Chapitre 32 : Je te promets

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Louise déglutit. Elle sentit l'eau descendre lentement au travers de sa trachée, laissant une longue traînée froide dans son corps. Son ventre se serra de la même manière que lorsqu'elle avait découvert le dossier. Cette question de James n'était pas anodine. Il savait bien quelque chose.

Mais Louise avait trop pleuré pour vouloir parler. Trop vidé son énergie. Elle n'avait pas envie d'une discussion avec lui, encore moins de l'entendre dire que tout ça était vrai. Car même si elle avait vu la preuve formelle qu'elle n'était rien de plus qu'une enquête à ses yeux, la petite fille qui était en elle se raccrochait naïvement au dernier espoir que tout ceci ne soit qu'une erreur. Mais cette petite fille qui avait aussi grandi trop vite savait bien que c'était une illusion qu'elle se faisait.

— Non, mentit-elle d'une petite voix qui se voulait elle aussi solennelle.

James soupira, et ramena ses mains devant lui.

— Vraiment ? insista-t-il.

— Vraiment, répondit Louise qui fixait la nappe.

Un moment de silence régna, plongeant la cuisine dans une ambiance froide et gelée.

— Regardez-moi.

Louise ne fit rien. Elle pouvait être très forte pour ignorer les gens.

— Louise, répéta-t-il d'une voix calme et posée.

Sans remonter la tête, elle releva les yeux vers lui. Ils étaient embués. De larmes prêtes à couler à nouveau. Mais, elle pensa que James ne le verrait pas. De la même façon que les gens n'avaient jamais pris le temps de voir ce qu'elle était vraiment.

— Pourquoi est-ce que vous me mentez ? soupira James en se massant le front du bout de ses mains.

Louise serra les lèvres. Elle avait envie de dire que c'était évident.

Mais elle ne le fit pas. Comme à son habitude, elle ne dit rien, et se contenta de parler le moins qu'elle le put.

— Je ne mens pas.

— Je suis allé dans mon bureau tout à l'heure, reprit-il cette fois avec un léger ton d'agacement. La porte n'était pas fermée. Et, quand on fouille dans les affaires de quelqu'un, on fait attention à bien remettre ce qu'on a pris à la bonne place.

Les joues de Louise prirent une teinte aussi rosée qu'une fraise d'été. James était au courant qu'elle avait lu le dossier sur elle. Et l'auror était intelligent, il savait sûrement déjà que Louise connaissait maintenant cette enquête. Peut-être même se doutait-il déjà de ce qu'elle pensait. Alors, elle n'avait plus rien à perdre.

— Vou-vous m'avez caché la vérité, murmura-t-elle.

Elle se leva subitement de sa chaise, et resta debout face à lui, soutenant son regard. James vit que les yeux de la petite étaient remplis de tristesse. Et cette vision l'atteignit en plein dans le cœur.

— Rasseyez-vous, demanda-t-il en espérant pouvoir discuter.

— Non, souffla-t-elle.

Elle partit en courant de la cuisine sans même avoir fini de manger. La jeune fille fila de la pièce comme une ombre, avant que James ait pu comprendre ce qu'il se passait, montant quatre à quatre les escaliers pour aller à l'étage. Elle entendit les pas de James qui la suivaient, lui criant d'attendre et de l'écouter.

Arrivée dans la pièce qu'elle avait jusque-là considérée comme pouvant être sa future chambre -ce que maintenant elle n'arrivait même plus à imaginer-, elle ferma la porte dans un claquement, qui fut aussitôt rouverte à la volée une fraction de secondes plus tard à peine par James.

𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐔𝐒 ── 𝖜𝖎𝖟𝖆𝖗𝖉𝖎𝖓𝖌 𝖜𝖔𝖗𝖑𝖉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant