Le chant des Tourtereaux

Chapitre 63

Quand Tom et moi nous avançons parmi les invités déjà en train de danser, plusieurs photographes capturent le moment mais je ne veux pas m'en préoccuper. À la place, je tiens la main douce de Tom dans la mienne tandis qu'il m'approche de lui et glisse son autre main sur ma taille. Je le regarde dans les yeux, lui souris, et nous commençons à danser. Plus loin, l'orchestre engagé par Owen pour la soirée commence une toute nouvelle chanson et celle-ci me fait sourire : c'est un coup du sort. Désormais, la version instrumentale d'une chanson de Lana Del Rey commence et je sens Tom resserrer son étreinte quand il l'entend. Ensuite, il m'offre un regard malicieux.

- Je n'y suis pour rien, me dit-il alors, je te le jure.

- Je veux bien te croire, réponds-je en souriant. Je crois qu'aucun de nous n'y est pour quoi que ce soit, dans... tout ça.

- C'est aussi ce que je crois.

Il resserre encore son étreinte. Maintenant, nos corps sont si proches l'un de l'autre que j'ai l'impression d'avoir sa peau contre la mienne. Cette danse me rappelle notre première fois, lorsque nous avons partagé le plus beau, le plus délicieux, le plus intime des moments. Je prends conscience de tout le chemin que j'ai parcouru, ainsi que de celui que nous avons parcouru ensemble, tous les deux. Je me rappelle notre première rencontre, quand j'ai chanté au Merry et que j'ai croisé son regard pour la toute première fois. J'étais une jeune femme perdue, à peine remise des difficultés de son passé, pas encore totalement guérie. Puis nous avons continué à nous voir, et j'ai commencé à grandir. J'ai changé. J'ai pris en maturité, en confiance, j'ai réalisé un rêve. Puis la vie m'a à nouveau affaiblie, et ça a été dur. Mais chaque moment, chaque jour que j'ai passé loin de New York, et surtout loin de Tom n'a été qu'un moment, un jour que j'ai gâché à fuir la réalité : je l'aime. Je ne veux pas vivre sans lui, et surtout je ne peux pas, je ne sais pas comment faire. J'ai eu tellement longtemps l'habitude de vivre seule, me méfiant de tout que le jour où j'ai laissé Tom entrer dans mon coeur j'ai pris conscience de toute une partie de la vie que je ne soupçonnais pas d'exister. Et même si ça a été dur, même si nous avons dû nous lâcher l'un et l'autre à un moment, le lien n'a jamais été complètement rompu. J'ai pensé à lui à chaque instant, dans les meilleurs comme dans les pires des moments. Et je sais, je sais au fond de mon coeur que ça a été pareil pour lui.

Alors que nous continuons de danser doucement l'un contre l'autre, j'arrête de le regarder pour poser ma tête contre son torse et fermer les yeux. J'écoute la musique d'une oreille, les battements de son coeur de l'autre, et je réalise que celui-ci fait la plus belle des mélodies que j'ai jamais entendues. Tom remonte sa main de ma taille jusqu'à mon dos, et je sens sa présence tellement fort qu'une agréable chaleur m'envahit de la tête aux pieds. Il pose ses doigts sur moi comme si j'étais une chose précieuse qu'il avait peur de laisser filer à nouveau. Mais... ça n'arrivera pas. En tout cas, pas selon ma volonté.

- Amy... murmure-t-il à mon oreille.

Je n'ai pas besoin de plus pour sentir mon coeur s'emballer. Je resserre mes mains sur lui pour lui faire comprendre que ce simple mot suffit. Alors, il me serre lui aussi et nous profitons encore de ces magnifiques retrouvailles.

Quand la musique est terminée, nous restons l'un contre l'autre sans bouger pendant quelques secondes. Ce moment est court, mais pour nous il dure l'éternité. Tom plonge ensuite son regard dans le mien, et je tressaille. Ce regard, je le reconnaitrais entre mille.

- Toi, m'ose-je donc à lui dire, tu as une idée derrière la tête.

Tom m'offre un sourire fier, ce qui me laisse échapper un rire. J'en étais sûr. Alors, il se penche vers mon oreille, glisse une mèche de mes cheveux derrière elle avant de murmurer :

- Amy, ça te dit d'aller te balader ?