Chapitre 8

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GABRIEL

 — Ça va ?

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 — Ça va ?

Délia est silencieuse depuis près de cinq minutes. Enfoncée dans son siège, la nuque plaquée contre le repose-tête, son corps semble figé. Seul son index droit, levé, tapote d'un rythme cadencé contre l'accoudoir. D'ailleurs, comme si, l'ambiance dans la voiture n'était pas assez maussade, les voix moroses de Seal et Mylène Farmer s'échappant de la radio en rajoutent une couche.

Craignant de m'endormir au volant, j'éteins alors la radio et entreprend de forcer la conversation avec ma voisine.

— Noooon ! s'écrie-t-elle brusquement d'une voix brisée et tremblante dès que je cloue le bec au duo. Puis, elle se penche précipitamment pour rallumer le poste.

Reprenant sa position initiale, Délia se met à remuer discrètement ses lèvres luisantes sur les paroles de la chanson. Derrière les brindilles dorées de ses lunettes noires, son œil visible semble fixer au loin un point. Comme si elle était ailleurs. Une petite larme s'échappe de sa prunelle.

— Tu...tu pleures...tu veux que je m'arrête ?

Aucune réponse.

— Dé...Délia ?

Toujours pas de réaction.

— Délia ?

Et, comme si elle reprenait possession de son corps, elle sursaute et me répond enfin.

— Oui ?

— Tu es sûre que tout va bien ?

— Pourquoi tu me poses cette question ?

— Parce que tu pleures.

— Comment ? Ah ça ? demande-t-elle, découvrant en même temps les gouttes naissantes aux coins de ses yeux

— Ce n'est rien.

— C'est Mylène qui te met dans cet état ? demandé-je en clouant le bec à l'animateur radio qui reprend l'antenne à la fin de la chanson.

— Pourquoi dis-tu ça ?

— Je ne sais pas...Tu semblais être entrée dans un état second quand...

— J'avais la tête ailleurs. Tu peux rallumer la radio ?

Ça me fait bizarre de voir une nana aussi présomptueuse et froide que Délia dans un tel moment de vulnérabilité. Comme si, pendant ces dernières minutes, elle avait malencontreusement perdu sa carapace.

— Pourquoi ne veux-tu pas en parler ? insisté-je.

Elle soupire.

Les mots, était la chanson favorite de ma mamie. On faisait un duo à chaque cousinade. Elle était au piano et chantait la partie de Seal. Et moi celle de Mylène.

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