Chapitre 33

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Le lendemain de l'interview de Tom, tout dégringole pour moi. Ma photo fait la une des tabloïds, avec toujours des titres très accrocheurs. "Amy Patterson, la nouvelle victime de Loki, Dieu de la Malice", "La jeune anglaise est-elle une Ali Rose, ou une Fanny Brice ?", ou encore "La relation secrète de Tom Hiddleston avec une jeune chanteuse de bar dévoilée en direct : les auditions de Burlesque trafiquées ?"

J'aurais dû arriver au Winter Garden il y a plus d'une heure. Je trouve étonnant que personne ne soit encore venu me tirer par la peau des fesses. Mais après tout, ce n'est pas plus mal : je n'ai aucune envie de sortir de mon lit. Je me suis fait descendre sur la place publique avant même d'avoir pu montrer de quoi j'étais capable, avant d'avoir eu une chance de prouver que je méritais ma place. Alors à quoi bon ? Personne ne viendra voir la pièce où le rôle principal a été donné par piston. Car c'est ce qui s'est passé d'après eux. Peut-être même que c'est vrai. Après tout, sans Tom je n'aurais jamais eu d'audition. Si ça se trouve, le trio m'a choisi parce que Tom le leur a demandé.

Ma mère appelle, encore. Je m'en veux un peu de ne pas lui répondre mais honnêtement, je n'en ai vraiment pas envie. Je la vois déjà venir, à me passer un savon monumental jusqu'à réussir à me faire sortir d'ici. Mais ce n'est pas ce que je veux, pas maintenant. Maintenant, je veux me morfondre encore un peu.

Tom a voulu me convaincre de prendre sa journée pour m'accompagner au théâtre, mais je lui ai dit que c'était ridicule. Il ne peut pas louper le travail, lui qui a encore une grande carrière devant lui. D'accord, peut-être que je dramatise un peu, mais il faut me comprendre. Tout allait bien, tout était parfait et... ça s'est écroulé en un claquement de doigts. Les médias sont cruels, sincèrement. Et ils sont vraiment doués pour miner toute ta confiance en toi. Alors entre ça et l'appel surprise de Patrick, j'ai été minée. Tout semble s'écrouler autour de moi.

Après quelques temps, je suis sortie de mon état quasi végétatif par des cognements contre la porte de la chambre. Je suis bien dans mon lit et j'aimerais ignorer cet appel, mais je ne peux pas car les coups recommencent. Bon, très bien. Je me traîne jusqu'à la porte et alors...

- Salut Amy, soupire Nikki en entrant sans me demander mon avis ou ma permission. On savait que tu ne répondrais pas au téléphone, alors on est venus à toi directement. C'était plus sûr. La vache, quelle piaule ! Mon appart est plus petit que ça !

Derrière elle, la moitié de la troupe fait son apparition dans la chambre et je me sens soudain gênée de leur ouvrir en pyjama, sans avoir pris de douche depuis la veille. Dans une grimace, je les regarde cependant entrer et s'installer dans mon salon.

- Qu'est-ce que vous faites au juste ?
- Chérie, me dit Nathalie en souriant, on a tous vu le désastre d'hier. Et comme tu es la petite nouvelle - elle sourit - on savait comment tu allais réagir. Mais tu ne dois pas les écouter, enfin ! Ce ne sont que des journalistes débiles qui n'y connaissent rien. Ils vivent pour créer le buzz, ces gens là. Ça aurait pu tomber sur n'importe lequel d'entre nous.
- Amy, reprend ensuite Matthew en fronçant les sourcils, on savait que Tom allait nous envoyer quelqu'un mais on ne savait pas qui, pas avec certitude. Et les filles et moi, on ne t'a pas choisie par procuration. Tu étais le premier choix, crois-moi. Et ça n'avait rien à voir avec Hiddleston.

Je regarde Matthew me parler comme s'il utilisait une langue inconnue. Est ce qu'il est sérieux ? Voyant que je ne réagis pas, il hoche vivement la tête.

- Ne te laisse pas abattre petite, me dit-il ensuite. Ce n'est que le début. Et quand ces gens seront venus te voir, parce qu'ils vont tous les faire crois-moi, leur avis sur la question changera du tout au tout. Tu dois me faire confiance et plus encore, tu dois te faire confiance à toi-même. Alors arrête de faire cette tête, va prendre une douche et viens faire les derniers essayages pour demain soir. Ensuite, on file au Winter Garden.

J'allais répondre quelque chose, mais à peine ouvre-je la bouche qu'il m'arrête en levant la main.
- Non ! m'arrête t'il, pas un mot. A la douche, tout de suite !

Bon, alors on dirait que je n'ai pas le choix. Obéissante mais toujours pas convaincue, je me dirige néanmoins vers la salle de bain pour faire ce qu'on me demande. Une fois seule dans l'autre pièce, la porte fermée, je me regarde dans le miroir avec consternation. Allez Amy, Matthew a raison. Tu vaux mieux que ça. Ne te laisse pas abattre.

Ce moment, c'est TON moment. Tu ne dois pas laisser des gens qui ne te connaissent même pas le gâcher. Alors reprends-toi, et prépare-toi à leur en mettre plein la vue.

Le chant des TourtereauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant