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   Je suis fière ! Aujourd'hui, j'ai eu l'honneur de ramasser ma première tomate !!

   Vous vous dites très certainement que c'est ridicule mais on se réjouit comme on peut, ici, alors...

   En vrai, je crois que je commence à prendre conscience de la situation. Qu'on est pas prêts de sortir... Et je vous avoue que je déprime un peu. J'essaye d'appliquer les conseils de Newt: arrêter de tenter de trouver des réponses et éviter d'y penser mais je suis quelqu'un qui réfléchit trop ! Il y a trop de points d'interrogation pour mon pauvre cerveau !

   Puis je repense à Will. Le blocard contaminé. Combien de gens ont déjà subi ça et combien le subiront ? Pendant encore combien de temps on va rester là, à pourrir entre quatre murs, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ? Ca me tue qu'on puisse rien faire !

   J'enfonce rageusement ma pioche dans la terre, resserre ma longue tresse et jette un regard autour de moi. Il y a forcément un indice pour sortir...

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

   Je me retourne et tombe sur Zart qui m'avait rejoint, voyant que je m'étais arrêtée dans ma tache.

- Il y a un moyen de sortir, c'est obligé. C'est un labyrinthe. Et le principe même d'un labyrinthe, c'est de trouver une sortie. Puisqu'il faut la trouver, c'est qu'elle existe.

- C'est beau l'espoir. Mais il faut aussi savoir se rendre à l'évidence. J'aime pas me faire de faux espoirs. Je préfère être surpris et m'être planté si on en trouve une que l'inverse. Tu vois ?

- Oui mais c'est sûr que si tout le monde part comme ça, on est pas arrivés !

- Qu'est-ce que tu veux ? Tu vas quand même aller jouer les héroïnes dans le Labyrinthe, j'espère ?! Pour aller nous trouver une sortie qui n'existe peut-être même pas !

- Non mais ça va pas ? S'il y a bien une chose que je ne veux pas faire ici, c'est bien d'aller visiter les Griffeurs ! Ca me fait beaucoup trop peur !!

   Il me fit un sourire rassuré et me donna un petit coup amical dans l'épaule.

- Tant mieux, tu m'as fait peur ! Bon, on ferait mieux de s'y remettre si on veut pouvoir manger, ce soir !

   J'hochai la tête, regardai une dernière fois l'ouverture dans les murs du Bloc et repris ma pioche pour retourner à mon travail.

   Le soir, j'étais assise sur un rondin autour de la zone déterminée comme lieu de feu de camp, à essayer de trouver des accords sympas sur la guitare.

   Minho vint s'assoir à mes côtés, l'air épuisé.

- Et ben, on dirait que tu t'es fait courser par un Griffeur ! Ca va ?

   Il souffla, se passa les mains sur le visage avant de me répondre:

- Ca commence à me fatiguer, cette histoire de labyrinthe... Ne le répète à personne mais... Aujourd'hui, on vient de passer au peigne fin la dernière section du Labyrinthe, sans rien trouver.

- Ce qui veut dire...

- Ce qui veut dire qu'on a ratissé le Labyrinthe de fond en comble et qu'il n'y a pas de sortie !

   J'ouvris grand les yeux, effarée. Comment c'est possible ?

- Mais... Vous... Enfin, pas que je doute de toi, au contraire, mais... Vous avez peut-être oublié un truc ou...

- Ecoute. Ca fait presque 9 mois que je suis ici et presque aussi longtemps que je vais dans le Labyrinthe 5 jours sur 7. Je le connais par-cœur, on a fait pas moins de 3 maquettes et 10 cartes de chaque recoin possible et... Il y a rien. On est fichus...

   Je l'avais jamais vu aussi... Déprimé, dépité, à bout. Et ça faisait bizarre parce que c'était bien un des rares qui arrivait encore à dire qu'on allait pouvoir s'enfuir.

   Un grand silence nous prit, j'avais posé ma guitare et on fixait un point invisible, dans l'herbe.

- Et, ben ! Cachez votre joie !

   Je retournai à peine la tête, ayant déjà reconnu la voix de Newt. Celui-ci s'accroupit à mes pieds et nous regarda à tour de rôle. Minho releva lentement le regard vers notre ami et lui expliqua la même chose qu'il m'avait dite, 2 minutes plus tôt. A la fin de son récit, Newt nous rejoignit dans notre silence, semblant réfléchir.

   Le silence devenant trop lourd, je me levai et partis à la recherche de Noah. Arrivée à la salle des cartes, le "repère des coureurs", je frappai doucement puis entrouvris la porte, n'entendant pas de réponse et sachant pertinemment que je n'avais rien à faire ici.

   Noah était bien là, les mains appuyées sur les bords d'une table composée d'une maquette gigantesque du Labyrinthe. Incroyable tellement c'était bien fait ! Noah, lui, avait la tête baissée et je me demandais même s'il ne pleurait pas. Je m'approchai alors à pas de loup vers lui et, une fois derrière lui, je passai mes bras autour de son torse pour le serrer dans mes bras. M'ayant sûrement reconnu, il se retourna et me rendit mon étreinte. J'avais bien raison: il pleurait.

- Minho m'a dit... Je suis désolée...

- J'étais tellement sûr... C'est pas possible...

   La porte s'ouvrit brutalement sur Alby, Newt et Minho. Ils se stoppèrent en nous voyant et m'écartai doucement de mon ami.

- Qu'est-ce que tu fais là, Thea ? Me demanda Alby.

- C'est de ma faute; répondit Minho; je lui ai avoué que... Enfin, tu vois.

   En voyant Noah essuyer ses larmes, Alby hocha la tête et s'approcha de la table, l'air grave.

- Bon. Les temps sont durs mais je refuse qu'on le dise aux autres. Ou du moins, pas pour l'instant. On a déjà perdu assez de camarades à cause de la souffrance, imaginez ce que ça serait si on leur annonçait que la fin de notre calvaire est plus loin qu'on ne le pensait...

- Je suis d'accord; fit Newt. Mais on fait quoi, alors ? La Boîte ne nous aidera pas, on arrive pas à monter aux murs, si même le Labyrinthe ne mène à rien, c'est quoi notre prochain angle d'attaque ? Parce là... Je suis un peu à court d'idées.

   Chacun se perdit dans ses pensées. Newt avance un point sensible mais inévitable. Ils semblent avoir tout essayé...

- On dit que la nuit porte conseil; commençai-je; vous devriez aller dormir et y réfléchir à tête plus reposée demain matin.

- Moi aussi, j'ai une proposition; dit Minho. Je crois qu'un point de vue neuf pourrait nous être utile. Thea devrait rejoindre les membres du conseil.

   Euh... Je ne vois pas vraiment quelle utilité je pourrais apporter mais si ça peut lui faire plaisir...

- Vous en êtes sûrs ? Demanda Alby. Si on commence à faire entrer des gens au conseil juste pour avoir "des idées neuves", on...

- Je pense qu'elle nous est essentielle; coupa Newt en me regardant droit dans les yeux. Après tout, c'est la seule qui a encore quelques souvenirs, non ? Et puisqu'il y en a qui lui reviennent petit à petit, qui sait ce qu'elle pourra nous apprendre ?

- Newt a raison; répondit Noah, les yeux encore un peu rouges. On ne doit plus laisser une seule possibilité de s'enfuir nous échapper.

   Après quelques secondes de réflexion, Alby prit sa décision.

- D'accord. Si Thea est partante, je suis d'accord.

   Tous les regards se tournèrent alors vers moi, attendant une réaction de ma part. La pression...

- Si vous pensez que je peux être utile, je veux vous aider.

Seule, ou presqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant