Chapitre 9

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DÉLIA

Nous roulons depuis une dizaine de minutes maintenant et Gabriel est particulièrement silencieux

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Nous roulons depuis une dizaine de minutes maintenant et Gabriel est particulièrement silencieux. Il n'a pas décroché le moindre mot depuis qu'il a pris place derrière le volant. Ni un regard d'ailleurs. Mâchoires serrées, il fixe la route sans broncher. Cette fois-ci, le silence ne le dérange pas. Bien au contraire, j'ai l'impression qu'il s'en délecte car même la radio est éteinte. Seulement, ce silence me dérange. Pas parce que je le trouve gênant mais parce que je commence à trouver Gabriel drôlement intéressant...enfin pas si nul que ce qu'il pouvait laisser paraitre. Cela dit, je n'en reviens toujours pas qu'il ait eu le cran de me dire toutes ces obscénités en face, sans ciller, sans hésiter. Était-ce de l'inconscience ou du courage ? J'hésite encore. Selon mes critères, Gabriel correspond à quatre-vingt-dix pour cent au prétendant pour une nuit ; à quelques pour cent au pote sans ambiguïté qui accepte sa condition de friendzoné ; et à quelques centièmes de pour cent au mec pour la vie. Bref, j'aurais déjà dû l'archiver au cimetière des loosers obsédés mais pour une raison que j'ignore, j'hésite encore.

Je crois que j'aime bien le fait qu'il prenne autant de risques pour m'impressionner. Il est parvenu à éveiller non seulement ma curiosité mais aussi la joueuse qui sommeille en moi. Et là, la seule chose qui m'intrigue est de savoir jusqu'où il est capable d'aller pour me séduire...enfin...le temps d'une nuit bien sûr. Habituellement, une telle tête de frustré m'aurait laissé indifférente, jusqu'à ce qu'il craque. Mais là, le calme assourdissant ambiant commence à m'ennuyer et mon envie de me distraire en ce beau jour ensoleillé croit à mesure que nous roulons.

— Gabriel ? tenté-je, me tournant vers lui.

— Oui ?

— Tout va bien ?

— Oui.

Il semble furieux. Soit. J'espère en tout cas que je n'ai rien à avoir avec son état parce que sinon ça va très vite m'agacer.

— Entre nous j'entends, insisté-je quand même.

Maintenant le volant d'une main, il frotte à plusieurs reprises ses lèvres de l'autre.

— Il n'y a pas de nous, Délia. Il y a toi et plus loin, il y a moi. Pour que tout aille bien entre toi et moi, il faudrait déjà qu'il y ait quelque chose.

Roh la laaaaaaa !

Miss Summers, tu vois quand je te disais que je ne veux pas de gamin ? Gabriel doit avoir quoi ? Environ quatre ou cinq ans de plus que moi ? Et il agit comme un môme qu'on aurait privé de doudou. Alors non, je ne suis pas déraisonnable quand dans mes critères pour définir le bon, je rajoute une dizaine d'années de plus que moi. Les crises d'adolescence tardives ne sont clairement pas mon fort. Et puis, je materne déjà Palomita. Je n'ai pas besoin d'un deuxième gosse.

— Si je comprends bien, tu fais cette tête de miséreux parce que j'ai été indifférente à ta tirade ?

J'ai envie de rajouter « à la con », mais, je me dois d'être paix et amour...même si le casse-pied assis à côté de moi me pousse à bout. Respire Délia. Je sais que je suis impulsive et je ne sais même pas s'il mérite que je me retienne autant de lui dire ses quatre vérités. A dire vrai il ne mérite même pas ma compagnie.

Pull MauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant