C'est un coup de tonnerre contre les lauzes du toit qui me réveille en sursaut le lendemain matin. Artus est déjà levé et le lit me parait vide sans sa présence à mes côtés.
Je me frotte les paupières en grognant. Manifestement le temps ne s'est pas arrangé et je commence à me demander si on a bien fait de se réfugier dans ce coin perdu.
J'attrape mon téléphone. Il n'y a pas de réseau mais l'écran m'indique qu'il est presque dix heures. On va dire que j'avais besoin de me reposer.
Le sac d'Artus gît grand ouvert au pied du lit. Il a emporté trois vêtements et il arrive à les éparpiller comme si la tornade du dehors avait traversé la pièce. Du coup, je m'empare d'un de ses tee-shirt avec une petite grimace de satisfaction. Il n'avait qu'à pas le laisser trainer. Le vêtement me fait une robe courte et un rapide coup d'œil dans la glace me confirme qu'il n'y a pas qu'à Artus que les tee-shirts vont bien.
Je descends l'escalier, qui craque sous mes pas.
Le petit génie est dans la salle commune, penché au-dessus de l'évier de la cuisine, et se retourne avec un sourire lumineux. Il est vêtu d'un simple short et torse nu, mais un bon feu ronfle dans la cheminée qui répand une douce chaleur.
- Comment tu te lèves tôt par rapport à Paris ! je grommelle.
- Je suis un vrai montagnard, m'accueille-t-il d'une voix joyeuse.
Je remarque ses cheveux mouillés.
- Tu es sorti ?
- J'ai voulu profiter de l'accalmie, mais il s'est mis à pleuvoir juste après. J'ai quand même réussi à acheter deux trois trucs à bouffer, à la ferme en contrebas.
- Le père Grange ?
- Oui ! Il m'a dit qu'il fallait s'attendre à ce qu'il pleuve toute la semaine.
Je ne peux m'empêcher de ricaner au souvenir du vieux paysan, qui doit avoir au moins cent ans aujourd'hui.
- Laisse-moi deviner. C'est son corps au pied qui le travaille, c'est ça ?
- Ça. Et aussi la météo au journal télé.
Je m'étire en baillant.
- La télé ? J'espère qu'ils ne vont pas nous envoyer une équipe de reportage. Sinon, ç'en est fini de notre anonymat !
Artus secoue la tête.
- Aucune chance. Il parait que ça tombe sur toute la France. Sauf la Corse qui est en flammes, avec les vents violents.
- Le timing idéal pour fuir dans un endroit paumé !
- Avec un peu de chance, on restera bloqués ici deux ou trois semaines ! réplique-t-il, et cette perspective semble l'enchanter.
- Pff. Ton père aura levé une armée avant !
- Il sait qu'on est ici.
J'ouvre grand les yeux, surprise par cette révélation.
- Ah bon ? Tu es certain ?
- A peu près, me répond-il sur un ton indifférent. J'ai trouvé un coin où ça captait, sur le haut du village, et je l'ai eu deux minutes en ligne.
- Il t'a avoué qu'il te faisait suivre ?
Il rit en secouant la tête.
- Non. Au contraire, quand je lui ai dit que j'étais dans le Sud il a eu une réaction tellement étonnée que ça paraissait totalement surjoué. Je lis en lui comme un livre ouvert...
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Il faudra beaucoup m'aimer (Terminé)
RomanceAlix a 28 ans, un fiancé adorable, une vie parisienne assez cool, et un métier passionnant dans l'édition. Tout va pour le mieux jusqu'à ce qu'on lui demande de gérer le premier roman d'un jeune prodige de dix-huit ans. Sauf que le petit génie n'a a...