58.

62 6 0
                                    

Elle logeait dans une chambre appartenant à un bâtiment de l'armée, situé non loin du quartier général. Ce matin-là, après s'être débattue avec ses vêtements pendant une bonne vingtaine de minutes avant d'immobiliser à nouveau son bras à l'aide de bandages, elle avait quitté ses appartements pour rejoindre Hanji au rez-de-chaussée. La veille, celle-ci l'avait convaincue de venir se remplir l'estomac avec elle de bon matin.

Sa main valide sur la poignée, elle jeta un dernier regard la chambre. Complètement impersonnelle, elle lui rappelait celle qu'elle avait partagé avec son défunt mari alors que celui-ci était sous le coup de grosses accusations, frôlant ensuite l'exécution et sauvé de peu par son coup d'état.

Dans le jardin clôturé du bâtiment, la majore l'attendait assise à une table ronde entourée de deux chaises où un petit-déjeuner royal les attendait. Elle salua son amie avant de prendre place en face d'elle.

- Alors ma jolie raconte-moi, commença la scientifique en attrapant une tranche de brioche avant de croquer dedans, qu'as-tu fais pendant quatre ans ?

La brune entreprit alors de lui décrire la petite maison où elle vivait, dégotée par Levi, puis son quotidien dans ce petit village éloigné, bien qu'il n'y avait pas grand à en dire. Grâce à l'argent qu'elle avait économisé ces dix dernières années en tant que soldate, elle n'avait pas eu à travailler et vivait de ses fonds mis de côté. Elle lui confia ensuite qu'elle s'était rendue en ville une fois par an, déposer des fleurs sur les tombes des membres de sa défuntes escouade.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à lui raconter le jour où Levi était venu la trouver, un soldat déboula, à bout de souffle :

- Majore, caporale ! Des soldats ont révélé des informations sur Eren à la population, s'exclama ce dernier, les habitants sont remontés et se sont regroupés devant le quartier général.

Les deux femmes échangèrent un regard grave et, d'un hochement de tête, se levèrent et partirent en direction du quartier général.

Lorsqu'elles arrivèrent, elle découvrirent comme indiqué de nombreux civils attroupés devant l'immense grille. Elles durent se frayer un chemin, slalomant du mieux qu'elle pouvait entre eux pour espérer pouvoir passer et rejoindre le bâtiment de l'armée. Mais à peine s'approchèrent-elles qu'elles furent assaillies de questions, écopant du mécontentement collectif.

Ils voulaient savoir si ce qu'ils avaient entendu sur le fait qu'Eren était retenu prisonnier alors qu'il avait offert la victoire à Paradis était vrai et reprochaient à la commandante de ne pas tenir la population informée comme elle avait promis de le faire.

Lorsqu'elles furent enfin dans l'enceinte du bâtiment, la préoccupation d'Hanji n'échappa pas à la brune.

- Ils n'ont pas idée des responsabilités que tu as, tenta-t-elle de la rassurer en posant une main réconfortante sur son épaule, tu gères la situation du mieux que tu peux, et tu t'en sors sûrement mieux que quiconque.

Son amie lui accorda un faible sourire en guise de réponse avant de se remettre en marche. Les soldats coupables de ces divulgations attendaient leur sanction, elle ne pouvait s'attarder plus longtemps.

Lorsqu'elle arrivèrent dans la petite pièce où ils étaient retenus, elles découvrirent, debout un peu partout dans la pièce, des membres des brigades spéciales ainsi que tous les soldats du bataillon disponibles.

Sur sa gauche, Élise aperçut Jean, Conny et Sasha et, un peu en retrait, Petra et Erd se tenaient là aussi. Tandis que sur sa droite, Mikasa et Armin se tenaient aux côté de Moblit qui lança un regard grave à la majore lorsque celle-ci franchit le seuil de la pièce. Et lorsque son regard se recentra et que les quelques soldats devant elles s'écartèrent, elle découvrit quatre soldats assis sur des chaises en bois, au milieu de la pièce. Trois d'entre eux étaient des jeunes recrues et l'identité du quatrième, assis devant ses trois complices, ne la choqua pas autant qu'elle aurait dû.

Floch

- Pourquoi avoir fait-ça ? Interrogea Hanji d'un ton ferme en s'asseyant face au roux.

- Parce qu'Eren mérite d'être libre. Il a mené et gagné un combat monumental et a apporté la victoire à Paradis. Pouvez-vous en dire autant, majore ?

Sa voix laissait entendre une certaine arrogance dans ses propos, accompagné d'un rictus montrant la fierté de ses actions. Sa dernière phrase fit serrer le poing à la caporale qui fixait le jeune soldat d'un regard assassin. C'est la pression douce de la main de Petra enveloppant le poing de la jeune femme qui la ramena à elle. Elle détourna le regard du traître pour croiser les iris noisettes de la rousse qui lui offrait un léger sourire compatissant, elle comprenait sa colère.

- Je prend l'entière responsabilité de cette situation, mais je ne tolère aucun écart. Vous comparaîtrez pour avoir divulgué le statut d'Eren, annonça Hanji du même ton ferme qu'elle avait employé précédemment. Emmenez-les en cellule, ordonna-t-elle ensuite.

Des soldats des brigades spéciales se chargèrent des quatre recrues et la salle se vida peu à peu. Voyant qu'Hanji ne quittait pas sa chaise, Élise lança un regard à Moblit, celui-ci se contenta de hocher la tête, lui signifiant qu'il allait lui parler. C'était à lui de lui remonter le moral cette fois-ci, elle comptait d'ailleurs sur son second pour faire mieux qu'elle. Elle quitta alors la pièce, les laissant seuls.

- Comment va ton épaule ? S'enquit Jean qui l'attendait contre le mur.

- Elle cicatrise, lentement mais sûrement, relativisa la jeune femme.

Ils se mirent à marcher dans le couloir et un silence s'installa entre eux. Silence que la jeune femme finit par briser :

- Alors, on m'a raconté que tu avais visité l'autre côté de la mer avant qu'Eren ne pète les plombs, c'était comment ? S'enquit-elle un léger sourire aux lèvres.

Son neveu entreprit de lui raconter comment ils s'étaient fait remarquer en moins de cinq minutes tellement Sasha était attirée par les odeurs de nourritures et comment cette dernière était en extase devant littéralement chaque étalage. Puis comment Levi avait sauvé un enfant étranger d'être passé à tabac par les habitants après avoir volé le porte-monnaie de Sasha, ils avaient alors feinté d'être tous issus de la même famille. Élise ne put retenir un petit rire de franchir ses lèvres à l'entente de cette anecdote.

- Si jamais on gagne, commença le brun.

- On gagnera, rectifia-t-elle.

- Tu devras absolument goûter les glaces, déclara celui-ci en passant doucement son bras autour des épaules de sa tante. Et bien sûr comme je suis ton neveu préféré tu m'en offrira une, ajouta-t-il d'un air très peu modeste.

- Vendu, accepta la brune en roulant les yeux au ciel.

Devoir de mémoire ( Erwin x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant