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Elle émergea lentement de son sommeil, toujours blottie contre l'homme à ses cotés dont les yeux étaient encore fermés et la respiration calme et régulière, signe qu'il dormait toujours. Elle aurait pu l'observer comme ça de longues minutes, son visage paraissait apaisé et détendu, bien loin des conflits qui les menaçaient, mais finit par sortir discrètement des draps blancs pour s'asseoir sur le rebord du lit et enfiler la chemise du major dans laquelle on aurait pu en faire entrer deux comme elle.

Elle se leva ensuite et s'approcha de la fenêtre en tirant doucement les rideaux pour ne pas le réveiller, la lumière du jour l'aveugla quelques secondes et elle couvrit ses yeux avec sa main, mais finit par ôter celle-ci pour observer l'extérieur. Le soleil matinal donnait sur la cour où quelques soldats des brigades spéciales se trouvaient, certains par devoir de surveiller, d'autres par simple envie de ne rien faire.

Encore des bons à rien payés à se dorer au soleil, songea-t-elle agacée.

Mais cette pensée fut vite chassée lorsqu'elle sentit un bras s'enrouler avec délicatesse autour de sa taille, évitant avec soin de faire pression sur ses bandages, et un léger sourire s'étira sur ses lèvres.

- Bonjour major Smith, commença-t-elle en regardant par-dessus son épaule.

- Caporal Kirstein, répondit-il d'un faux air formel avec un petit rictus.

Il s'éclipsa ensuite dans la petite salle d'eau de la chambre et en ressorti avec un allure bien plus droite et stricte que quelques minutes auparavant, elle y alla alors à son tour afin de se rafraîchir et de se vêtir elle aussi d'une tenue plus habillée et formelle.

Lorsqu'elle ressortit de la petite pièce, elle découvrit le lit fait avec posés dessus, un sac à dos marron et sa cape brodée des ailes de la liberté pliée par dessus, à coté, Erwin était assis, le coude reposant sur ses genoux et l'air soucieux.

- Erwin, dit-elle en fronçant légèrement les sourcils d'incompréhension, qu'est-ce que ça veut dire ?

Il soupira, hésitant, ce qu'il s'apprêtait à lui dire n'allait pas lui plaire, il le savait d'avance.

- Tu dois partir Élise, ils finiront par venir me chercher et je refuse qu'ils t'emmènent aussi.

- Il en est hors de question, je reste, protesta-t-elle.

- Je ne te laisse pas le choix.

- Je/

- Tu sais ce qu'il se passera s'ils nous arrêtent ? La coupa-t-il en se levant. Tu connais leurs méthodes d'interrogatoire ? Ne crois pas qu'ils se contentent de menacer leurs prisonniers, ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins, et ce même s'ils doivent avoir recours à la torture. Je refuse de choisir entre te protéger toi ou l'avenir du bataillon, alors je te le demande, pars.

La dureté de ses paroles était trahie par toute l'inquiétude qui se reflétait dans son regard et le sentiment de tout le poids qui pesait sur ses épaules qui émanait de lui à cet instant. Il y eut un moment de silence où elle détourna le regard, en proie à un dilemme colossal à l'intérieur de son esprit.

- Très bien, je partirai à la nuit tombée, déclara-t-elle d'une voix stoïque.

Hanji avait miraculeusement réussi à leur faire parvenir un dernier rapport sans que celui-ci ne soit intercepté. Eren et Historia se trouvaient probablement à la chapelle des Reiss, c'est là que leur équipe comptait se rendre, et c'est là qu'elle comptait aller malgré qu'elle soit encore convalescente.








La soirée approchait à grands pas, le ciel s'assombrissait petit à petit au fur et à mesure que les minutes passaient.

Élise s'apprêtait à partir, une légère boule au ventre.

Elle avait calée le sac sur ses épaules et venait de boutonner la pression de sa cape.

- Je crois qu'il est temps, souffla-t-elle calmement.

- Attends, dit-il en posant un genoux à terre.

Elle l'observa soulever une des lattes en bois du plancher pour en sortir une petite arme à feu dissimulée à l'intérieur.

- Je veux que tu prennes ça, dit-il en lui tendant l'arme, juste au cas où.

Elle acquiesça et saisit l'arme qu'elle rangea dans son dos en la coinçant dans la bordure de son pantalon noir.

Et, avant de tourner les talons, elle combla le peu de pas qui la séparait du blond, passa sa main au creux de sa nuque et scella leurs lèvres en un tendre baiser, le laissant sans voix.

- Mets en leur plein la vue avec ton coup d'état, dit-elle d'un ton encourageant en collant leur front.

- C'est promis, répondit-il en effleurant la joue de la jeune femme de sa main.

Ensuite, elle recula et s'avança vers la porte, mais avant de sortir elle posa sa main sur le rebord de celle-ci et tourna la tête une dernière fois dans sa direction.

Il lui fit un simple signe de tête et la caporal partit pour de bon, disparaissant dans le couloir.

Néanmoins elle se dissimula contre un mur à un des tournants en entendant du bruit, elle pencha légèrement la tête en direction de la porte de la pièce qu'elle venait de quitter et vit des soldats des brigades spéciales, fusil en main, entrer.

Dans la chambre, Erwin ne leur posa pas le moindre soucis et coopéra.

- Erwin Smith, je vais vous demander de nous suivre, sur les lieux du meurtre de Dimo Reeves, ordonna l'un d'eux.

Le major saisit sa longue veste kaki où étaient brodées les ailes de la liberté et les suivit sans opposer la moindre résistance.

Elle l'es vit sortir quelques secondes plus tard de la pièce et les regarda s'éloigner dans l'obscurité du couloir, les yeux humides, retenant les larmes qui menaçaient de couler.
La brune leur tourna le dos à son tour et partit, sa capuche émeraude dissimulant son visage, déterminée à récupérer Eren et Historia et à rétablir la vérité afin de mettre un terme à cette histoire.

Devoir de mémoire ( Erwin x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant