Après une année de terminale riche en émotions, Délia décide de changer de continent pour poursuivre ses études universitaires. Un peu trop sûre d'elle et un poil hautaine, elle compte mener cette nouvelle vie comme elle l'entend, dans les règles de...
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Dans quoi me suis-je embarquée ? Punaise ! Pourquoi diable ai-je accepté d'aller à cette fichue soirée ? Arrgh ! Ça m'énerve trop. Je suis d'autant plus furieuse contre moi-même quand je vois le temps de trajet que m'annonce Google. Une heure et quart de trajet pour me rendre à l'adresse que ce Caleb vient de m'envoyer par SMS. Une putain d'heure plus quinze putain de minutes. Merde.
En plus j'ai la flemme d'aller me pavaner à une soirée à laquelle il n'y a aucune personne de confiance que je connaisse. J'ai la flemme de m'habiller et encore plus de me maquiller. De toute façon, avec la rage qui m'habite actuellement, impossible pour moi de faire correctement un trait de liner. Quelle excuse peux-je bien trouver pour me défiler ? En même temps, ce mec m'a promis de me passer tout le programme du cursus maths-info. Peux-je me défiler au risque de passer à côté de ces préciosités que sont les cours, les sujets de TD, de TP et des partiels des années précédentes ?
Argh !
Pense à toi Délia. Étape 2. Je souffle et regarde l'heure sur mon BlackBerry. Dix-sept heures quarante. La soirée commence à dix-neuf heures, il a dit. J'ai envie de pleurer. Je me traine malgré moi dans la salle de bain avec l'espoir que la douche que je m'apprête à soulagera mes nerfs.
Étape 2 Délia.
J'aime bien réviser et apprendre de nouvelles choses. Je ne considère pas tant les études comme un travail soutenu ou contraignant. Pour moi, le vrai travail c'est de trainer avec des gens qui ne m'intéressent pas et de dissimuler une part de moi pour avoir ce que je veux. Comme le disait miss Summers, « le vrai travail consiste à faire quelque chose de nécessaire dont on n'a aucunement l'envie afin d'atteindre efficacement ses objectifs. »
Elle me manque tellement. Bon, ce n'est clairement le moment de m'engager sur le terrain des souvenirs mélancoliques. Vraiment pas le moment Délia.
Concentre-toi plutôt sur ton objectif de la soirée.
Allez Délia ! Un petit effort ce soir et tu seras tranquille jusqu'au master.
Je ne suis tellement pas inspirée ce soir que je me dirige vers la partie sombre de mon placard et attrape une chemise-tunique noire en satin ; ainsi qu'une paire de cuissardes de la même couleur. Le noir est mon ami quand je n'ai pas d'idée. J'aime bien le rendu. Ce sentiment de satisfaction parvient à apaiser mes nerfs...suffisamment en tout cas pour que je réussisse mon trait de liner du deuxième coup. Je termine mon maquillage léger et attrape une pochette noire dans laquelle je transfère mon portefeuille et mon smartphone. Prenant une grande inspiration, je me dirige vers la porte de sortie ; prête à parcourir les une heure et quart de marche, puis bus, puis tram, puis marche. Pfff !
***
Après mon interminable périple, je me retrouve devant une espèce de villa dans le quartier du port de Nice. Impossible que je me sois trompée d'endroit vu les bruits de musiques et le tapage qui provient du roof top. Il est presque vingt-et-une-heure. Sans aucune conviction, je presse sur la sonnette à proximité du massif portail grillagé qui se dresse devant moi. Au bout de la troisième tentative, j'appelle Caleb et l'avertis de mon arrivée. Dès que je raccroche, les portails s'ouvrent automatiquement et je m'introduis dans la demeure. J'avance à tâtons dans les allées de la vaste aire gazonnée qui m'entoure. Quelques personnes, clopes ou autre substances pas très catholiques au bec, vagabondent au loin près d'une piscine excentrée. Un couple, adossé contre un arbre dans la pénombre, s'aspire violemment les lèvres. Je m'attends au pire. Je suis déjà épuisée.