Chapitre 13 : Espoirs illusoires

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// INFO : La moitié de ce chapitre est un monologue de Louise. Je n'ai pas ajouté des tirets à chaque fois, mais j'ai préféré espacer. Je précise pour éviter les incompréhensions ;) //

*

— J'ai toujours pensé que si je résistais à l'animal qui était en moi, commença Louise d'une voix mélancolique, si je le repoussais, il finirait par me quitter. Au cirque où je vivais, j'étais enfermée tellement de temps dans les cages que je réfléchissais pendant des heures à ce que j'étais. Je ne connaissais pas très bien le terme de maledictus, et ne savais encore rien de ce que je pouvais faire. Aussi, je me disais que si je me donnais assez de force pour combattre mes transformations, je finirais par devenir une enfant normale.

Pendant longtemps, j'y ai cru. Et puis, j'ai réalisé que les soirs de pleine lune, je ne pouvais pas me contrôler. C'était comme si je n'étais plus moi-même. Je ne contrôlais plus mon corps, plus mes gestes, et j'étais incapable de penser à la moindre chose. Généralement, j'oubliais tout ce qui se passait après avoir croisé le rayon aveuglant de la lune. Tout ça est encore vrai aujourd'hui pour mes transformations lunaires.

Alors, j'ai commencé à croire que j'étais peut-être un loup-garou. A chaque mois, pendant la pleine lune, je me transformais en loup involontairement. Après tout, le directeur du cirque m'avait dit que j'étais une maledictus, mais rien ne me prouvait sa franchise, surtout venant d'un homme comme lui.

Mais peu à peu, je commençais à pouvoir contrôler des transformations en plein jour, ou pendant des soirs où la lune était normale. Si je souffrais de lycanthropie, je n'aurais pas eu cette faculté. J'ai donc tiré un trait sur le fait d'être un loup-garou, également sur l'idée de pouvoir un jour être normale.

La lune, était pour moi un monstre, un être capable de me changer en quelque chose que je n'étais pas. Pour les humains, ce n'est qu'un simple astre qui reflète dans le ciel, la nuit. Mais pour moi, c'est plus profond, elle cache quelque chose. Comment une simple boule de roche pourrait-elle agir sur une malédiction ?

Au fil du temps, j'ai fini par oublier de résister. Je n'avais plus la force, ou plutôt plus l'espoir. J'ai rempli un carnet, sur lequel je tentais de définir ce que j'étais. J'étais mon propre cobaye, ma propre créature sur laquelle je faisais des expériences. J'ai fini par comprendre que je me transformais parfois malgré moi, parfois avec ma propre volonté, et au fil du temps, de la douleur et de la difficulté s'ajoutaient entre les transitions d'animal à humain.

Un jour, un conteur est arrivé sur la place de foire, non loin de notre campement. Il racontait l'histoire de son serpent, qui sifflait une belle mélodie lorsqu'on jouait de la flûte. Celui-ci disait qu'autrefois, la créature était une belle et séduisante jeune femme. Malheureusement, une terrible malédiction pesait sur sa famille depuis la nuit des temps. De mère en fille, leur sang était maudit, et elles étaient condamnées à jamais à se métamorphoser en un animal, sans le vouloir.

Il avait clairement énoncé le terme de maledictus, qui signifiait une malédiction de sang. Il avait ajouté qu'un jour, vers la fin de leur vie, les maledictus ne pouvaient plus reprendre forme humaine, et resteraient à jamais prisonnières de leur enveloppe maudite.

J'ai tenté de revoir le conteur, de lui poser mes questions, mais il avait disparu juste après avoir terminé son récit. Dès que sa voix s'était éteinte, la foule s'était agitée sauvagement et les sorciers m'avait barrée la vue, de leurs tailles imposantes qui devaient bien être deux fois plus grandes que moi. Quand le monde s'était dissipé, il était déjà trop tard. L'homme était parti.

J'ai alors pris en note son histoire sur mon carnet. Tout au fond de moi, j'espérais qu'il se trompait, que je ne finirais pas comme cela, que ce n'était pas mon histoire. J'ai eu beau pleurer, imaginer toutes les idées les plus improbables dans ma tête, je savais que cette histoire était mienne. J'avais appris ce que me réservait mon destin. Mes analyses correspondaient : au fil du temps, tout devenait plus dur et douloureux.

𝐌𝐀𝐋𝐄𝐃𝐈𝐂𝐓𝐔𝐒 ── 𝖜𝖎𝖟𝖆𝖗𝖉𝖎𝖓𝖌 𝖜𝖔𝖗𝖑𝖉Où les histoires vivent. Découvrez maintenant