Chapitre 30 - Manon - Enlèvement... la suite

340 72 57
                                    

Je ne demande pas mon reste. Je sors de cette cabane et me mets à courir comme une dératée en direction de l'océan. Je saute de planche en planche le long de ce chemin, je veux atteindre au plus vite les arbres et leur protection pour m'y cacher, mais alors que je suis à six mètres de mon objectif, une détonation éclate dans mon dos...

La peur, me fait manquer ma réception et je roule sur le sol, une douleur vive me traverse le bras gauche. Je sais que ma survie est dans ces arbres, alors je me redresse et je repars dans ma course désepérée. Je prie pour que ma bonne étoile veuille bien encore m'accorder sa protection, sur cette courte distance. Deux autres coups retentissent. En attendant de recevoir cette balle fatale, qui dira que Cyril à gagné, pour le moment, je cours pour ma vie !

Enfin le couvert de la végétation, mais je continue ma course, car ils vont me poursuivre. Je ne sais pas d'où me vient cette énergie : les heures avec les garçons, qui m'en ont fait baver chaque jour un peu plus, lors des entrainements de boxe thaï, deux heures par jour ? La course à pied que je faisais sur le tapis de course dans l'appartement de Sam ? Ou la montée d'adrénaline et tout simplement une furieuse envie de vivre qui me fait cavaler comme une dingue !

Mon bras me lance et je sens un liquide chaud et visqueux couler. Je presse mon autre main sur la plaie, pour contenir le saignement. Mais il faut que j'avance.

J'entends les cris de Cyril, qui m'insulte encore et encore, ce qui me confirme que je ne suis toujours pas assez loin. Je dois tout de même ralentir car le chemin que je suivais jusqu'alors ne va plus dans la direction que je voulais suivre : droit vers la mer, la ville et donc la population. Non, il tourne à gauche, il doit sûrement faire le tour de la rizière, comme lors de notre visite, au cours du road trip, il y a quelque jours, d'un lieu identique. La végétation est dense entre les arbres et les fougères au sol.

Si je quitte le sentier, je risque de me retouver bloquée par un obstacle infranchissable, mais le suivre me met davantage en péril. Il faut également que je fasse perdre ma trace, et le sang qui coule de mon bras peut me trahir. J'arrache le bas de mon paréo et fais plusieurs tours autour de mon biceps, tout en continuant d'avancer. Je suis donc le chemin quelques mètres jusqu'à ce que trouve un passage possible au milieu des fougères. Là, je me faufile avec prudence, sans casser de branches ou d'écraser les volumineuses fougères, qui pourraient trahir ma piste, tout en reprenant la direction de l'océan.

Finalement, la multitude de films débiles d'enquêtes policières, que l'on peut voir à la télé, semble porter ses fruits. J'entends les voix et les pas qui se rapprochent ; je n'ai que très peu d'avance. Je cherche donc une zone de fougères dense, à l'écart, et rampe dessous, toujours en prenant garde de ne rien casser et en silence. Je me terre, là, sans bouger.

Le temps se suspends pour moi. Soit ils me trouvent et ils me tuent, soit ma ruse marche et au couvert de la nuit, je pourrai peut-être trouver mon chemin pour m'enfuir.

Je suis totalement invisible pour eux, mais c'est la même chose pour moi. J'entends leur pas, ils parlent entre eux. À l'oreille , ils sont sûrement quatre personnes à me chercher. Toute la difficulté réside dans l'immobilité. Irrémédiablement, un mouvement trahirait ma cachette car je les entends à une très courte distance de moi.

Cyril donne l'ordre de chercher dans cette zone et aux alentours, certain que je n'ai pas pu disparaitre si vite, ni aller très loin.

Clara lui hurle dessus, en le traitant de sale type, que son plan est bien pourri, au final... Que Sam était sorti de prison et que jamais il ne lui pardonnerait de s'être fait tabasser, et que, maintenant, moi aussi je me suis enfuie. Que j'avais vu son visage, donc son implication ! Qu'ils était impératif de me retouver et de me faire disparaitre. Qu'elle ne tomberait pas avec lui pour ses idées tordues...

Cyril lui intime l'ordre de se taire. Mais Clara s'en offusque et redouble ses cris en lui faisant remarquer son nez sûrement cassé.

Alors que je les entends se disputer, des démangeaisons commencent à prendre possession de mon corps, une bête sur moi, ou le caractère urticant des plantes qui m'entourent et qui me dissimulent. Un travail mental extrême commence, pour que je fasse abstraction de toutes mes perceptions cutanées pour ne pas bouger, au risque de me trahir. Il me faut me concentrer sur autre chose...

Toujours à l'écoute, j'entends un bruit qui claque. Clara a stoppé ses vociférations, et après une seconde, je l'entends sangloter. Elle a fait la bêtise de ne pas obéir à son ordre : se taire ! Elle en a subi les conséquences. J'ai presque mal pour elle. Mais je sais que si elle n'est pas trop conne, elle va partir et là, leurs complots cumulés contre Sam et moi seront affaiblis. Et pourquoi pas, avec un peu de chance, elle ira le dénoncer pour sauver ses fesses. Je délire, mais toutes les idées sont bonnes à prendre pour penser à autre chose que cette furieuse envie de bouger,  de me gratter et repartir le plus loin possible de ces tordus, qui ont fusionné leurs haine contre Sam et moi, mais comment ?

Toute personne standard aurait tourné la page et repris sa route normalement. Mais pas ces deux-là, qui se sont rencontrée, je ne sais pas comment et qui ont imaginé un plan pour mettre Sam en prison pour de nombreuses années et pour moi... Eh bien, après le kidnapping, je n'ai pas le détail des festivités que ces deux cerveaux malades avaient élaboré, mais là, tout de suite, je n'ai aucune envie de le découvrir.

Après un temps qui me semble infini, alors qu'à plusieurs reprises ma cachette a été frôlée, Cyril donne l'ordre de partir en indiquant qu'il est trop risqué de rester dans le secteur, surtout, si j'ai réussi à envoyer un message, et que, finalement, si j'avais été encore là, ils m'auraient déjà débusquée.

Je perçois les bruits de pas repartir ensemble.

Après deux minutes, je brûle d'impatience de pouvoir enfin bouger. Mais ma bonne étoile, ma chère arrière-grand-tante, me murmure : « C'est un piège, ne bouge surtout pas ! ». Oui, elle a sûrement raison, c'est bien un truc perfide que Cyril pourrait faire, rester en embuscade, pour confirmer ma présence et m'achever.

Je reste donc immobile, les dents serrées à attendre si oui ou non il y a une personne qui me guette encore.

Je sens la douleur dans mon bras. Malgré le garrot de fortune que j'ai rapidement fait, ma plaie pulse dans tout mon bras à chaque battement de mon coeur.

Enfin, comme attendu, j'entends des pas repartir vers la rizière. L'injure : « Fait chier, la sale pute, elle s'est vraiment tirée ! » me confirme que Cyril était bien resté. J'écoute ses pas repartir, j'attends encore le temps de compter jusqu'à 500. Enfin, je me détends, avant de risquer un mouvement.

******

Elle a du répondant cette fois, Manon !

Elle résiste aux coups, et, poussée par une volonté incroyable, neutralise 3 personnes et arrive à s'enfuir.

Elle fait à nouveau preuve de beaucoup de sang-froid dans une situation extrêmement périlleuse.

Surf Évasion [ Terminé ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant