José grimpe sur le ring pour annoncer une pause de vingt minutes avant le prochain combat. L'homme a une trogne sympathique, fendue d'un large sourire, j'en viens presque à regretter qu'il ne pousse pas la chansonnette comme Max nous l'avait annoncé. Fred me fait signe de le suivre et on se dirige vers le bar pour tenter d'arracher deux bières à la foule impatiente et rigolarde.
On n'attend pas longtemps avant qu'Artus sorte des vestiaires improvisés, les cheveux ébouriffés encore collés de sueur, la peau rougie par une serviette énergique : j'imagine qu'ils n'ont pas de douche là-derrière.
Il fend lentement le public des supporters, interpellé par ceux qui le connaissent, ceux qui veulent commenter le combat, ceux qui lui tapent sur l'épaule pour l'encourager, souriant à tous, une petite blague aux uns, un high five ici, un selfie là surtout quand c'est demandé par une jolie fille... Quel numéro ! Où est passé le garçon indolent, scotché à la fenêtre les rares fois où il daigne venir au bureau ?
Au bout de quelques minutes, il nous repère et se dirige dans notre direction.
Fred l'apostrophe d'un ton moqueur.
- Heureusement qu'on n'a pas parié sur toi !
Artus réplique avec une petite grimace sarcastique.
- Merci de tes encouragements Fred, ça me touche beaucoup !
Avant d'enchainer, mi-figue mi-raisin.
- Il va falloir m'expliquer ce que vous faites là !
- Ha ha ! Mes condoléances ! Tu es un auteur d'Alix maintenant, tu n'as plus droit à une vie privée, se gausse mon cher et tendre.
Artus se tourne vers moi d'un air inquisiteur. Je me défausse comme je peux.
- Paris est un village ! Tout se sait...
Il n'a pas l'air convaincu, mais je suis sauvée par Fred qui brûle de partager ses avis techniques.
- T'es allé trop vite au sol ! Tu aurais dû le fatiguer davantage, mieux contrôler l'enchainement... Dans l'aérien, tu dominais !
Artus écoute son analyse avec un sourire contraint, mais je vois bien qu'il me cherche du regard. Quand Fred termine son debrief, il profite du court silence pour s'adresser à moi.
- En tous cas, tu as une voix qui porte...
Sa voix à lui semble résonner d'encore plus profond que les catacombes. Mais je sais qu'il sait que j'ai eu raison de lui crier d'abandonner tout à l'heure, alors je me contente de rétorquer en souriant.
- Ça fait partie de mon job de te prodiguer des bons conseils !
Je reprends sur un ton plus sévère, en englobant le ring et la salle troglodyte d'un geste réprobateur.
- D'ailleurs, si j'ai un autre bon conseil à te donner, c'est d'arrêter tout ça !
- Heiiiin ? font Artus et Fred d'une même voix indignée.
- Tu ne peux pas lui demander ça ! s'indigne Fred en posant une main protectrice sur l'épaule de son poulain. Y'a deux trois choses à régler, mais il est doué !
Artus me sourit d'un air narquois, en croisant les bras.
- T'as entendu le coach ! Je suis doué...
Je secoue la tête devant tant d'inconscience et je soupire.
- Fred, c'est ton premier match de martial machin mixte... Arrête de parler comme si tu avais entrainé Mike Tyson !
Fred grommelle et je sens qu'il est à deux doigts de citer le passage sur le pancrace dans sa thèse sur "Jeux Olympiques et arbitrage des conflits dans la Grèce antique, de l'initiative d'Iphistos à l'édit de Théodose"... Heureusement, Artus s'agite et le coupe dans son élan.
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Il faudra beaucoup m'aimer (Terminé)
RomanceAlix a 28 ans, un fiancé adorable, une vie parisienne assez cool, et un métier passionnant dans l'édition. Tout va pour le mieux jusqu'à ce qu'on lui demande de gérer le premier roman d'un jeune prodige de dix-huit ans. Sauf que le petit génie n'a a...