Chapitre 10 💉

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Comme prévu, le lendemain, je reviens sur mon lieu de travail. Enfin, on va seulement savoir si je peux de nouveau l'appeler comme ça. Deux voitures de police sont déjà présentes, et je crains que ça ne dure assez longtemps.

Ryder se fait interroger à huit heures, et c'est l'heure à laquelle je suis arrivée. Je pars à mon étage et salue mes collègues ainsi que les policiers. C'est l'agent Warner qui se dirige vers moi pour me serrer la main.

- Je vais me charger d'interroger Ryder, m'indique-t-il. Vous saurez vous en occuper s'il vient à devenir agressif ?

- Oui, bien sûr.

Il hoche la tête avant de partir dans le couloir tandis que je reste à attendre sur une chaise devant la porte. Dix longues minutes passent, et Ryder reste calme. C'est finalement au bout d'une quinzaine de minutes qu'il se met à crier dans l'hôpital. Je soupire et me lève avant de rejoindre sa chambre. L'agent Warner se met dans le coin de la chambre, attendant que je passe à l'action.

Je me positionne face à Ryder, qui est comme d'habitude plein de rage. Mais je commence à être habituée à le voir comme ça. Il ne m'effraie toujours pas, et ne va jamais m'effrayer. Même s'il a été une fois violent envers moi, cela reste sa façon de réagir. Je suis certaine qu'il ne voulait pas me faire ça à moi. Dans tous les cas, il a vraiment regretté par la suite.

- Ryder du calme... soufflé-je.

Même si je lui parle, il ne me regarde pas dans les yeux. Comme la dernière fois, je pose mes mains sur ses joues, ce qui l'oblige à me regarder. Pendant un temps qui semble interminable, on reste à se regarder dans les yeux. Je me perds dans son regard sombre légèrement caché par des mèches de cheveux rebelles. C'est finalement un raclement de gorge qui nous interrompt. Je retire donc mes mains avec une gêne non dissimulée avant qu'on ne se tourne vers l'agent Warner.

- Je vous présente mes excuses si je vous ai poussé à bout Ryder, dit-il soudainement. Je voulais juste vérifier vos paroles à tous les deux. Denasia, vous pouvez reprendre votre emploi en faisant ce qu'il y a de mieux pour vos patients, y compris Ryder. Vos collègues seront là pour vous superviser, en l'absence de supérieur. Veuillez vous adresser à eux si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Je le remercie en souriant et on sort de la chambre. Je pars poser mon sac dans le vestiaire et j'enfile ma blouse, que j'avais laissée dans mon sac. Je pars ensuite m'occuper de mon petit Emery. Lorsque j'ouvre la porte, je pose directement le plateau sur la table parce qu'il me saute dans les bras.

- Denasia ! s'exclame-t-il. Je suis trop content de te revoir ! Tu m'as trop manqué !

- Oh, toi aussi mon grand, tu m'as manqué. Mais je suis de retour, et tu vas encore me montrer que tu es un grand garçon en prenant tes médicaments. Pas vrai ?

Il hoche vivement la tête et saisit son verre d'eau ainsi que les petits comprimés. Il est dans sa phase maniaque comme vous avez pu le remarquer. Il me montre qu'il l'a avalé et je lui embrasse les joues. Sa phase correspond avec mon humeur. Je suis heureuse de pouvoir le retrouver, mon petit Emery. Je me suis beaucoup attachée à lui. J'aimerais avoir de ses nouvelles le jour où il sortira, ça serait génial. J'espère qu'il n'oubliera jamais « sa soignante préférée », comme il dit.

Je vais voir Daya pour lui parler du nouveau traitement de Ryder, afin d'avoir l'avis d'une personne plus expérimentée que moi. Elle me confirme les doses et je pars les chercher avec son plateau déjeuner. Lorsque j'ouvre la porte, il est assis sur son lit.

- Rebonjour, Ryder. On va commencer les injections aujourd'hui. Tu veux bien t'allonger ?

Il hoche la tête et se pose comme je le lui indique. Je m'assieds sur son lit à ses côtés en prenant la seringue. Je mets le liquide à l'intérieur avant de lui demander de tendre son bras, ce qu'il fait sans hésiter. Je pose ma main sur son avant-bras et enfonce doucement l'aiguille dans une veine. Pour finir, je lui injecte avec douceur le produit.

- Est-ce que ça va ? demandé-je lorsque je suis à la moitié du liquide.

Il hoche la tête alors que je continue à expulser doucement le liquide de la seringue. Il vaut mieux le faire doucement, certaines personnes se sentent mal si on le fait trop rapidement. Ryder commence à me présenter ses excuses pour la crise de ce matin et je le rassure du mieux que je peux. Lorsque je finis l'injection, je mets un petit coton attaché avec du scotch sur son bras.

- Voilà ! C'est bon pour aujourd'hui. Reste allongé encore quelques instants. Si ça ne va pas, tu sais comment m'appeler.

- Grâce à ton numéro ?

Il me fait un sourire en coin alors que je me mets à glousser. Je sens que je ne vais pas tarder à recevoir des messages de sa part. Il m'en avait envoyé un pour que je puisse avoir son numéro, mais nous n'avons rien échangé de plus.

- Avec le bouton rouge, Ryder.

Avant qu'il ne le réclame, je lui embrasse la joue et le salue avant de sortir de sa chambre. Même si on change le traitement, je suis certaine qu'il l'aurait réclamé comme avant la psychothérapie.

Je repars à l'accueil et cherche le numéro des parents de Ryder dans son dossier. Une fois trouvé, je les appelle depuis le téléphone fixe du bureau. Je les ai déjà appelés une fois pour leur donner des nouvelles il y a deux semaines. Maintenant que j'ai quand même beaucoup de choses à leur annoncer, je préfère les appeler pour qu'ils soient au courant. C'est sa mère qui décroche au bout de quelques instants.

- Oui bonjour, c'est bien Denasia ?

- Oui, c'est moi madame. Je vous appelle pour vous parler de Ryder.

- Appelle-moi Valentina, enfin ! Il va bien j'espère ?

Je lui raconte alors l'histoire qui vient de se dérouler cette semaine, en précisant surtout qu'il a été témoin d'une affaire et a subi beaucoup d'injections de sédatifs. Pour terminer, je leur indique avoir commencé la première injection de son nouveau traitement.

- Merci de m'appeler pour me tenir au courant de tout ça, Denasia. Ça me fait vraiment plaisir. Est-ce que vous pensez qu'il est encore trop tôt pour qu'il puisse avoir de la visite ?

- Je pense qu'il a encore de la rancœur envers vous pour être honnête.

- Je m'en doute bien, mais je pensais plutôt à son frère.

Oh, alors Ryder a un frère ? Bon, après je ne vois pas ce que ça peut changer à ma vie, le fait qu'il ait un frère...

- Eh bien je vais essayer de lui en parler, je vous rappellerai pour vous dire si c'est bon ou non.

- Mille mercis, Denasia !

- C'est mon travail.

Elle me remercie encore une bonne dizaine de fois avant que je ne raccroche, en me disputant légèrement de ne pas l'appeler par son prénom.

Eyes in EyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant