Chapitre 9 : Un nom familier

716 54 116
                                        

Louise entra dans la pièce d'un pas lent. Ses idées s'emmêlaient dans son cerveau. Depuis ce matin elle agissait sans réfléchir, directement, chose qu'elle n'aurait jamais faite auparavant. Elle ne savait plus quoi penser. Depuis le début de la journée, elle avait l'impression de ne plus être elle-même. Elle avait rencontré tellement de gens, tellement de caractères, tellement de lieux...

En treize ans d'existence, c'était sûrement la journée la plus remplie qu'elle ait vécue. Et pourtant, ses journées au cirque l'étaient également. Tissu de barbaries cousu de mensonges certes, mais bien remplies. Aujourd'hui était une nouvelle ère, et pourtant elle ne savait pas où la placer. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Poudlard semblait parfait, mais ce n'était encore que le premier jour. Elle s'était fait des amis, mais très brièvement.

Louise avait même du mal à croire que tout cela était réel. Après tout, peut-être allait-elle se réveiller dans le petit hôtel aux murs gris de James ? Ou pire, peut-être se réveillerait-elle dans sa cage au cirque ?! Non, si c'était un rêve, elle se réveillerait auprès de James, c'était certain. Mais si c'était la réalité, alors il vaudrait mieux d'en profiter, avant de ne plus pouvoir le moment venu.

Elle tentait de se remettre les idées en place, tandis qu'elle entrait dans le bureau du professeur. Celle-ci avançait d'un pas ferme devant elle, et vint s'assoir à un bureau. Elle invita Louise à se mettre en face d'elle, et Lupin resta plus au fond, appuyé contre une armoire à observer les deux femmes, un verre d'eau à la main.

— Bien, commença t-elle en croisant les bras, Miss Wilcox, le professeur Dumbledore vous fait savoir qu'il vous attend comme convenu au plus tôt dans son bureau. Il tient à vous dire des choses vous concernant personnellement. Quant à moi, je dois vous faire savoir quelques petites choses à propos de votre intégration tardive dans cette école. Pour commencer, vous aurez des cours supplémentaires afin de rattraper votre retard. Vous verrez cela avec les professeurs des matières concernées. Ensuite, je vais vous répartir dans une maison ici, comme vous l'a -sûrement- expliqué le professeur Lupin en venant vous chercher.

Louise ne dit rien et fixa la sorcière de ses yeux pétillants. Que devait-elle faire exactement ? Allait-elle devoir passer un test ? Si oui, de quel sorte ? Devra-t-elle réciter des sortilèges ? Ou répondre à un nombre incalculable de questions ? La peur commença à gagner la jeune fille. Elle ne voulait en aucun cas parler d'elle. Elle ne voulait en aucun cas dire ce qu'elle était réellement. Le problème n'était pas qu'ils le sachent ou pas, elle se moquait qu'ils soient déjà au courant, le problème était de le dire de sa propre bouche.

Ses muscles se détendirent en voyant le professeur sortir un étrange chapeau d'un placard. Qu'elle était sotte ! James lui avait expliquer mainte et mainte fois le Choixpeau et les Maisons ! Sur le coup du stress, elle n'avait pas pensé à cela ! Encore son cerveau qui délirait, il fallait vraiment qu'elle se repose.

Mcgonagall la fit s'assoir un un haut tabouret, au centre de la pièce, et lui posa le vieux chapeau marron rapiécé de toutes parts sur sa tête. Il s'enfouit jusqu'aux sourcils de la jeune sorcière, trop grand pour sa minuscule tête. Le chapeau se mit à parler d'une voix forte, ce qui la fit sursauter. Le dos courbé, elle tenta de se faire toute petite, alors que les deux adultes la fixaient.

— Ah ! s'exclama-t-il. Wilcox... Je ne crois pas que cela soit ton vrai nom, chuchota t-il pour Louise seule. Oui, en effet... Je vois... Courageuse, mais pas assez sûre d'elle, n'est-ce pas ? Tu es loin d'être une simple sorcière... Mais ta peur te freine... Ton caractère... Oui, je vois... Ce que je pourrais faire.. Je sais... Ce sera... POUFSOUFFLE !

Le professeur s'approcha et retira le chapeau de la tête de Louise. La jeune fille n'eut aucune réaction. Poufsouffle... James lui en avait brièvement parlé. Très brièvement. Il lui avait plutôt vanté les autres maisons, comme Gryffondor, celle où il était étant jeune, ou encore Serdaigle. Il trouvait que cette dernière lui correspondait bien. De plus, il disait que tous les grands sorciers étaient à Gryffondor. Elle n'était donc pas plus particulière que les autres. James avait insisté sur le fait qu'il n'éprouvait aucune discrimination envers les maisons, si elle était à Serpentard, cela lui était bien égal, au moins elle serait bien orientée pour l'avenir, avait-il ajouté. Mais elle avait beau fouiller sa mémoire, il n'avait rien dit à propos de Poufsouffle, mis à part que c'était une des quatre maisons. Devait-elle mal le prendre ?

— Voilà qui est fait, conclut Mcgonagall. Vous pouvez aller directement dans le dortoir de Poufsouffle ou tenter le repas à la grande salle. Faites comme bon vous semble, Louise.

Le bruit d'un verre venant de se casser retentit dans toute la pièce. Minerva et Louise se retournèrent en même temps vers Lupin, la même expression de surprise sur le visage. Les pieds du sorcier étaient entourés de morceaux brisés de la matière translucide. Le professeur venait de faire tomber son verre.

L'homme était figé sur place, la stupeur ancrée sur ses traits. Il demeurait totalement immobile, mise à part ses lèvres qui s'entrouvraient et se refermaient, articulant distinctement le prénom de la petite sorcière, sans laisser sortir aucun son. La prénommée le dévisagea. Pourquoi l'évocation de son nom lui faisait-il cet effet là ? Il semblait dans tous ses états. Il était plus pâle que la neige, tout son sang semblait s'être vidé.

Mcgonagall fronça les sourcils et Louise congédia afin qu'elle puisse parler seule avec le sorcier. Cette dernière ne bougea pas. Non, c'était son nom qui l'avait mis dans cet état, alors elle devait bien savoir pourquoi ! Que se passait-il ? Que lui cachait-on ? Le professeur Mcgonagall semblait aussi ignorante qu'elle sur la question.

L'homme porta ses mains tremblantes à son visage, cherchant s'il ne rêvait pas. Même de la place des deux femmes, on voyait clairement ses membres trembler. Pourquoi ? Louise se répétait cent fois cette question en boucle dans sa tête. Mais elle ne voulait pas le demander. Elle ne voulait pas parler. Elle ne le ferait que s'il l'était obligatoirement nécessaire, elle se l'était promis. Petite manie personnelle.

Énervée de cette effronterie, la directrice de Gryffondor envoya Louise à la porte et la referma d'un coup sec. La maledictus n'eut pas le temps de protester qu'elle reçut une porte en pleine figure. Elle recula de justesse, sans quoi elle y aura laissé son nez !

Elle se retourna face au couloir. La peur commença à monter. La vérité était là, et elle ne pouvait la nier; elle était seule. Que devait-elle faire ? Mcgonagall lui avait laissé deux solutions; retourner à la grande salle, en compagnie du monde et du bruit, ou aller au dortoir, dans la solitude et le silence. Fidèle à elle-même, elle pencha plutôt pour la deuxième solution. Se mélanger aux élèves dès maintenant serait du pur suicide psychologique. Et puis, elle obéit à son cœur qui battait la chamade à tout rompre et dont elle avait l'impression qu'il allait s'arracher de sa poitrine.

Apeurée, elle partit s'aventurer dans les couloirs. Elle marchait de son pas souple habituel, ne laissant transparaître aucun son malgré la résonance des lieux. Il fallait bien se l'avouer; elle se sentait affreusement seule. La présence du professeur tout à l'heure l'avait rassurée. Mais maintenant, elle n'était plus qu'avec le silence, et les personnages effrayants des tableaux la fixant. Ce n'est que trop tard qu'elle réalisa qu'elle ignorait totalement où se trouvait son dortoir.

𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐔𝐒 ── 𝖜𝖎𝖟𝖆𝖗𝖉𝖎𝖓𝖌 𝖜𝖔𝖗𝖑𝖉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant