Chapitre 25

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On a fait l'école buissonnière. Une auberge accueillante à midi. Un peu de tourisme. Des routes de campagne tortueuses à souhait.

Quand Artus gare la Mini sous les chênes centenaires d'un immense mas provençal, la fête a déjà commencé.

La propriété s'étend à perte de vue, avec ses nombreux bâtiments en pierre sèche à triple génoise, une piscine grande comme un lac, et des rangées d'oliviers en restanque, tous impeccablement taillés.

- Art', mon pote !

- Hal !

Un jeune homme en uniforme chamarré et gants blancs se dirige vers nous. Je reconnais à la dernière minute le bicorne des polytechniciens qu'il tient à la main.

- Heu... C'est une soirée déguisée ?

Le nouveau venu hausse les épaules d'un air affligé.

- C'est un pari perdu avec ma sœur. Je suis obligé de porter ça toute la soirée ! se plaint-il.

- La civilisation occidentale s'est écroulée le jour où ils t'ont accepté à l'X ! se moque Artus, avec une complicité évidente.

- Faux ! Cet uniforme n'a été dessiné que pour être sublimé par une peau noire, réplique son pote en faisant rouler ses épaules sous l'habit parfaitement ajusté.

- Alix, arrête de le mater comme ça ! s'insurge Artus, en feignant la panique.

On se marre tous les trois et cela a le mérite d'alléger l'atmosphère.

- Bravo ma poule, tu seras le plus beau sur les Champs-Elysées, le complimente Artus d'un ton sincère tout en l'embrassant chaleureusement.

- Tant que j'embroche pas mon voisin en défilant ..., ricane Hal en faisant de grands moulinets d'un sabre imaginaire.

Puis il se tourne vers moi, avec intérêt.

- Qui nous as-tu amené ?

Le garçon se penche avec élégance, et effleure des lèvres le bout de mes doigts.

- Ludovic-Charles-Théodore, troisième du nom. Mes amis m'appellent Hal.

Artus lui entoure l'épaule amicalement.

- Hal comme l'ordinateur démoniaque dans le film de Kubrik. Ça te renseigne à la fois sur son niveau en maths et sur son caractère horrible.

- Ne l'écoute pas, je ne suis pas si bon en maths...

Je commence à me présenter quand nous sommes interrompus par une jeune femme, copie conforme de notre hôte, même haute silhouette altière, même peau d'une ébène soyeuse.

- Bonjour, je suis Elle, m'annonce-t-elle avec un sourire accueillant.

- Joli prénom !

- En fait, mon prénom c'est Inaya. Mais comme mon imbécile de frère se fait appeler Hal, ses idiots de copains n'ont rien trouvé de mieux que m'appeler Elle.

Je la regarde, décontenancée, avant de comprendre.

- Les jumeaux...

- Faux-jumeaux, précise Elle. J'ai pris le charme, la beauté, l'intelligence. Il n'a eu que...

Elle tourne vers son frère un visage faussement inquiet.

- Qu'est-ce que t'as récupéré, au juste ?

Il lui sourit avec beaucoup de tendresse.

- Une sœur ?

- Beau parleur. Le jour où tu te lances en politique, je te renie !

Il faudra beaucoup m'aimer (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant