Chapitre 37 💉

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Aujourd'hui, c'est une très bonne journée qui s'annonce. J'ai prévu de voir deux personnes qui comptent beaucoup pour moi, et que vous connaissez très bien.

Puisque nous sommes dimanche, je peux me permettre de passer du temps avec ces deux personnes différentes. Non, il ne s'agit pas des deux frères Reyes, que je vois assez en continu.

Avant de ces deux personnes, parlons un peu de Ryder. Tout se passe beaucoup mieux entre nous deux maintenant. Concernant sa colère, il arrive à la contenir en lui quand quelque chose le chagrine. Il n'explose pas pour rien et prend le temps de réfléchir à la situation. En tant que son « infirmière », j'ai la joie de dire que Ryder est véritablement guéri de son Trouble Explosif Intermittent.

J'ai prévu de voir Carole, cette jeune fille que j'ai aidée et qui était touchée par le syndrome de Peter Pan. Elle voulait me parler en me demandant quelques conseils. C'est tout naturellement que je lui ai proposé qu'on se voit. Elle n'osait pas me le demander, par peur d'un refus de ma part. Je suis super heureuse à l'idée de la revoir.

Concernant la seconde personne, c'est un peu imprévu, mais j'ai promis d'être là. La grande sœur de mon petit Emery m'a appelée pour me demander de venir le voir jouer au football aujourd'hui. Il est sorti il y a déjà deux semaines et ne fait que me réclamer d'après elle. Comment refuser de venir le supporter ?

Je salue Jelena et rejoins ma voiture pour me rendre dans un petit café au centre de Miami. C'est là que je dois rejoindre Carole. Une fois que j'ai réussi à trouver une place, j'entre dans le café et pars dans le fond, où est déjà installée Carole.

Lorsqu'elle me voit, elle se lève avec un grand sourire et je la prend dans mes bras. Je la relâche pour la détailler du regard. Elle est vraiment loin de la jeune fille que j'ai vue à son arrivée à l'hôpital psychiatrique, c'est un fait.

- Tu es resplendissante ma belle ! la complimenté-je.

- Tu trouves ? demande-t-elle sincèrement. Ça fait pas un peu... trop ?

- Mais non ! Tu es parfaite comme ça.

Nous prenons place à table et une serveuse vient prendre nos commandes respectives. J'ai pris un cookie avec un milkshake, parce que je sais que j'adore prendre ça dans ce café, je me régale tout le temps.

- Alors comment ça se passe dans ta vie en ce moment ? reprends-je. Amies, garçons, lycée ?

- Je commence à bien m'intégrer dans ma classe et j'essaie de parler à un maximum de gens. Mais... Je ne sais pas comment m'y prendre avec les garçons. J'ai toujours peur d'en faire trop.

- Avec les garçons, il faut que tu agisses le plus naturellement possible. Il t'aimeront pour la fille que tu es.

- J'essaierai, et je ne sais jamais comment m'habiller. J'ai voulu refaire ma garde-robe à partir de rien. J'ai enlevé toutes les jupes, parce que je ne voulais pas que ça fasse trop... Enfant. Enfin tu vois ce que je veux dire ?

- Avec tes jupes, tu étais très girly. Ce que tu dois apprendre maintenant, c'est à être féminine avec les jupes, si tu veux en remettre. Regarde, je suis souvent en jean, mais j'essaie de mettre des hauts qui font un peu plus féminin.

- Et... Tu as mis des décolletés à quel âge ? Je t'ai déjà vu en mettre plusieurs fois là-bas.

- J'étais adolescente quand j'ai commencé à en mettre. Pour les occasions comme les fêtes par exemple. Au début, j'en mettais des très légers et puis après je me suis permise d'en mettre comme je le voulais.

- J'aimerais bien en parler avec ma mère, mais j'ai peur qu'elle me prenne toujours pour la petite fille que j'étais...

- Il ne faut pas que tu hésites à en parler. Et si tu as besoin, sache que je suis toujours là. Si tu veux faire du shopping avec moi pour avoir plus de conseils, il n'y a pas de problèmes.

- Vraiment ? Tu viendrais avec moi ?

- Bien sûr ! J'aimerais beaucoup qu'on se fasse ça toutes les deux.

- T'es plus vieille que moi, qu'est-ce que tu ferais avec moi ?

- Je ne suis pas si vieille ! ris-je. Je suis encore proche de l'adolescence je te rappelle. Ça ne me dérange pas de rester avec toi, c'est à toi de voir si ça ne te dérange pas.

- T'as été la seule à me comprendre quand ça n'allait pas. T'as toujours su me conseiller depuis le début, c'est pas maintenant que j'ai envie d'arrêter de te parler.

Nous restons encore quelque temps au café, avant que je ne doive partir. Je pars payer au comptoir et me rends au stade de foot. La grande sœur d'Emery, Alina, me fait de grands signes lorsqu'elle m'aperçoit. J'avance dans sa direction et lui dis bonjour ainsi qu'à ses parents.

- Désolée de t'avoir prévenue si tard, s'excuse Alina. Il te réclamait en boucle et ça lui fera vraiment plaisir de te voir ici.

- Pas de soucis, je suis contente de me trouver ici. Mon petit Emery me manque.

Nous parlons quelques minutes puis les footballeurs entrent sur le terrain. La sourire d'Emery rayonne sur son visage lorsqu'il me voit dans les gradins. Il m'a déjà parlé de son sport adoré, en me racontant tous ses exploits. J'avais prévu de venir le voir un jour, et grâce à Alina, ça vient de se réaliser.

Pendant tout le match, je supporte mon petit bipolaire avec toute sa famille. Il marque un but à la dernière minute, faisant gagner son équipe. Il reste debout sur le terrain, la bouche grande ouverte en regardant la cage de but. Il n'en revient pas d'avoir réussi à marquer, ce qui nous fait tous rire. Il reprend ses esprits lorsque son équipe saute sur lui, tout en criant son prénom.

Puisque les parents commencent à aller vers leurs enfants, on va également sur le terrain. Emery court dans ma direction en criant après moi. Je m'accroupis au sol et son petit corps entre en collision avec le mien. Je le serre fort contre moi en riant.

- C'est trop bien que tu sois venue me voir, merci Denasia ! s'exclame-t-il.

- C'est normal Emery, tu as vraiment bien joué ! Est-ce que tu prends bien tes médicaments comme je te l'ai dit ?

Il jette un coup d'œil à ses parents avant de hocher la tête. Il ne semble pas me dire la vérité puisque sa mère me répond.

- On doit un peu le forcer pour les prendre parce qu'il veut que ce soit toi qui lui donne comme avant.

- Emery... Il faut prendre tes médicaments, pour que tu continues à aller bien. On va faire quelque chose. Si tu les prends sans discuter tous les jours, je te promets de venir te voir à tous tes matchs. Tu veux bien faire ça ?

- C'est vrai ? Tu reviendras me voir jouer ?

Je hoche la tête en souriant parce que je suis sincère. Il veut me voir, et je le veux aussi parce que je me suis vraiment attachée à lui. De plus, si ça lui permet de prendre ses médicaments, alors je suis prête à le faire pour qu'il se développe convenablement vers l'adolescence.

- Je te promets de prendre mes médicaments ! Je peux te présenter à mes copains ? Je leur ai parlé de toi !

- Bien sûr Emery.

Je me relève et il m'emmène vers son groupe d'amis, où il me présente comme « l'infirmière trop gentille qui m'a aidé à aller mieux ».

Eyes in EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant