Après une année de terminale riche en émotions, Délia décide de changer de continent pour poursuivre ses études universitaires. Un peu trop sûre d'elle et un poil hautaine, elle compte mener cette nouvelle vie comme elle l'entend, dans les règles de...
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— Bienvenue Délia !
L'intérieur de la maison des Bamba exhale une élégance discrète, mêlant tradition ivoirienne et modernité méditerranéenne. Dès l'entrée, les larges dalles en pierre polie, m'accueillent avec une sensation apaisante, comme un souffle chaleureux face à la fraicheur automnale. Les murs, peints dans des tons crème et terracotta, contribuent à l'ambiance lumineuse et apaisante. Il faut aussi dire que l'accueil chaleureux du docteur aide également. Son air à la fois serein et imposant est accentué par son regard franc.
— Merci Monsieur Bamba, dis-je en lui tendant le sac à vin qui me pend au bout des doigts.
— Quelle belle attention ! dit-il d'une voix, grave et posée. Installe-toi au salon. Gabriel est sous la douche. Ne me demande pas comment c'est arrivé mais il s'est mis du jus de poisson partout en cuisinant. Je vais prévenir Thibault et Léa.
Le salon, pièce centrale de la maison, est dominé par une cheminée éteinte en pierre de taille, autour de laquelle sont disposés de grands canapés aux tissus naturels, dans des nuances de lin et de sable. Un mix de coussins aux motifs bogolans et provençaux, dans des tons de bleu ciel et de safran, ajoutent une touche de gaieté et de confort. Au centre, une grande table basse en bois brut sert de point de rassemblement pour quelques magazines culturels et scientifiques. Les pieds ornés de motifs ethniques font écho aux masques Baoulé accrochés aux murs.
— Bonsoir Délia !
Une femme d'un âge imperceptible, aussi fine et élancée que Grace Jones m'accueille les bras ouverts. Passant outre mon hésitation, elle m'emprisonne dans ces derniers.
— Je m'appelle Amani, se présente-t-elle.
— B...bonsoir Madame Bamba.
— Pitié non ! Ce patronyme est plus que dépressif. Lorsque je l'entends, je me vois en maison de retraite à manger une bouillie, attendant désespérément la prochaine visite de mon ingrat de fils. Appelle-moi Nini. Tout le monde m'appelle Nini.
Thibault et Gabriel m'ont tellement dépeint une femme hystérique et à cheval sur tout que je ne m'attendais pas à un tel accueil. Amani Bamba et son sourire radieux contrastant avec sa peau ébène, et ses fossettes enjôleurs, et sa voix mélodieuse, semblent pourtant à des années lumières de cette description. Vêtue d'une magnifique robe trainante, se confondant avec la couleur de sa chair, la femme à la beauté éthérée rassemble, de ses bras ornés de bijoux, les micro-tresses interminables qui lui retombent jusqu'en bas du dos.
— Enchantée Nini, réponds-je en esquissant un sourire.
— Merci beaucoup pour la bouteille de vin. Si cela ne te dérange pas, je vais la garder pour une meilleure occasion. Thibault et Léa sont privés d'alcool jusqu'à nouvel ordre. Gabriel sera votre chauffeur à Léa et toi, donc il en est privé également.
