Devoir de mémoire ( Erwin x OC )

54.

Les rayons du soleil passaient à travers la fenêtre déjà ouverte de la chambre, laissant les rideaux en voile blanc virevolter au rythme de la brise matinale.

Elle se leva et sortit de sa chambre, longeant le mur fait tout de bois avant d'atteindre les escaliers qu'elle descendit en frôlant de sa main la rampe, sentant les fissures du bois passer sous son toucher.

Lorsqu'elle entra dans la cuisine, deux tasses fumantes étaient posées sur la petite table ronde, et assis à l'une des deux chaises, vêtu d'un simple pantalon marine et d'une chemise blanche, les jambes croisées et un journal ouvert devant ses yeux, un homme l'attendait.

- Vous êtes bien matinal monsieur Smith, salua-t-elle en s'approchant de lui, un sourire étirant le coin de ses lèvres.

- J'espère ne pas vous avoir réveillé, madame Smith, répondit celui-ci en baissant son journal, arborant le même sourire qu'elle.

Une fois à son niveau, le blond passa ses bras autour de la taille de la jeune femme et cette dernière, encadrant son visage de ses mains, approcha le sien pour déposer un baiser sur ses lèvres avant de prendre place sur l'autre chaise.

Élise

Son regard se porta sur la fenêtre située derrière Erwin, persuadée d'avoir entendu un murmure lointain l'appelant.

Elle se leva, s'approchant lentement de la vitre.

Élise

- Tu as entendu ? Demanda-t-elle, continuant de fixer l'horizon où s'étendait seulement de l'herbe à perte de vue, illuminée par le soleil.

Aucune réponse ne parvint à ses oreilles.

- Erwin ? Appela-t-elle en se retournant.

Mais la vision s'offrant à elle la sidéra sur place. Éclairée pleinement par la lumière du jour quelques secondes auparavant, la pièce était maintenant plongée dans une étrange obscurité, et désormais debout derrière la chaise qu'elle occupait avant, Erwin se tenait là, vêtu de l'uniforme du bataillon d'exploration. Il ne restait à son corps qu'un seul des deux bras l'ayant entouré quelques minutes avant, l'autre lui avait été amputé, et il s'en écoulait une marre de sang. Quant à son cœur, il avait été remplacé par un trou béant, et sur sa chemise blanche s'étendait petit à petit une tache pourpre.

Élise

Elle tourna à nouveau la tête vers la fenêtre, le souffle court sous les battements de son cœur s'accélérant, et de même que pour la pièce où elle se trouvait, l'herbe verdoyante fut soudainement recouverte d'un voile obscur.

Paniquée, elle se retourna à nouveau, mais Erwin avait disparu. Lorsqu'elle le chercha dans la pièce, son regard se posa sur un miroir dans le coin de la pièce, à moitié brisé. Observant son reflet fissuré de part et d'autre, elle se découvrit elle aussi vêtue de l'uniforme à la cape émeraude.

Élise

Le murmure s'était transformée en une voix qui lui semblait plus proche, le décor commençait à tourner autour d'elle et il lui sembla que le sol tremblait sous ses pieds, puis elle entendit une explosion.

- Élise ! Cria une voix.

Elle rouvrit les yeux en sursaut, se redressant aussitôt en inspirant une grande bouffée d'air, comme si elle avait été en apnée pendant plusieurs minutes, et découvrit Erd à son coté, une expression de peur collé au visage.

- Bon sang j'ai bien cru que tu était morte ! S'exclama celui-ci, soulagé.

Elle regarda autour d'elle, tentant de reprendre ses esprits et de se souvenir de l'endroit où elle se trouvait, puis elle grimaça lorsque l'impression qu'on lui assénait des coups de marteaux à l'intérieur du crâne l'a pris et qu'elle sentit un liquide chaud s'écoulait le long de sa tempe et des gouttes rouges perlèrent sur sa chemise blanche.