Chapitre 21

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DELIA

Gabriel est étrangement silencieux depuis que nous roulons

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Gabriel est étrangement silencieux depuis que nous roulons. Quelque fois, il se tourne brièvement et brise son expression sérieuse pour m'adresser un prompt sourire chaleureux avant de recouvrir son expression initiale. Il semble ailleurs. Derrière mes airs insensibles et détachés, je me fais violence pour ne pas lui demander ce qui se trame dans son esprit tordu. Seulement, je n'y arrive pas. Je suis plutôt très forte à ce jeu pourtant. Pfff ! Je me dégoûte ! Du peu que je connaisse Gabriel, je suis prête à parier qu'il est en train de manigancer un plan à la mords-moi le nœud pour m'empêcher de déjeuner avec ses potes.

— Tu as peur ? craqué-je, les yeux rivés sur la route.

— Hein ? Pourquoi tu demandes ça ?

— Tu n'as pas dit un seul mot en dix minutes. Je t'ai connu plus bavard.

Libérant une main de son volant, il la pose sur la mienne ; la caresse et entrelace nos doigts. Il attire ensuite ma main vers ses lèvres et y dépose un baiser avant de tenter une réponse furtive :

— Pour midi...commence-t-il sourcils froncés.

Nous y revoilà !

— Pour midi, ce n'est pas négociable Gabriel, coupé-je. Ce n'était pas la peine de passer dix minutes à élaborer une stratégie pour me faire changer d'avis.

Il soupire.

— Si ta réputation auprès de tes potes est plus importante que moi, fais-le moi savoir et...

— Non...ce n'est pas ça...enfin...je...

Je sais exactement ce qu'il craint. Et c'est précisément pour cette raison que j'ai intentionnellement attendu la dernière minute pour m'imposer à sa table. Et encore j'ai été sympa, j'aurais pu ne pas le prévenir et simplement débarquer à l'improviste à leur table. Il a quand même eu un préavis de quatre heures et malgré ça, il n'est pas serein. Je le savais. Je savais le jour où je me suis laissée charmer par un player que chaque discussion, chaque action réalisée à l'improviste serait compliquée. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Et si je n'ai pas le droit de me plaindre parce que je l'ai quand même choisi en connaissance de cause, eh bien lui non plus. Il savait dans quoi il mettait les pieds non ?

— Comment parles-tu de moi quand tu traines avec tes potes ? dis-je placidement, retirant ma main de la sienne.

— Hein ?

— Quatre langues Gabriel. Je parle couramment quatre langues : l'éwé, l'anglais, l'allemand et le français. Lorsque je m'adresse à toi, je privilégie la quatrième parce que ta carte d'identité dit que tu es français. Souhaites-tu vraiment que je reformule ma question qui au demeurant est on ne peut plus claire ou veux-tu que je la repose dans une des trois autres langues ?

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