Amy Patterson est une jeune française au passé mystérieux, vivant en Angleterre depuis quelques années. Lorsqu'elle déménage à Londres l'année de ses vingt-cinq ans, son ambition est très claire : Amy veut faire de la scène. Elle trouve un emploi da...
Quand Tom quitte mon appartement ce soir là, je suis un peu perdue. Balancée, pour être exacte. Je suis morte de trac pour mon audition, folle de joie pour la même raison ; mais aussi et surtout, je suis perdue. A propos de Tom. Je sais très bien qui il est, ce qu'il peut ou non avoir dans la vie, ce qu'il peut espérer. Mais j'ai cru... qu'il y avait quelque chose entre nous, quelque chose de spécial. Finalement, la seule chose qui valait le détour était ma voix. Et c'est très bien comme ça, j'en suis heureuse parce que la musique et les arts du spectacle, c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé. Mais ces dernières semaines, je me suis prise à rêver... de plus encore. Et ce n'était pas malin de ma part.
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Le lendemain lorsque j'arrive à l'aéroport, j'ai peur d'être perdue. Tom m'a bien fait comprendre qu'on ne devait pas se montrer ensemble, que cela allait « nuire à ma carrière » selon ses propres mots. Alors je me contente de m'avancer vers les panneaux d'affichage et de chercher le numéro de vol pour New York. Finalement j'arrive à trouver ce que je cherche et peut me diriger vers les portes d'embarquement. Je suis un peu en avance, mais c'est mieux comme ça : j'ai toujours peur d'arriver trop tard, alors j'ai pris l'habitude d'arriver trop tôt.
Tom n'est pas là, où en tout cas je ne le vois pas. Je me décide finalement à partir chercher un café et retourne m'asseoir sur les bancs jusqu'à ce que mon vol soit annoncé par les haut parleurs. Je monte à bord et retrouve mon siège, dans le fond de l'avion. On dit que c'est le pire des endroits où se trouver en cas de crash, ce qui ne me rassure pas du tout. En fait, c'est la première fois que je prends l'avion. Je ne pensais pas que cela poserait problème jusqu'à ce que je m'asseye à ma place contre le hublot, et que j'aie l'impression d'être emprisonnée dans une grosse boîte mortelle. Lorsque mon voisin de siège vient s'installer à côté de moi, les yeux toujours fixés sur le hublot, je me permets de l'interpeller.
- Excusez-moi, mais... vous savez combien de temps dure le vol ?
- Huit heures.
Je reconnais cette voix. Je me tourne donc vers l'homme à la casquette et lève les yeux au ciel.
- Tu t'es perdu sur le chemin ? On n'est pas en première classe, ici.
Mon ton était dur. Trop dur. Je grimace donc avant de rapidement m'excuser, mais Tom ne m'en tiens pas rigueur. En tout cas pas vraiment.
- Amy, est-ce que tout va bien ?
- Oui, réponds-je en secouant la tête, ça va. Excuse-moi.
- Ce n'est rien.
J'ai l'impression que le voyage va être long. Après quelques minutes l'avion est rempli, et je remarque qu'il n'y a personne sur le troisième siège à côté de nous. Peut-être que je devrais aller m'installer près du couloir ? La sensation d'enfermement serait peut-être moins pesante. Voyant que je regarde un peu partout avec nervosité, Tom fronce les sourcils.
- Tu as peur en avion ?
- Non, réponds-je. Enfin, je ne pense pas. En fait c'est la première fois que je suis dans un de ces trucs, alors... mais ça va aller. Je dois juste m'habituer.
Pourtant quand l'avion commence à bouger je n'ai plus du tout l'impression que ça va aller. Les mains cramponnées aux accoudoir, je regarde devant moi les yeux crispés. Alors, une hôtesse de l'air passe devant nous. Tom penche légèrement la tête pour éviter son regard, ne voulant certainement pas être reconnu.
- Mademoiselle, me dit-elle, je suis désolée mais vous devez remonter les accoudoirs pendant le décollage.
- Oh, je... d'accord.
Je m'exécute donc en tremblant un peu, mais tentant de ne rien montrer. Finalement l'hôtesse repart, et je laisse échapper un petit soupir. Mais l'instant suivant, je me sens mieux. Plus détendue. Je baisse la tête vers ma main gauche; et remarque que Tom l'a attrapée pour la glisser entre ses doigts. Je le regarde donc, un peu étonnée. Tom ne me regarde pas cependant, se contentant de regarder devant lui en souriant.
- Mesdames et messieurs, entends je dans le haut parleur, nous sommes parés au décollage. Merci de garder vos ceintures attachées et vos sièges relevés. Au nom de l'équipage, je vous souhaite à tous un très bon vol.