouter. Et je pense plus judicieux que Newt la garde à l'œil, vu qu'il ne quitte pas le Bloc.

   Ce dernier hocha la tête en me lançant un regard. Sauvée ! Je suis sauvée !!

   Quelques minutes plus tard, je sortis, accompagnée de Noah et Newt.

- Bon, soulagée ?

- Bien sûr ! Par-contre, est-ce que je dois m'inquiéter de la dictature de Newt ?

   Il rigola avant de me répondre:

- Oui ! Tu es une menace potentielle, non ? Tu vas devoir faire tout ce que je te dis si tu veux que ça se passe bien.

   Comprenant son second degré, je me mis à rire aussi.

- Je te propose qu'on aille t'installer un hamac ? A moins que la pierre soit assez confortable ?

- Noah, t'es vraiment pas drôle... Je veux bien un hamac, ça ne pourra pas être pire !