Chapitre 12 : Le directeur

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Déséquilibrée, Louise se cogna de plein fouet contre le mur derrière elle. Son dos se claqua contre la pierre et sa tête en fut presque démembrée. Son sang tambourinait si fort dans ses oreilles qu'elle en avait mal. Le bruit de plus en plus violent l'assourdissait. Le stress faisait trembler ses frêles membres et sa peau était couverte de chair de poule. Il fallait qu'elle quitte la pièce immédiatement.

Elle tenta de se calmer mais vit que c'était en vain. Prenant alors son courage, elle quitta l'appui du mur de pierres et tenta de retrouver les escaliers par où elle était arrivée. A peine quelques pas et elle tomba au sol à quatre pattes, n'arrivant pas à rester debout. Sa tête lourde imaginait des points noirs dansant devant sa vision qui lui faisaient perdre la tête. La jeune fille avait l'habitude d'être anxieuse, mais là c'était beaucoup plus de la terreur. Le temps pressait, elle devait partir.

Elle tâtonnait le sol, les tapis, priant pour que la trappe s'ouvre comme magie. Pourtant elle l'avait trouvée, cette petite porte au sol, fermée par une poignée de fer. Les larmes lui venaient tandis qu'elle tambourinait à coups de poings dessus,  tirait sur le manche, donnait autant de coups de pied qu'elle le put, mais la porte resta close.

Elle se releva péniblement, bancale au milieu de la pièce cylindrique qui semblait tournoyer autour d'elle. Elle réussit à calmer son souffle mais pas son cœur. Elle avait beaucoup trop peur. Dumbledore était au courant de ce qu'elle était, mais ça elle le savait bien avant de venir. Le problème était le modullus. Il avait fait des tests dessus, et cela la blessait sans savoir pourquoi. On la traitait comme ses semblables, comme une simple créature a qui on fait toutes sortes de tests pour pouvoir en savoir plus et la contrôler.

Le fait de voir une maledictus loup à échelle réduite sur la table l'avait aussi dérangée. Elle n'aimait pas entendre le son du mot maledictus, ni même le penser, alors en voir une lui faisait un choc. Surtout lorsque c'était sa propre malédiction. Chaque maledictus est unique. Il n'en existe pas deux pareils. Aucune autre qu'elle ne pouvait être un loup. Pas tant qu'elle était en vie en tout cas. C'était comme ça. Une loi de l'univers étrange et mystérieuse. Mais sa malédiction de sang n'en n'est-elle pas aussi aussi une ?

— Alors comme ça, tu as réussi à entrer seule.

Louise se retourna comme un éclair. Les yeux bleus pénétrants d'un vieil homme l'observaient. Il était de taille moyenne et avait une longue barbe blanche emmêlée descendant jusqu'à la taille, ainsi que des cheveux assortis. L'homme était vêtu d'une longue robe de sorcier gris taupe, ainsi qu'un chapeau rebondi de la même couleur, qui le rendait plus enfantin. Ses lèvres dessinaient un sourire chaleureux et sage.

— Vous êtes.... Dumbledore ? demanda t-elle le souffle court.

— Ah, je vois que tu es tombée sur mon modullus, continua t-il sans se préoccuper de se qu'elle disait, tu n'es pas seulement maligne, tu es aussi curieuse. La curiosité peut amener beaucoup de choses tu sais, parfois mauvaises.

Louise ne savait pas comment interpréter ce que Dumbledore racontait. Elle venait de commettre une faute en entrant sans autorisation dans le bureau du directeur de Poudlard, mais le sourire doux de celui-ci semblait ne pas voir cela comme une faute. De même pour ses paroles. Il semblait plutôt prendre ceci comme une plaisanterie.

— Monsieur, je... Vous avez demandé à me voir au plus tôt...

— Oui, murmura-t-il en s'approchant de son bureau, c'est vrai. Quelques petites... Contraintes vont accompagner ton année scolaire.

— Des contraintes ?

— Ou plutôt, des conditions. Tu n'es pas sans savoir que la situation dans laquelle tu te trouves est quelque peu... Rare. Aussi, les élèves n'ont pas l'habitude de voir une jeune fille se changer en loup sans prévenir.

Honteuse et gênée, Louise baissa la tête. Ce que disait Dumbledore n'était pas complètement vrai. Elle était capable de contrôler ses transformations. Pas toutes, mais la plupart. Et elle n'avait aucune envie de se transformer à Poudlard. C'était une chose douloureuse. Sa peau semblait se déchirer, ses os semblaient s'étirer atrocement et son cerveau se transformer en un autre. A chaque fois des picotements lui parcouraient toutes les fibres de son corps, et elle ne se réveillait pas le lendemain sans avoir une égratignure ou plus.

— Mais je sais les contrôler, coupa-t-elle en relevant la tête.

— Même lors d'une pleine lune ? demanda t-il un sourire pendu aux lèvres.

Louise baissa la tête, coupée court. Non, pendant une pleine lune elle ne pouvait pas contrôler ses transformations. Elle se transformait sans le vouloir, et elle ne gardait aucun souvenir des moments passés en animal, contrairement aux transformations où il n'y avait pas de lune. Elle était en quelque sorte un mélange entre un animagus et un loup-garou.

— Tu es consciente, Louise, qu'au fur et à mesure du temps tu ne pourras même plus contrôler celles non lunaires ? dit-il en s'asseyant sur son bureau.

Oui, elle le savait. Au fil du temps, sa situation allait empirer. Elle commencerait à ne plus pouvoir contrôler les aléas de ces transformations, même celles en plein jour. Ensuite reprendre forme humaine lui serait plus dur, plus douloureux, alors qu'avant elle le faisait même sans s'en rendre compte. Et pour finir, un jour, sans prévenir elle serait éternellement coincée dans sa forme maudite, sans jamais pouvoir un jour redevenir humaine.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle détestait parler de ce qu'elle était. Elle détestait évoquer le futur, son destin. Elle se détestait tout simplement. Un sentiment de malaise l'envahissait peu à peu, au fur et à mesure que le long silence entre elle et le professeur s'allongeait. Il ne parlait plus, voulant sûrement la laisser réfléchir.

Grave erreur. Elle se noyait dans ses pensées, plus sombres les unes que les autres. C'était comme ci un des gardiens d'Azkaban était entré dans le bureau, et lui avait aspiré tout son bonheur. Aucun beau souvenir heureux ne lui revenait en tête. Elle étouffait, ensevelie sous d'horribles visions.

— Pour en revenir aux contraintes, j'aimerais d'abord que tu me parles de toi Louise. De ce que tu es exactement.

Louise n'en avait pas envie. Tout d'abord, Dumbledore devait parfaitement savoir ce qu'elle était, il n'était pas idiot. Ensuite, elle n'avait aucune envie de parler, encore sa petite habitude. Et puis, raconter ce qu'elle était à quelqu'un, raconter sa vie, ce qu'elle avait commis, jamais elle n'aurait assez de courage pour le faire. Même à James.

Et pourtant, à sa plus grande surprise, elle répondit sans réfléchir :

— C'est d'accord.

𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐔𝐒 ── 𝖜𝖎𝖟𝖆𝖗𝖉𝖎𝖓𝖌 𝖜𝖔𝖗𝖑𝖉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant