Chapitre 52 - Manon - Tribunal

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Je dois vous avouer que les jours suivants ont été comme un brouillard pour moi, bercée par un nuage de stupeur. Léa m'a expliqué que je devais m'accorder du temps pour encaisser tous ces événements.
Léa, Olivier, Liam et Made ont passé beaucoup de temps ensemble pour préparer l'audience au tribunal, aidés également par l'oncle et le cousin de Made, pour répondre à toutes leurs questions sur le fonctionnement d'un tribunal indonésien et sur les traditions locales. Léa a ordonné à Sam de veiller sur moi et de nous reposer.

Nous avons vu l'hôtel se vider de toutes les délégations de surfeurs. Les amis de Sam sont venus nous saluer avant leur départ, nous souhaitant bonne chance pour cette nouvelle épreuve.

Quatre jours se sont finalement écoulés depuis. Nous avons reçu notre convocation au tribunal. La procédure a pris du retard, malgré les bonnes intentions du chef de la police, qui a dû négocier avec le procureur.

Nous sommes dans cette salle d'audience aux murs crème, habillés de boiseries et d'un drapeau qui rend plus solennel le lieu. La disposition nous confirme que nous sommes dans un tribunal, avec beaucoup de ressemblances, dans sa disposition et son mobilier, avec la France.

La cour est constituée de trois juges, du procureur et d'un greffier. Olivier nous a expliqué, un soir, au repas, que la justice indonésienne actuelle est un héritage de la colonisation hollandaise, qui elle-même a copié les codes civil et pénal Napoléoniens. D'où ces grandes similitudes dans la constitution de la cour, ses rites et ses lois, même si depuis deux cents ans des évolutions et des nouvelles lois locales ont été apportées en complément.

C'est une longue et pénible journée qui s'annonce. Mes plus grandes craintes sont sur le risque de nouveaux mensonges qui pourraient encore être énoncés par la défense de Cyril.

À l'arrivée des accusés, Cyril me fixe de son regard noir, le temps que l'agent s'occupe de lui retirer ses menottes. J'ai des frissons qui me glacent l'échine. Je me tords les doigts inconsciemment sous la table. C'est Sam qui me fait cesser en posant sa main sur les miennes. Instantanément, nos regards se trouvent et je me réchauffe. Il me sourit et se penche pour me chuchoter à l'oreille que tout va bien se passer. Je prends en otage sa main, que je ne veux plus lâcher, et lui réponds d'un hochement de tête positif. Sam est mon ancre à laquelle je m'arrime pour me permettre de maîtriser mes angoisses.

Le président de la cour prend la parole, en anglais, pour faire l'énoncé des charges qui pèsent sur les deux accusés. La liste est longue, déclaration mensongère, tromperie des forces de l'ordre, complicité de kidnapping pour Clara. Pour Cyril, c'est enlèvement avec usage d'arme à feu, en association avec une entreprise mafieuse, liée au trafic de drogue et de prostitution. Il y a de quoi faire peur.

C'est le moment où le juge annonce que la défense sera assurée par Maître Paillet que Clara choisit pour faire son coup d'éclat en annonçant sa demande de changement d'avocat, qu'elle révoque Maître Paillet et que ce soit Maître Villard alias Olivier qui puisse assurer sa défense. Nous avons été prévenus de cette démarche à l'avance. Léa avait pris le temps de nous expliquer l'intérêt de récupérer Clara dans notre défense et, face à ses arguments imparables, nous avions accepté l'idée, mais je reste sur mes gardes.
Le but de l'annoncer à ce moment-là est de déstabiliser la stratégie de défense de Jérémy et Cyril. Ce qui semble très bien fonctionner. J'adore voir le désarroi sur le visage de Jérémy, fusillé du regard par Cyril, qui transpire de haine.

Cette annonce inattendue crée un moment de flottement, mais très vite, Olivier confirme qu'il a une connaisance suffisante du dossier pour assurer le changement sans report d'audience. La cour, trop ravie, balaie rapidement les objections de Maître Pailler.

Surf Évasion [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant