Prologue

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DÉLIA

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DÉLIA

— Tu as froid ?

Les douloureuses tentatives de respiration de l'occupante de ce lieu sinistrement crayeux, envahit de bruits de machines et de bips incessants, me font saigner le cœur et les oreilles. La primadonna Miss Summers me toise brièvement de ses iris assombris par son glaucome rendu inopérable par le reste de son état. Posant une main tremblante sur le plastique difforme qui lui permet de respirer artificiellement, elle retire l'objet.

— N...on, réplique-t-elle d'une voix râpeuse, sans cacher sa déception.

— Je n'ai toujours pas froid. Je n'ai pas faim et je n'ai pas besoin de l'infirmier. Tu es pire que ta mère. Et pourtant...

A bout de souffle, elle marque une pause et repositionne son masque facial. Ses paupières convulsives abaissés m'arrachent un frisson. Je souffre de la voir souffrir. Et la pire chose -d'après Miss Summers- qui pourrait arriver à cet instant est que je faillisse à ma mission d'empêcher mes larmes envahissantes de m'inonder le visage. Retirant de nouveau son respirateur, elle reprend.

— Moi qui pensais t'avoir appris à être plus digne que ça. Es-tu là pour me décevoir ?

Je réponds de la tête par la négative.

— Je te l'ai déjà dit. Je ne veux pas de larmes dans cette chambre. Es-tu là pour me décevoir ?

Je refoule la chaleur qui se forme dans ma gorge et serre les abdos pour mieux supporter cette boule chauffante qui me brule le ventre.

— Je ne suis pas là pour te décevoir mais je ne peux rien te promettre mamie, Réponds-je après avoir repris mes esprits.

— Alors, raconte-moi ton épreuve de mathématiques.

Pour une fois, Miss Summers ne me réprimande pas. Elle n'a surement plus la force pour. Elle ne me regarde plus. Ses yeux cernés orientés vers le plafond semblent errer dans le vide créé par le silence ambiant. Même en phase terminale, Miss Summers garde son attitude gracieuse de diva qui a le don de ne charmer que moi.

— Pas mal... commenté-je vaguement.

Elle est empreinte d'une toux subite.

— Lang..., elle tousse de plus belle puis sollicite pendant plusieurs secondes son assistance respiratoire et parvient à enfin terminer sa phrase.

— Langage...Délia

J'ai tout sauf envie de parler des épreuves du bac. Seulement, la seule personne stressée par cet examen est précisément celle qui stresse la famille de par son état. Pur produit du MIT, Miss Summers est la définition de l'obsession pour les études, la discipline et le travail.

— Je révise le programme de terminale depuis la seconde mamie. Je connais le programme sur le bout des doigts. J'ai fait appel à ma logique et à mes souvenirs sur chaque exercice. J'ai bien utilisé mes dérivés sur mes différentielles et terminé l'épreuve suffisamment tôt pour refaire les cinq exercices une deuxième fois afin de confirmer mes résultats. Il ne reste plus qu'à attendre la note.

Pull MauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant