Surf Évasion [ Terminé ]

Chapitre 15 - Manon - Spot de surf

Voilà trois jours que Sam jongle avec ses entraînements et moi. Je reconnais et j'apprécie qu'il veille à me consacrer quelques minutes de son temps, alors que, vu l'accélération des sollicitations extérieures, il pourrait avoir l'esprit occupé. Mais non, il prend du temps pour moi, pour nous, que l'on partage avec plaisir et souvent de la volupté. Il me montre chaque jour l'intensité de sa passion et ne se prive plus de me dire : je t'aime !

Je me laisse porter sur la vague du plaisir lors de ces instants volés. J'ai l'impression que chaque jour, chaque moment passé auprès de lui augmente davantage la force des mes sentiments. C'est comme un petit feu incandescent qui grandit dans mon cœur. Qui me réchauffe de l'intérieur et qui ressoude mes cicatrices du passé.

Ce matin nous prenons le bateau de location réservé par Andy, pour nous rendre sur l'île  Lembongan au large de Karamas Beach. L'équipage appareille le bateau dans une crique à l'abri de la houle marine. Pour nous rendre dans la zone idéale de surf, ces messieurs sont déposés en zodiac au large par les hommes d'équipage. Dans un deuxième temps, Made, Lyndie et moi sommes débarqués sur la plage. Avec tout ce qu'il nous faut pour un bon pique-nique.

Je dois reconnaître qu'Andy a parfaitement organisé cette excursion. Je m'attendais à une petite île déserte, mais je découvre un site touristique avec d'autres bateaux de plaisance, et de nombreux bâtiments le long d'une côte accidentée et escarpée.

Il n'y a pas de doute à avoir sur la qualité de ce spot. Les vagues sont impressionnantes, bien plus de deux mètres. Le vrombissement de la vague au moment où elle se brise avec force et qui tente de dévorer nos hommes qui les défient sur leurs planches. J'ai l'impression qu'ils sont tout petits et réellement en danger face à ces monstres de puissance qui déferlent dans cette large crique bordée par ces roches noires.

J'ai une boule dans le ventre à m'inquiéter que l'une d'elle ne les brises en deux. Après plus de deux heures de surf, c'est un peu éprouvés de lutter contre le courant que nos surfeurs nous retrouvent sur la plage, de grands sourires idiots sur leurs visages. L'euphorie de l'adrénaline !

Sam vient me retrouver. Il m'offre un baisser tendre, puis je lui propose une boisson et une serviette pour qu'il se sèche. Il retire le haut de sa combinaison néoprène et vient se positionner juste derrière moi, assis sur la serviette de plage. Je me colle à son torse glacé par le temps passé dans l'eau. Le contact est saisissant pour la frileuse que je suis !

Sam rigole discrètement et me taquine en me murmurant que c'est agréable que pour une fois ce soit moi qui le réchauffe ! D'ailleurs, je dois reconnaître que ma peau blanche a pris une discrète couleur ambrée, même si je veille à me mettre de l'écran total perpétuellement.

Je sais pas vous, mais moi j'ai une peau qui ne connait que deux couleurs, le blanc et le rouge crevette bien cuit, c'est un classique pour les rousses !

Nous passons un agréable moment à manger ensemble. Le sujet de prédilection reste leurs souvenirs épiques des différentes sessions des années passées. Les rires et les anecdotes sont au rendez-vous. C'est Kelly qui lance le point de départ de leur session de l'après-midi.

Ils sont survoltés car les vagues ont encore gagné en puissance. Mon angoisse aussi ! J'ai une drôle d'impression, un mal de ventre viscéral, un pressentiment. Et c'est avec terreur que je vois la vague s'écraser violement sur l'un deux, à cette distance il m'est impossible de voir qui a été happé, avec leurs mêmes combinaisons néoprènes noires, il est clairement difficile de les différencier. Nous avons vu la planche voler, éjectée avec force hors de l'eau.

En un instant, j'ai couru au bord de l'eau. Comme si quatre mètres de moins me permettraient de savoir s'il va bien. Je sais que ce qui vient de se passer est sérieux. Je ne le vois pas remonter à la surface, pourquoi ? Le rouleau des déferlantes doit l'entraîner encore et encore dans ses remous, l'empêchant de remonter à la surface. Mon inquiétude est amplifiée par la réaction des cinq autres qui cherchent à rejoindre la zone où ils l'ont perdu de vue. Après de trop longues secondes enfin, il remonte à la surface. Mais il ne réagit pas, il se fait ballotter par les vagues suivantes. Enfin, les garçons arrivent à sa hauteur, ils le remontent sur une de leurs planches et reviennent en lieu sûr. Made et Lyndie sont elles aussi à mes côtés, le visage contracté, à attendre qu'ils nous rejoignent au bord de la plage.