𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐔𝐒 ── 𝖜𝖎𝖟𝖆𝖗𝖉𝖎𝖓𝖌 𝖜𝖔𝖗𝖑𝖉

Chapitre 31 : Dossier 69

Tremblante, Louise se tenait immobile, la main serrée sur la poignée en bois. Le métal froid de celle-ci lui gelait la main. Le silence était si absolu que la jeune fille pouvait entendre son cœur battre dans sa poitrine. Elle avait l'impression qu'il résonnait dans toute la maison. Comme s'il voulait dénoncer sa présence. Elle inspira lentement, et, délicatement, appuya sur sa main, toujours fixée à la poignée. Celle-ci se baissa dans un cliquetis. La porte n'était pas verrouillée.

Louise la poussa pour l'ouvrir, dévoilant le bureau de James. Grand, rustique et chaleureux. Une large bibliothèque sur les murs révélait le sérieux du propriétaire et son amour pour les livres. Un canapé en cuir trônait près de la fenêtre, offrant une belle position pour la vue. Le bureau en bois sur le côté était propre, rangé et bien organisé. Louise s'avança vers celui-ci. Le sol grinça lorsque celle-ci pénétra dans la pièce en posant ses pieds sur le tapis qui recouvrait le parquet. Louise grimaça. Visiblement, tout était fait exprès pour qu'elle fasse le plus de bruit.

Une fois entrée complétement dans la pièce, le souffle court et le cœur battant la chamade, elle referma doucement la porte derrière elle, la laissant contre, au cas où elle entendrait du bruit. Puis, Louise alla vers le mur, où elle parcourut de sa main la bibliothèque, laissant glisser le bout de ses doigts sur les livres. La jeune maledictus vint se place à côté du bureau, debout derrière la chaise qui permettait de s'y installer, balayant des yeux le meuble. Son regard s'arrêta sur la pile de dossiers bien pliés qui se trouvait sur le côté. Elle avança son bras, et en saisit le plus récent, placé en haut.

Elle resta quelque secondes à fixer la pochette fermée du document qu'elle serrait dans ses mains. La culpabilité commença à la ronger. C'était mal, ce qu'elle faisait. Louise n'aurait pas dû se trouver là. James ne lui avait pas interdit de se rendre dans son bureau, mais c'était une évidence. Et fouiller dans ses affaires constituait une violation de la confiance qu'il y avait entre eux. La jeune fille se sentit soudainement coupable de le trahir. Si elle ouvrait ce dossier, si elle le lisait, et si elle continuait ensuite à fouiller dans son bureau, elle ne pourrait plus revenir en arrière. Ce serait le signe qu'elle avait rompu leur confiance.

Mais Louise savait que quelque chose se passait. Que cette soi-disant confiance qu'il y avait entre eux n'était pas totale. James était terriblement distant ces derniers jours. Il était pratiquement toute la journée derrière son bureau, à travailler sur des affaires dont Louise ne pouvait pas être mise au courant. Le soir, Louise l'entendait marcher en rond dans la maison, et il lui arrivait certaines nuits de partir dehors pour revenir tôt dans la matinée sans mettre la jeune fille au courant. Elle ne le voyait que pour les repas, et peu de temps avant de dormir le soir. Bien sûr, l'auror s'excusait, répétant qu'il avait beaucoup de travail pour le ministère et qu'il aurait mille fois préféré passer du temps avec elle. Et Louise s'ennuyait terriblement, seule à attendre que le temps passe en attendant d'être totalement rétablie.

Si bien qu'elle s'était mise à se demander ce que James pouvait bien faire des heures dans son bureau. Elle l'observait, lorsqu'il s'enfermait dans cette pièce, et remarquait qu'il avait toujours l'air nerveux. Alors, elle avait commencé à avoir ce sentiment qu'il lui cachait quelque chose. Cela la hantait jour et nuit, elle essayait d'orienter le peu de discussions qu'ils avaient vers ce sujet, mais James éloignait toujours cela en parlant d'autre chose, ce qui ne faisait que renforcer le sentiment de Louise. Elle se sentait délaissée par la seule personne qui lui avait donné autant d'amour jusqu'à présent.

Alors Louise avait décidé que si James ne lui disait pas ce qu'il se passait, elle le découvrirait par elle-même. C'était comme ça qu'elle s'était retrouvée dans son bureau. L'auror avait annoncé plus tôt dans l'après midi qu'il avait une urgence au travail, qu'il reviendrait pour ce soir, et il avait quitté précipitamment la maison, disparaissant sous la pluie, laissant Louise toute seule. La jeune fille avait d'abord était si déconcertée face à ce brusque départ qu'elle était restée ahurie au milieu du salon pendant dix minutes. Elle avait ensuite fini par être si triste et affectée de rester seule dans la maison à fixer les fenêtres mouillées de pluie qu'elle avait choisi d'aller voir par elle-même ce qui se cachait dans son bureau.