Le chant des Tourtereaux

Chapitre 48

Quand je reprends connaissance, je crois entendre quelque chose. Un bruit. Non, une... mélodie. Oui, c'est de la musique. Alors, je me rappelle des évènements qui se sont produits avant que je m'évanouisse et je suis pétrifiée : est-ce que mon père m'a enfermée quelque part ? Je...

Mais avant que je puisse paniquer davantage, je sens une main glisser sur mon poignet et je souffle. Je reconnais cette main et ce n'est pas celle de Patrick. Alors, j'essaie d'ouvrir les yeux. Tout est flou, mais... j'y arrive.

- Lana del Rey, me dit Tom en souriant. J'ai pensé que ça te tirerait peut-être de ton sommeil d'une manière... un peu plus agréable.

Tom a l'air... contrarié. Quand j'essaie de le lui faire remarquer et que j'ouvre la bouche pour parler, je réalise que... j'en suis incapable. Oh non, qu'est-ce qui m'arrive ? J'essaie de bouger et de me sortir de là, mais je n'arrive qu'à me faire mal et je m'arrête, grimaçante.

- Ça va aller Amy, reprend Tom d'une voix tremblotante. Tout va bien, c'est terminé.

Je regarde Tom avec de grands yeux. Je veux qu'il m'explique ce qui s'est passé ! Je veux comprendre ! Il finit par réaliser ce que je veux, et repose ses mains sur moi pour me calmer.

- Tu es à l'hôpital. Le... le lieutenant Peters a dû se battre contre un homme que Patrick avait emmené avec lui, et il est arrivé... plus tard que prévu. Mais maintenant, tu dois rester calme, d'accord ? Ils ont eu ton père, ils l'ont eu. C'est terminé. À l'heure qu'il est, il est déjà enfermé à l'autre bout du pays. Tu n'as plus rien à craindre, c'est vraiment fini.

En entendant cela, je lâche un soupir de soulagement. Alors ma mère et mon frère ne sont plus en danger. C'est bien, tant mieux.

Mais... à quel prix ?

- Tu veux... tu veux savoir ce que tu as ? Exactement ? Si tu veux le savoir, je peux te le dire. Mais sinon, tu...

Bien sûr que je veux savoir ! Je hoche la tête aussi vivement que possible, et Tom soupire avant de regarder vers le sol, de se pincer les lèvres et d'avoir enfin le courage de me regarder dans les yeux.

- Tu as deux côtes cassées, et une grosse fracture à la jambe droite. Ils ont dû l'opérer, mais... après un peu de kinésithérapie, tu pourras à nouveau faire tout ce que tu faisais avant. C'est une certitude, les médecins l'ont dit : c'est bénin. Ça va guérir.

Ça n'a pas l'air bénin, des côtes cassées et des os fracturés. Mais ce n'est pas le plus important. Alors, j'amène doucement et douloureusement la main près de ma gorge, et tapote doucement. Je grimace : ça fait mal.

- Ils ont dû t'intuber à ton arrivée à l'hôpital, et la sonde d'intubation a... inflamé ta gorge. Mais ça aussi, c'est temporaire. Ils disent que ça ne va pas impacter ta voix sur le long terme, alors ne t'en fais pas. Dans quelques semaines, tu pourras à nouveau chanter et danser, comme avant. Ce n'est que temporaire, d'accord ? Et je suis là.

Je hoche doucement la tête, pourtant je n'essaie même pas de sourire. À vrai dire, je ne regarde même plus Tom dans les yeux.

Patrick m'a fait ça. Il a... gâché ma vie une deuxième fois. "Dans quelques semaines", hein ? Je devais avoir une représentation dans trois jours, et une autre le jour suivant. Je devais... Tout ça venait à peine de commencer. Et maintenant c'est terminé. J'ai tout perdu, à cause de Patrick. Encore. Alors que j'avais mis des années à me reconstruire.

- Ça ne durera pas, Amy. Je t'en prie, ne sois pas triste. Tu... c'était horrible, mais c'est terminé.

Tom prend ma main et je tourne encore un peu le regard. Je n'ai pas le courage de le regarder pour le moment. J'ai mal, j'ai mal partout et je suis fatiguée. Alors après un soupir, Tom porte ma main à ses lèvres avant de la reposer et de se lever de son tabouret.

- Je vais aller chercher ta famille, ils t'attendent au bout du couloir. Je...

Tom me regarde, et je me retiens de pleurer. Alors, il se pince à nouveau les lèvres.

- À plus tard, Amy.