Chapitre 43

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D'après les critiques, la Première a été une véritable réussite. Quand j'ai quitté l'hôtel en milieu d'après-midi le lendemain de... tout ça, j'ai été assaillie par une salve de paparazzis qui voulaient que je leur donne un commentaire sur ma "première nuit en tant que star de Broadway". Je ne sais pas comment je m'y suis prise, mais j'ai réussi à leur donner une réponse satisfaisante en ne laissant pas une seule seconde penser que j'avais passé la nuit à faire une déposition dans les locaux de la NYPD. Pourtant, c'est bien ce qui s'est passé.

C'était il y a trois jours. Depuis, les amis de Sam dans la police tentent de retrouver la trace de mon père, qui apparemment se cache très bien. Mais d'après leurs recherches, Patrick n'a pas quitté l'État pour le moment.

Ainsi, j'ai appris de leur part que Patrick avait disparu de leurs radars il y a plusieurs mois, après qu'ils aient commencé à le rechercher pour un bon nombre de délits qui auraient été commis par lui et "ses hommes". En effet, ils pensent que Patrick est lié à un réseau criminel basé en Europe et plus particulièrement en France ; ce qui n'empêche pas Interpol de le chercher et donc, les États-Unis de s'y intéresser. On ne peut pas dire que ça m'ait rassurée mais au moins, j'ai la certitude qu'ils mettront tous les efforts possibles à le retrouver. Et ça a confirmé des doutes que j'avais depuis longtemps : il traîne dans des affaires vraiment louches. Et nous avons bien fait de fuir à la première occasion... Même s'il a fini par nous retrouver.

Après mûre réflexion, Tom et moi avons décidé que ma famille devait rester à New York pour le moment. Tant que Patrick n'a pas été arrêté, nous ne voulons pas prendre de risques. Bordel, si j'avais su le soir de la première... J'aurais dû m'en douter, après l'appel qu'il a lancé quelques jours plus tôt, quand j'étais dans ce restaurant avec Tom. Mais ça ne sert à rien de ruminer et de se demander ce qui aurait pu se passer "si" : il faut faire avec le présent, les évènements tels qu'ils se sont produits. Alors, c'est ce que je fais.

Nous restons à l'hôtel la plupart du temps, sauf lorsque j'ai des répétitions pour les prochaines représentations de Burlesque. Après notre première, les dates se sont inscrites sur le calendrier en un temps record. Il faut croire que ça y est, les gens connaissent mon nom. Enfin, mon faux nom, mais... peu importe. La vie doit reprendre son cours. Alors je jongle entre les appels et les entretiens à la police, qui me demandent du courage et de la force d'esprit, et les répétitions de la pièce, marquant le début de ma carrière. Tout était parfait et ce devrait encore être le cas, mais désormais j'ai un voile gris devant les yeux et il noircit tout sur son passage, même le Winter Garden Theatre.

Espérons que cela ne durera plus longtemps. Je ne veux, et ne peux pas vivre cachée de mon père éternellement. Je ne le laisserai pas gâcher mes espoirs une deuxième fois. Sinon, je crois que je ne m'en remettrai pas : pas maintenant que j'ai tout ce dont j'ai toujours rêvé.

Le chant des TourtereauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant