Chapitre 20

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GABRIEL

Ne pars pas Gabriel

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Ne pars pas Gabriel...Reste...Reste avec moi.

Ces mots de de Délia me hantent l'esprit lorsque je claque à contre-cœur la portière de ma Wangler. Le navigateur affiche une heure et six minutes. Je n'ai pas vu le temps passer. C'est comme si celui-ci s'était arrêté dans l'appartement de Délia. J'aurais voulu qu'il s'arrête en tout cas. Car, je savourais chacune de ses anecdotes sur Lomé. Sa voix douce, profonde et terriblement sexy, son rire enjôleur, son souffle caressant dans mon cou et son corps contre le mien ...Hmmm...Son corps...me faisaient planer.

Ne pars pas Gabriel...Reste...Reste avec moi.

Malgré la tentation suggérée par sa voix ensorcelante, j'ai réussi à outrepasser ma très forte envie de passer la nuit chez elle. Cette fois-ci, je n'ai pas d'alcool ou de nicotine dans le système qui permettraient de neutraliser mes démons.

Mauve.

Contrairement à ce que j'imaginais, mon sevrage tabagique s'annonce plus difficile que ce que j'imaginais. Et tant que je suis éveillé et que je suis avec Délia, j'arrive à peu près à contrôler mes pensées. Seulement, le manque de nicotine ranime doucement mon traumatisme et je la ressens à nouveau. Cette foutue terreur qui alimente mon crane de scénarios funestes. Putain. Je ne veux plus revivre cet enfer. Putain. Pas encore. Pas maintenant. Pas avec elle. J'ai besoin de tenir.

Je presse fiévreusement mes paupières brulantes et plaque ma nuque contre le repose-tête pour tenter de contrôler la scène mortifiante qui m'envahit l'esprit.

Mauve.

S'est-elle endormie ? Respire-t-elle à cet instant ? Son cœur bat-il toujours ? Et son corps ? Est-il toujours à trente-sept degré ? Est-il toujours mobile ? S'étoufferait-elle en ce moment même dans son sommeil sans que personne le sache ? La retrouverais-je demain en vie ?

Je secoue vigoureusement la tête pour faire évaporer ces pensées morbides. En vain. Soudain, mes incontrôlables tremblements de mains me sortent de ce tourbillon infernal et me décollent les paupières au passage. Serrant fortement le volant, je fixe le croissant de lune qui semble me juger au loin, depuis la sombre voute céleste.

— Elle va bien. Elle n'a pas cessé de vivre pendant son sommeil. Elle sera toujours en vie demain, répété-je en boucle.

J'ai besoin d'une clope. J'ai besoin d'une putain de clope pour tenir. Juste une taffe...juste une putain de taffe pour calmer le monstre. Je prends une grande inspiration et libere du volant, une main que j'avance frénétiquement jusqu'à la boite à gants. Dès que je rabats l'ouverture du compartiment, j'en sors mon paquet secours non entamé de Marlboro ainsi qu'un briquet. La bouche convulsant, je plante les dents dans les plissures du plastique de protection que j'expédie aussitôt. Mon cœur s'emballe lorsque j'extraie enfin de la boite cartonnée mon premier tube de nicotine en deux jours. Je savoure la senteur distinguée et addictive du tabac au travers du cylindre bicolore, que je coince entre les lèvres. Rien que cet acte et cet automatisme anesthésie partiellement mes craintes. Ces notes boisées m'ont tant manqué...Comment ai-je pu penser arrêter mes doses quotidiennes sur un coup de tête ? Qu'est-ce qui m'a pris de dire oui ? Juste une taffe et je pourrai à nouveau redevenir moi.

Pull MauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant