Assise dans le fauteuil les jambes croisées, elle feuilletait l'un des derniers journaux. Son tailleur beige, sa chemise blanche et ses escarpins crèmes contrebalançaient avec ses cheveux châtains.
Elle releva le nez de sa lecture en entendant la porte s'ouvrir, Armin, Jean et Sasha rentraient les mains pleines de provisions tandis qu'Eren s'occupait de passer le balais sur le sol en bois sombre.
Se sentant inutile à cause de sa convalescence, Élise ferma le journal qu'elle posa sur l'accoudoir du fauteuil et décroisa les jambes pour se lever. Elle attrapa un plumeau dans l'un des placards de la pièce et s'attela à dépoussiérer le dessous de la table en se rendant compte que Levi allait bientôt rentrer et que les adolescents qui composaient sa nouvelle escouade étaient loin d'avoir fini leurs tâches ménagères.
La fine équipe était entrain de se chamailler à cause de Sasha qui avait encore eu une pulsion et volé un des petits pains qu'ils venaient de ramener, ils ne remarquèrent l'action de la caporal qu'une fois qu'elle eut fait le tour de la table en passant le tissu sur le bois au fur et à mesure qu'elle avançait et arrivait à leur niveau.
Les discussions stoppèrent et il la regardèrent surpris. Mais ils n'eurent pas le temps de dire quoi que ce soit qu'un grincement retenti dans la pièce, la porte d'entrée venait d'être ouverte, ils se tournèrent tous vers le nouveau venu à moitié paniqués de savoir ce qu'il allait dire sur le fait qu'ils n'aient pas fini le ménage.
Le caporal-chef s'avança vers la table et lorsque les adolescents se retournèrent pensant qu'il se dirigeait vers leur autre supérieure, ils furent surpris de découvrir qu'elle était à nouveau assise dans le fauteuil à feuilleter le journal.
Levi effleura du bout des doigts le dessous de la table et ne découvrit aucun résidus de poussière sur sa peau en regardant celle-ci.
- Hm, c'est suffisant pour aujourd'hui, décréta-t-il d'une voix stoïque. Eren, Hanji t'attends pour continuer les tests.
Le brun hocha la tête et partit se débarrasser de son tablier et du balais qu'il tenait avant de rejoindre la scientifique, suivi du reste de ses amis qui jetèrent un coup d'œil à la jeune femme assise, elle leur adressa un clin d'œil complice et ils sortirent de la maison.
Il ne restait plus que Levi et Élise qui ne quittait pas son fauteuil, l'homme en costume sombre s'approcha d'elle et elle ne le regarda pas faisant mine d'être concentrée sur sa lecture.
- Arrêtes de couvrir leurs conneries, dit-il en attrapant le plumeau qu'elle cachait dans son dos.
- Je leur ai juste donné un petit coup de pouce, se défendit-elle en fermant son journal.
- Ce n'est pas en essayant de te rendre utile que tu guériras plus vite, rétorqua-t-il de son habituelle voix froide en tournant les talons.
Il ne cherchait pas à être méchant, il lui disait juste la vérité, et elle le savait. Elle le regarda s'apprêter à sortir à son tour la bouche légèrement ouverte face à ses dernières paroles auxquelles elle ne savait quoi répondre.
- T'attends quoi pour venir ? Lança-t-il en tenant la porte d'un air blasé. Je t'aiderai à grimper la falaise puisque tu ne peux pas te servir de l'équipement, mais pour ça commence à bouger ton derrière de ce fauteuil.
Un léger rictus d'amusement pris place sur le visage de la jeune femme et elle lui emboîta le pas même si sa démarche montrait encore certaines faiblesses par moment à cause de sa récente opération.
Les transformations d'Eren n'avaient pas été très fructueuses, à ce rythme là, la brèche du mur Maria n'était pas prête d'être rebouchée grâce à la capacité d'auto-pétrification.
De retours au district de Trost avec l'escouade d'Hanji, Levi et Élise rendait visite à Erwin pour lui annoncer ce nouvel échec.
- Je vois, un échec de plus, souffla le major debout près de la fenêtre de la pièce. Il faut pourtant que ce plan réussisse.
- Le problème c'est qu'on avance à l'aveugle, il nous faudrait en savoir d'avantage sur cette mystérieuse capacité, remarqua Levi assis sur l'une des deux chaises entourant la table en bois ronde. Et puis il y a Christa, ou plutôt Historia Reiss, peut-être pourrait-elle nous en apprendre un peu plus, ajouta-t-il.
La jeune fille leur avait fait part de son histoire, elle était la fille illégitime de Lord Reiss, un homme haut placé qui s'était arrangé pour que son existence soit passée sous silence, Historia avait été forcée d'intégrer l'armée et de prendre un nouveau nom, la vie ne lui avait fait aucun cadeau comme l'avait si bien dit Erwin en l'apprenant.
Finalement, il y avait toujours autant de mystères qui persistaient autour de cette histoire et ils n'étaient surement pas au bout de leurs peines.
Après avoir passé une partie de la soirée à tenter de comprendre quoi que ce soit avec ses deux compères, le caporal-chef quitta sa chaise et s'apprêta à rejoindre sa nouvelle escouade qu'il avait laissé dans leur hébergement reculé de tout qu'ils occupaient depuis leur retour.
Il regarda par dessus son épaule en arquant un sourcil lorsqu'il remarqua qu'Élise ne le suivait pas, toujours assise au bord du lit recouvert de draps blancs.
- Repars sans moi, je suis plus un boulet qu'autre chose alors autant que je reste à Trost, annonça la caporal.
Le noiraud soupira, avant de répondre :
- Comme tu voudras, mais je t'enverrai ton abruti de neveu à coups de pieds s'il pose trop de questions sur ton absence, prévenu-t-il.
La brune se permit de pouffer légèrement en l'entendant et hocha simplement la tête avant qu'il ne quitte la pièce.
Maintenant qu'ils étaient seuls, elle se laissa choir dans le lit en posant une main sur ses côtes qui la faisaient souffrir.
- Pourquoi faire semblant de ne rien sentir lorsqu'ils sont là ? Demanda Erwin en s'asseyant sur le coté du lit, regardant la jeune femme grimacer légèrement de douleur.
- Parce que je ne veux pas qu'ils s'inquiètent, j'ai fait plus d'efforts qu'habituellement aujourd'hui, la douleur finira par passer, répondit-elle en fixant le plafond.
Il se sentait coupable, coupable de la voir souffrir physiquement et mentalement de son état sans rien pouvoir faire.
- Je connais ce regard et je t'interdis d'y penser, tu n'es pas responsable de ce qu'il m'est arrivé alors cesses de te torturer l'esprit, dit-elle en stoppant les réflexions du blond.
- Sauf que si tu n'étais pas venu me/
- Tu serais mort, coupa-t-elle. Je ne regrette pas mon choix et si c'était à refaire je le referai sans hésiter. Tu peux parler de ma comédie mais tu fais exactement pareil, j'ai entendu parler plusieurs fois de la douleur d'un membre amputé et je sais que tu n'y échappe pas non plus.
Il soupira, elle n'avait pas tord, certaines fois une vive douleur le prenait au bras droit comme si celui-ci était encore présent, alors il lui arrivait de vouloir poser son autre main dessus lorsqu'il oubliait qu'il ne trouverait qu'une manche de chemise vide et ballante.
Soudainement, la jeune femme se décala un peu plus contre le mur et déplaça sa main posée sur son flanc pour venir la tapoter sur la surface du matelas à coté d'elle, invitant ainsi l'homme assis à coté d'elle à s'allonger à ses cotés.
Il regarda sa main quelques secondes puis se décida à s'étendre à son tour, malgré la carrure imposante du major, la caporal n'était pas si épaisse que ça alors la place était largement suffisante pour eux d'eux, du moins s'ils y mettaient du leur.
La jeune femme suréleva légèrement sa tête pour qu'il puisse passer son bras derrière et elle vint poser sa joue contre lui, encerclée par son bras formant une étreinte rassurante autour d'elle.
Il déposa un baiser sur son front et au bout d'un certain moment, sans même s'en rendre compte, les deux soldats se laissèrent emporter par Morphée dans un doux sommeil bien mérité.

VOUS LISEZ
Devoir de mémoire ( Erwin x OC )
FanfictionÊtre en sécurité, c'est d'abord ça qui l'avait poussé à finir parmi les premières de sa promotions, sixième pour être exacte. Élise voulait s'assurer une vie paisible en entrant dans les brigades spéciales mais elle s'était ravisée, voilà dix ans ma...