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Cette estrade, ça lui rappelait bien des souvenirs, le jour de son intégration au bataillon, ses nombreux doutes, sa peur de regretter, de mourir. Oui, il y a une dizaine d'années c'était elle qui se trouvait à la place de tous ces soldats qui arborent encore le symbole des brigades d'entraînement.

Aujourd'hui, elle se trouvait dans un coin de cette estrade, parmi les vétérans, et elle écoutait avec soin le discours du grand blond qui s'adressait aux nouvelles recrues, planté au milieu de cet espace surélevé, le dos droit, les mains liées dans le dos et le menton relevé lui donnant une assurance indéniable, il représentait fièrement ce corp d'armée si critiqué.

Il ne mâchait pas ses mots et ne leur vendait clairement pas du rêve, loin de lui était l'intention d'idéaliser leur futur s'ils s'engageaient dans le bataillon, non, il ne faisait que leur dire la vérité sur l'horreur qu'ils vivraient en restant ici.

Élise était placée juste derrière Petra, lorsque le major parla des soixante pourcents de pertes parmi le bataillon en quatre ans, elle la vit serrer plus fermement le rouleau de papier qu'elle tenait dans ses mains, elle posa une main compatissante sur l'épaule de la jeune femme, elle ne savait que trop bien ce qu'elle avait vécu ces dernières années, ce qu'ils avaient tous vécu.

Il continua en parlant d'Eren, ce garçon aux capacités titanesques, d'après les informations qu'ils détenaient, la cave des Jaeger se trouvant à Shiganshina renfermerait le secret des titans, là était l'objectif premier du major désormais : accéder à cet endroit. Dans un mois, la cinquante-septième expédition extra-muros aurait lieu, la porte de Trost étant fermé depuis la dernière attaque, les troupes passeraient par le district de Karaness. Oui cette opération était risquée, comme toutes, oui ce serait probablement dur, oui il y aurait des morts, mais ceux qui resteraient et rejoindraient leurs rangs aujourd'hui participerons à la libération de l'humanité.

- Si certains veulent partir, qu'ils le fassent maintenant, conclu Erwin à la fin de son discours.

Le silence fut brisé par des centaines de soldats se mouvant, faisant demi-tour pour quitter cet endroit avant que leur vie ne devienne un cauchemar, apeurés par ce discours si cru. À première vu on aurait pu croire qu'ils avaient tous quitté le devant de l'estrade, mais lorsque la foule se dissipa, même avec l'obscurité de la nuit, on put facilement distinguer une dizaine de silhouettes restantes éclairées par les torches.

Parmi elles, se trouvait Jean, comme il l'avait annoncé à sa tante quelques jours avant, il comptait bien entrer dans le bataillon et à ses cotés, d'autres membres de sa promotion sur lesquels Élise n'eut pas de mal à mettre des noms grâce aux histoires que son neveu lui avait raconté sur ses camarades de promotion, à commencer par Armin et Mikasa qu'elle avait déjà vu auparavant.

Petite, blonde, aux yeux bleus avec une vraie bouille de princesse.

Christa Lenz

Souvent avec la princesse, grande, brune, tâches de rousseur et un air pas aimable.

Ymir

Petit, chauve, paraît dénué d'intelligence.

Connie Springer

Cheveux bruns attachés en une queue de cheval haute, mignonne d'apparence qui est apparemment une vraie morfale en réalité.

Sasha Braus

Grand, blond et baraqué.

Reiner Braun

Souvent à ses côtés, grand, mince, à l'air timide.

Berthold Hoover

Et pour finir, un grand châtain aux yeux marrons avec un air beuné...

Mon abruti de neveu


La caporal fut sortie de ses pensées par Erwin qui félicitait ceux qui étaient restés, leur accordant son respect et leur assurant qu'ils étaient courageux et feraient probablement d'excellents soldats.

Lorsqu'il eut finit et que la cérémonie était officiellement terminée, Élise s'approcha du bord de l'estrade et descendit de celle-ci sans prendre la peine d'utiliser les escaliers pour rejoindre les nouvelles recrues.

- Bienvenus chez les suicidaires les jeunes, alors comment vous vous sentez à présent ? Demanda-t-elle l'air enjouée alors que ces interlocuteurs étaient totalement paniqués.

Jean eut envi de faire comme s'il ne la connaissait pas en la voyant agir de la sorte parce qu'il savait pertinemment que son seul but était de lui mettre un semblant de honte, ce qui marcha, le brun baissa la tête et porta sa main à son front.

- Ho non... marmonna-t-il exaspéré.

- Bha alors tu me présentes pas ? Continua la caporal en regardant son neveu désemparé.

- T'es obligée de faire ça maintenant Éli ? Sérieusement ?

Ses camarades abandonnèrent leur panique pour les regarder bouche-bée, surpris que leur ami parle aussi familièrement à une vétérane, qui plus est une de leur supérieure désormais.

- Bon bah puisque tu ne veux pas le faire, réprimanda-t-elle gentiment. Caporal Élise Kirstein, ravie de vous connaître ! Se présenta-t-elle en regardant le reste de l'équipe dont la mâchoire se décrocha en entendant son nom de famille.

- Je vous présente ma tante... ajouta Jean en marmonnant.

Après ça, la caporal dut retourner à son devoir de soldat et rejoindre ses collègues pour regagner le château, en s'éloignant, elle écouta d'un air amusé les remarques des soldats au loin.

- Tu m'avais pas dit que t'avais une tante aussi canon dans l'armée ! S'exclama une voix qu'elle identifia comme celle du chauve.

- He doucement je te rappelle que tu parles de ma tante là ! S'énerva Jean.

La jeune femme étira un léger sourire, fière de son coup. Malgré ce qu'elle voulait bien faire croire, il y avait des moments où elle perdait totalement son sérieux et redevenait une vraie adolescente, Hanji avait dû déteindre sur elle au fil des années. Celle-ci rigola d'ailleurs de la scène qu'elle avait pu apercevoir lorsqu'Élise arriva à son niveau, même sans entendre ce qu'ils se disaient, c'était apparemment aussi drôle de loin que de près.

- Ça y est t'as fini de t'amuser ? Demanda Auruo déjà sur son cheval avec son habituel air hautain.

- Arrêtes de la ramener tu étais le premier à te moquer d'eux quand elle est partie les voir, lui rappela Petra.

Élise adressa un signe de tête complice à la rousse pour la remercier d'avoir fait taire Auruo, c'était la meilleure dans ce domaine là.

Demain, les nouvelles recrues se rendrait au château à leur tour, Élise avait presque hâte d'apprendre à connaître l'entourage de son neveu, ils avaient l'air d'être une sacré équipe.

Rien d'étonnant pour des gamins qui ont décidé de rejoindre le bataillon, pensa-t-elle.

Devoir de mémoire ( Erwin x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant