J'ai décliné la proposition de moto d'Artus, une fois m'a suffi ! Et j'ai piqué la Mini en espérant que Fred ne va pas porter plainte pour vol, vu que les papiers sont un peu à son nom.
Artus fait le geste de s'installer au volant.
- C'est ma voiture, Artus, c'est moi qui conduis.
- Une Cooper S ? Prête un peu tes jouets, Alix !
- Popop, mon garçon. Je t'ai vu conduire une moto : hors de question que je te mette un volant entre les mains !
- Mais c'est le rôle de l'ho...
Artus a assez de bon sens pour s'arrêter au milieu du mot, mais la phrase s'imprime dans l'air assez facilement.
- Artus si tu finis cette phrase, je t'attache à l'arrière et sur un siège enfant.
Il avale sa salive et tente de m'arracher une dernière concession.
- Tu me passeras quand même le volant sur les petites routes ?
Bon, on finit par démarrer. Nos affaires prennent toute la place dans le coffre et pourtant, le minuscule sac d'Artus doit contenir au mieux deux ou trois tee-shirts et, si on a de la chance, un slip propre.
Le petit génie s'est bombardé co-pilote, la bonne excuse pour prendre la main sur le navigateur, la musique, la clim... et s'acharner sur tous les réglages possibles. Je pense qu'il se venge de ce que je ne l'ai pas laissé conduire.
- Tu ne veux pas, je sais pas, contempler le paysage ?
Artus me regarde comme si j'étais une extra-terrestre.
- Contempler le paysage ?
Il se carre dans son siège, croise les bras, et égrène d'une voix sombre.
- Oh, je vois une voiture ! Tiens, une autre voiture ! Tiens, là, y'a un camion...
- Artus...
- OK, OK, se résigne-t-il en abandonnant la partie. Tu me dis dès que tu es fatiguée, je prendrai la relève !
Là-dessus il se tourne vers la portière et se love confortablement contre la vitre. Deux minutes après, j'entends sa respiration régulière. Je tourne la tête pour vérifier : son grand corps est affalé sans vergogne, le visage lisse, les yeux clos. Même en dormant il affiche une sorte de demi-sourire plein de morgue. Tant mieux pour lui si tout ça l'amuse.
Pour ma part, je suis bien plus tendue et je me demande encore si on a pris la bonne décision.
Le livre va paraitre, je m'y suis engagée. Mais alors que je préconisais qu'on se planque chacun dans nos familles en attendant le lancement, Artus m'a persuadé du contraire. J'oublie toujours que son cerveau est une mécanique de précision, et j'en ai un bon aperçu quand il pose méthodiquement les options sur la table.
- Si on disparait, qu'est-ce qu'il va se passer selon toi ?
- On va gagner du temps...
- Faux ! Ils vont chercher une nouvelle cible ! Dürer, ou plus haut. Ils seront bien obligés d'actionner un autre levier.
- Mais...
- C'est pas la mafia, Alix ! Ils veulent pas nous balancer à la mer après nous avoir coulé les pieds dans le béton ! Ils veulent juste empêcher la parution du livre.
- Parce que nous filmer dans l'intimité, tu ne trouves pas ça un peu mafieux ?
- Simple levier de pression. Leur objectif, c'est de te faire lâcher le bouquin, c'est tout !
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Il faudra beaucoup m'aimer (Terminé)
RomanceAlix a 28 ans, un fiancé adorable, une vie parisienne assez cool, et un métier passionnant dans l'édition. Tout va pour le mieux jusqu'à ce qu'on lui demande de gérer le premier roman d'un jeune prodige de dix-huit ans. Sauf que le petit génie n'a a...