Chapitre 19 💉

27.9K 1.4K 27
                                    

Le lendemain matin, lorsque je descends à la cuisine, j'ai la surprise de voir ma sœur et elle m'indique que son cours a été annulé ce matin. On se fait la bise et je me pose face à elle pour prendre mon petit-déjeuner composé de tartines de Nutella et d'un jus de pomme. Oui, vous avez dû remarquer que je suis une adepte du jus de pomme, et c'est parce que je fais une intolérance à tout ce qui est à l'orange. Jelena est posée à me fixer, un sourire aux lèvres. Je soupire longuement. C'est sûr qu'elle veut me parler de Ryder.

- Bon allez vas-y te retiens pas plus, lancé-je.

- Mais attends, comment tu ferais un trop beau couple avec Ryder ! s'exclame-t-elle.

J'en étais sûre, je la connais ma petite sœur, depuis le temps. Elle et sa passion pour la romance m'ont vue avec un mec, beaucoup de choses ont dû lui passer par la tête. Notre père entre dans la cuisine en mettant sa cravate et nous regarde tour à tour.

- L'une des femmes de ma vie aurait-elle trouvé un homme ?

- Je suis pas avec lui papa, soupiré-je.

- Mais tu vas pas tarder à l'être, Sia !

- Je peux pas, Lena. Tu le sais.

Notre père continue à suivre notre débat avant de hausser les épaules puis de nous embrasser le front à chacune.

- Fais comme tu le sens ma chérie, ta mère serait contente de l'apprendre. Je vous laisse, je vais être en retard. Bonne journée !

- Bonne journée papa, dit-on en cœur.

Il fait un geste de la main puis sort de la maison. Je reporte mon attention sur la blonde surexcitée qui me fait face.

- Tu vas finir avec lui, reprend-elle avec détermination.

- Pas tant qu'il sera mon patient !

- Alors ça, ça veut tout dire ! Tu t'imagines un futur avec lui. Tu l'aimes ?

- J'en sais rien, Lena. Il m'attire, mais est-ce que je l'aime ?

- Tu devrais vraiment y réfléchir. Parce que je suis certaine que si tu enlevais le fait qu'il soit ton patient, tu sais toi-même que tu l'aimes.

C'est plutôt une bonne idée de mettre de côté cette relation professionnelle pour savoir ce que je ressens pour lui. J'y penserai lorsque je serai seule dans le calme, sans une Jelena surexcitée ou un Ryder négociateur dans les parages.

- Et je tenais à te dire que je l'apprécie plutôt bien. Tout comme ses frères, ils sont cool et ça se voit qu'ils tiennent à Ryder.

Alors que je repoussais encore Ryder, Jelena s'est liée d'amitié directement avec les deux autres frères après avoir discuté avec eux. Je crois même qu'ils vont finir par se revoir un de ces jours, même si je ne finis pas avec Ryder.

- Qu'est-ce que je dois faire d'après toi ? demandé-je finalement à ma meilleure conseillère en amour.

- Te laisser aller, Sia. Et si le fait qu'il soit ton patient te bloque, profite du fait que tu puisses le voir là-bas. Pourquoi tu ne passerais pas encore du temps avec lui dehors ? Tu imposes tes conditions, et le tour est joué.

Je hoche la tête alors que je songe à tout ça. Passer du temps avec Ryder me semble une bonne idée. Sauf s'il est d'humeur à me poser énormément de questions. Là, je ne sais pas ce que je pourrais faire à part fuir, parce que même s'il pose beaucoup de questions, il n'est pas en capacité d'échanger assez pour tenir une conversation.

Je jette un coup d'œil à ma montre et vois qu'il ne me reste que sept minutes pour être pile à l'heure.

- Oh mon dieu, je vais être en retard ! À ce soir, Lena !

Sans attendre sa réponse, je prends mon sac à main et cours vers ma voiture. Malheureusement, je suis obligée de retourner dans la cuisine parce qu'il me manque mes clefs de voiture. Je vais pas aller loin comme ça... Je prends place dans ma voiture et démarre immédiatement. Je roule un peu plus vite qu'habituellement sur la route, ce qui me fait gagner quelques minutes précieuses. Je cours vers l'entrée et rejoins mon étage avant de regarder mon téléphone. Je suis pile à l'heure. Je souffle de soulagement et pars enfiler ma blouse dans le vestiaire.

Quelques instants plus tard, je me trouve dans la chambre d'Emery. Son traitement commence à faire effet sur son organisme, il est de plus en plus dans une phase « normale » alors qu'avant, sa phase dépressive et sa phase maniaque étaient là pratiquement six jours sur sept. Aujourd'hui je dirais quatre jours sur sept. Une fois qu'on aura trouvé le dosage parfait, il devra continuer à le prendre en continu, mais depuis chez lui.

Malgré les améliorations, je le retrouve dans une phase maniaque lorsque j'ouvre la porte. Je pose le plateau sur la table et il me saute dans les bras. Je ris et lui embrasse la joue.

- Coucou mon grand, ça va bien aujourd'hui ?

Il hoche vivement la tête alors que je lui tends ses médicaments et son verre d'eau. Il les prend directement, sans discussion, puis me montre qu'il a bien avalé. Je lui embrasse donc la joue pour la seconde fois.

- Dis, Denasia ! Tu veux bien jouer dehors avec moi tout à l'heure ?

Je lui fais un grand sourire. Il me le propose souvent lorsqu'il est en phase maniaque, je suppose que vous avez dû le remarquer.

- Bien sûr, mon grand. Je viendrai te chercher lorsque je n'ai plus de travail, parce qu'une grosse journée m'attend. Ça te va ?

- Ouais ! Trop bien ! Merci Denasia !

- C'est normal, ça me fait plaisir.

Je reste à ses côtés pour discuter encore quelques minutes avant de décider qu'il est, pour moi, l'heure de partir rendre visite à Ryder.

Je rejoins ma place habituelle, à ses côtés pour lui faire son injection. Et comme d'habitude, il me détaille du regard. Je crois que faire ça l'apaise un peu, alors je le laisse me regarder sans rien faire.

- Ça va toujours ?

- Ouais. Alors... T'as réfléchi à tout... ça ?

Par « ça », il est évident qu'il veut dire nous. Mais pour une raison inconnue, il ne dit pas ce simple mot.

- Non Ryder, on en reparlera demain. J'ai besoin de temps pour réfléchir.

Et du temps, on en manque, parce qu'il ne va pas tarder à sortir. Son traitement prend fin, et si deux semaines après il n'a pas fait de nouvelle crise, il pourra retourner chez lui. En fait, je dois juste songer à une situation vraiment provisoire. Alors pourquoi je mets tant de temps à trouver une simple réponse, une simple solution ? Sans doute parce que je veux savoir avant tout ce que je ressens pour lui. Et là, je pourrai voir les choses d'un autre angle.

Eyes in EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant