Chapitre 19

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DELIA

Tu avais raison Miss Summers

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Tu avais raison Miss Summers.

Tu avais raison quand tu disais que rien ne se passe jamais comme prévu dans un projet de vie. Tu avais raison quand tu me disais d'avoir une stratégie pour me retourner au cas où. Tu avais raison et moi j'avais tort. Et maintenant, je ne sais pas quoi faire mamie. Non, je n'avais pas prévu de me faire gifler par un homme...enfin...un avorton. Jamais une situation comme celle-ci ne m'a traversé l'esprit. C'est précisément la raison pour laquelle, ça me brise les os de rester là, figée sur le parvis de la bibliothèque des Sciences. Adam n'a pas giflé que moi, il a aussi giflé mon assurance, mes étapes de vie et mon assertivité. Et ça fait mal ; bien plus mal qu'une claque. Ça fait d'autant plus mal lorsque la gifle vient d'une personne aussi lâche qu'Adam. Comment une personne avec autant de pouvoir peut-être aussi nulle et insignifiante ? Comment ai-je pu m'embourber dans une relation aussi inutile ? Serais-je aussi nulle que lui ?

Miss Summers, penses-tu que rien ne se passe comme prévu parce que j'ai changé ? Je veux bien t'accorder que j'ai perdu mon assurance de lady la seconde où j'ai laissé Adam coloniser ma parfaite vie. Je reconnais que je suis tombée bien bas l'instant où j'ai accepté de lui pardonner de m'avoir volé ma place dans la queue du Starbucks. Je mentirais si je disais que je ne me suis pas entêtée à me voiler la face depuis mon arrivée dans cette ville de malheur. Et, comme s'il s'était agi du retour de flamme de mon absence de discipline sur mes étapes de vie, la violente gifle d'Adam m'a ramenée à la triste réalité. J'ai été trop naïve envers le monde et trop malhonnête envers moi-même. J'ai été si naïve que j'ai laissé un garçon aussi transparent qu'Adam lever la main sur une étoile comme moi sans broncher. Penses-tu Miss Summers, que mes erreurs soient rattrapables ?

— Délia ?

Une Léa plus que paniquée se plante en face de mon corps figé par le choc.

— Ça va ? Continue-t-elle sur un ton léger qui se veut rassurant.

Je la dévisage en silence. Léa arbore une expression décomposée. Une espèce de pitié dégueulasse transpire de ses yeux. C'est donc à ça que je suis réduite Miss Summers ? A une vulgaire victime dont tout le monde a envie d'avoir pitié ? Quelle horreur ! Ça me fout la gerbe et je suis sûre que toi aussi.

— Tu m'entends ? martèle la sœur de Gabriel alors que je peine à me remettre de mes émotions.

Que m'arrive-t-il bon sang ? Comme des termites affamés, des frissons me parcourent inlassablement le corps. J'ai chaud. J'ai froid. Je me sens sale.

— Tu m'inquiète Délia. Réponds-moi s'il te plait, insiste-t-elle affolée par ma passivité et mon mutisme.

Non, ça ne va pas. Évidemment que ça ne va pas ! Mon égo et moi venons de nous faire gifler par un nabot !

— Pourquoi ça n'irait pas ? questionné-je pourtant en retour.

Haussant les épaules, je détourne mon regard des prunelles vertes et terriblement inquisitrices de mon interlocutrice et tente de garder une expression des plus neutres. Il faut que je garde la tête haute...enfin...il faut que j'essaie.

Pull MauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant