Après avoir timidement raconté à Cédric pourquoi elle l'évitait depuis quelques temps, Louise releva la tête vers le ciel, fixant les nuages, attendant la réaction du garçon. L'air était dégagé, et les seuls détails qui le remplissaient étaient de fines lignes de nuages vaporeux. On aurait dit que quelqu'un était arrivé, là, et qu'il avait soigneusement tracé et peigné du coton dans le bleu azur. Louise songea que ça devait être un belle chose, de pouvoir peindre les nuages. Enfin, elle savait bien qu'elle délirait, mais c'était de jolies rêvasseries, que l'ambiance sereine du château lui permettait d'imaginer sans avoir peur.
La petite sorcière sursauta quand Cédric éclata de rire, en réponse à l'explication de son éloignement.
— Attends, souffla Cédric en deux rires, tu es en train de me dire que tu ne me parlais plus à cause de ces "harpies" -comme tu dis- qui me suivent partout ?
Louise fit la moue et le regarda d'un air innocent. Bon d'accord, elle était peut-être un peu capricieuse, ou jalouse, certes. Mais Cédric avait été la première personne de l'école à avoir été si gentille avec elle, et à s'en occuper sans poser de questions. En plus, les harpies étaient prétentieuses, et orgueilleuses envers quiconque s'approchait trop du jeune homme. Donc Louise avait subi pas mal de regards en coin de celles-ci, et de chuchotement.
— Je n'aime pas les regards qu'elles me portent, avoua-t-elle en triturant entre ses doigts une pâquerette.
Cédric observa la petite. Elle était différente des autres. La manière qu'elle avait de s'exprimer, ou sa façon d'agir dans ses gestes la distinguait des filles habituelles qu'il rencontrait. S'il avait été comme tout le monde, il l'aurait sûrement trouvé bizarre, ou étrange. Mais Cédric n'était justement pas comme tout le monde. Et il aimait beaucoup cette particularité chez Louise. Elle semblait perdue, seule, et si souvent plongée dans ses pensées. C'était dans la nature du jeune Poufsouffle de vouloir l'aider, ou du moins la rassurer. Car en plus, elle semblait tout le temps stressée et sur la défensive, regardant parfois derrière elle comme si elle craignait l'arrivée de quelque chose ou de quelqu'un.
— Je ne vais pas t'abandonner, tu sais, affirma Cédric en reposant une main sur son épaule.
Louise acquiesça en remuant lentement la tête. Elle faisait tourner dans sa main la fleur qu'elle avait cueillie, s'amusant avec les petits détails. La maledictus remarqua une petite bête, qui grimpait avec difficulté le long de la tige par laquelle elle tenait la plante. Arrivé aux pétales, l'insecte fit une pause, essoufflé de son effort si intense. Le pauvre, il avait bien failli y rester ! Quelle idée de faire tourner une fleur aussi vite ! Il était tranquillement là, et n'avait rien demandé à personne !
Louise sourit intérieurement en imaginant tout ça.
— Merci, lui dit-elle finalement, un peu gênée. De m'avoir écoutée.
— C'est normal, répondit-il en souriant, content de voir apparaitre sur les lèvres de Louise un léger sourire.
La cloche sonna, et Louise releva la tête, reposant doucement la fleur et son occupant dans l'herbe. Le jeune homme se leva le premier, et lui tendit son bras. Hésitante, Louise ne fit rien pendant quelques secondes, puis attrapa finalement sa main. Cédric sentit les éraflures et coupures sur celle-ci mais ne dit rien. Il la remit debout d'un même mouvement, et ce geste rappela à Louise leur première rencontre. Ce souvenir la fit rougir, car elle avait été -d'après elle- bien ridicule à ce moment-là.
Sans rien ajouter de plus, ils se dirigèrent tout deux vers la grande salle, où le repas était déjà servi et la plupart des élèves installés. Cédric se dirigea d'un pas assuré vers la table des Poufsouffles, tandis que Louise marqua un temps d'arrêt arrivée au milieu. Devait-elle s'asseoir avec lui ? Certes il avait dit qu'il ne la laisserait pas tomber, mais elle n'était pas sûre de pouvoir le considérer comme son ami. Elle trouvait qu'elle n'en valait pas la peine.
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𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐔𝐒 ── 𝖜𝖎𝖟𝖆𝖗𝖉𝖎𝖓𝖌 𝖜𝖔𝖗𝖑𝖉
Fanfiction❝ 𝐉𝐄 𝐍𝐄 𝐒𝐔𝐈𝐒 𝐐𝐔'𝐔𝐍 𝐌𝐎𝐍𝐒𝐓𝐑𝐄 ❞ ─ 𝐥𝐨𝐮𝐢𝐬𝐞. Louise a toujours détesté ce qu'elle était. Depuis sa tendre enfance, la jeune fille est maltraitée pour sa malédiction de sang qui l'oblige à se transformer en animal involontairement...