- Je sors à la prochaine, on va s'arrêter là.
Artus me regarde, maussade.
- Un hôtel d'autoroute ? Vraiment ? Super, le week-end de charme !
- Il est déjà vingt et une heure. On ne va pas débarquer chez tes potes à trois heures du matin.
Cinquante minutes de bouchons rien que pour sortir de Paris, ça a longtemps été ma définition du cauchemar éveillé. Enfin, ça, c'était avant qu'on ne me filme dans mon intimité et qu'on menace de montrer le résultat à tout mon entourage.
Artus n'a pas ce genre de préoccupation.
- T'inquiète, j'ai prévenu qu'on n'y serait que demain, pour la soirée.
Il me regarde, avec une excitation mal contenue.
- Attends-toi à une big party, c'est des fêtards !
Je soupire.
- Des lycéens alcoolisés en train de jouer au bière-pong... Je m'en réjouis d'avance !
Il hausse les épaules.
- Je t'aurais bien proposé un week-end en amoureux, mais tu ne m'avais pas l'air réceptive.
- Non, non, la fête dans le Sud, c'est très bien comme alibi.
Je gare la voiture sur le parking goudronné de l'hôtel qui, il faut le reconnaitre, ne paye pas de mine avec sa façade anonyme nimbée d'une lumière de néon rose et bleue.
Artus me lance un nouveau regard, lourd de reproche.
- Qu'est-ce que ce qu'ils vont penser de toi, mes parents, quand ils recevront le rapport de mon garde du corps ?
J'englobe le bâtiment miteux et l'autoroute d'un geste théâtral.
- Tu voulais une fuite paniquée et désordonnée : c'est ce que j'ai trouvé de mieux !
Il reconnait, en maugréant, qu'un Relais & Châteaux aurait été moins crédible, puis se déplie hors de la voiture en s'étirant comme un chat.
- Ouah. On est cassé en huit dans cette bagnole !
- J'imagine que tu as l'habitude de voyager en limousine !
Il me regarde d'un air de commisération.
- Le groupe a un jet privé.
J'aurais dû m'en douter. Il ne peut s'empêcher d'ajouter avec un regard futé.
- Mais ça ira mieux si je prends le volant demain, hein ?
- On verra ça, Artus, je réponds distraitement, tout en examinant le parking d'un air suspicieux.
Artus m'interroge du regard.
- Je vérifie si on nous a suivi...
Il hausse les épaules.
- Normalement, on devrait les avoir à nos trousses.
- Comment on fait pour s'en assurer ?
- Je ne sais pas, avoue-t-il. Dans les films, d'habitude, ils cherchent à semer à leurs poursuivants, pas à les appâter !
Il baille longuement.
- Bah, c'est des pros... Faut leur faire confiance !
Avant de se diriger vers l'hôtel, où on est accueillis par un étudiant mal réveillé.
- Vous avez une chambre libre ? demande Artus en extirpant une carte bancaire tordue de la poche arrière de son jean.
Je m'interpose, en plaquant fermement mon portefeuille sur le comptoir.
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Il faudra beaucoup m'aimer (Terminé)
RomanceAlix a 28 ans, un fiancé adorable, une vie parisienne assez cool, et un métier passionnant dans l'édition. Tout va pour le mieux jusqu'à ce qu'on lui demande de gérer le premier roman d'un jeune prodige de dix-huit ans. Sauf que le petit génie n'a a...