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La nuit était tombée, Nail, le commandant des brigades spéciales s'était enfin absenté et Hanji accompagnée de Moblit venait de débarquer dans la chambre d'Erwin essoufflée, ses mains posées sur ses genoux pour reprendre souffle.

- Erwin la situation est gravissime ! S'exclama-t-elle. Eren et Historia ont été enlevés !

- Encore ? Ne put s'empêcher de dire Élise ahurie en se redressant sur sa chaise. Ils ne peuvent donc pas lâcher un peu ce gamin.

Cet enfant était l'espoir de l'humanité mais depuis l'accroissement de sa popularité il n'avait cessé de se faire enlever, la caporal avait réussi à empêcher son kidnapping la première fois mais malheureusement il avait été inévitablement emmené les autres fois.

Hanji reprit ensuite la parole toujours aussi agitée :

- Et si ce qu'il y a marqué sur ce papier est vrai, dit-elle en regardant une feuille qu'elle venait de déplier, nous devons absolument les retrouver, ou Eren se fera dévorer.

Élise manqua de s'étouffer en entendant ça.

Voyant qu'elle commençait à vraiment manquer d'air, Erwin servit un verre d'eau à la scientifique qu'elle engloutit en moins d'une seconde.

La jeune femme assise avait déjà décroché de ce que racontait son amie paniquée, ses pensées était focalisées sur autre chose, sur le fait qu'elle ne pouvait nullement leur venir en aide dans cette mission, elle s'était rarement sentie aussi inutile au cours de sa vie et ce sentiment commençait à réellement l'agacer.

Bien sur l'idée de se lever là maintenant et de décréter qu'elle partait avec la cheffe d'escouade et son second pour rejoindre Levi et son escouade lui avait traversé l'esprit, mais ce n'était pas raisonnable, parce qu'elle serait un boulet traînant derrière eux et elle le savait.

Alors qu'ils tournaient les talons après avoir eu le feu vert d'Erwin pour repartir, Élise se leva soudainement de sa chaise, s'attirant le regard des trois autres personnes présentes dans la pièce.

- Élise ? S'interrogea Erwin.

- Retrouvez les, dit-elle en fixant le sol, les poings serrés.

Elle marqua une pause puis regarda finalement les deux soldats qui s'apprêtaient à partir.

- Et restez en vie, lâcha-t-elle finalement.

L'excitation habituelle présente dans le regard d'Hanji disparu soudainement, même si elle n'avait pas dit grand chose, la scientifique était touchée par les paroles de son amie.

Élise ne lui avait pas avoué la véritable ampleur de son état mais Hanji se doutait que c'était bien plus douloureux que ce qu'elle ne laissait paraître car jamais elle ne l'avait vu accepter de laisser les autres s'occuper d'une telle situation sans y prendre part.

Alors malgré l'urgence, Hanji fit demi-tour et pris soudainement la jeune femme qui se tenait debout dans ses bras, l'étouffant presque en serrant ses bras autour de son cou. Les pulsions affectives d'Hanji comportaient la même folie dont la scientifique faisait preuve au quotidien, et Élise le sentait passer à chaque fois.

Mais c'est comme ça qu'elle appréciait son amie, avec sa folie et son enthousiasme permanent qui laissait parfois place à une Hanji sentimentale.

- Tout ira bien, dit la scientifique à voix basse les bras enroulant toujours son amie.

La caporal posa ses mains dans le dos de la brune en guise de réponse. Même si elle ne la voyait pas, Hanji sentit un léger sourire se dessiner sur le visage d'Élise qui avait le menton posé sur son épaule.

Et même si elle n'avait aucune envie de les voir partir, c'est à ce moment là qu'Élise libéra son amie à contre cœur et les laissa partir accomplir leur mission.

C'est ensuite la main d'Erwin situé derrière elle qu'elle sentit se poser sur son épaule alors qu'elle regarder l'encadrement de la porte désormais vide.

La présence de l'homme à ses cotés était rassurante et malgré leur situation des plus désavantageuse, elle se sentait bien là avec lui, et elle le lui fit savoir en posant sa main par-dessus la sienne. Son pouce faisait de doux allers-retours sur sa peau chaude.

C'était à ça que ressemblait sa vie, s'inquiéter en permanence pour les personnes à qui elle tenait, attendre patiemment en priant intérieurement pour qu'ils restent en vie et tout ça dans un bâtiment où elle et l'homme qu'elle aimait étaient sous haute surveillance et risquaient d'être jetés prison à tout moment.

Ça pouvait paraître absurde de rester dans un endroit où elle était en danger, Erwin lui restait par devoir, car il avait un plan et rester faisait parti des risques qu'il devait prendre, mais elle, rien ne l'empêcher de partir en cavale malgré son état, de se cacher dans un endroit sur le temps que ça se termine, rien à part lui.

Aussi stupide que cela pouvait paraître, elle espérait pouvoir se rendre utile en essayant de le protéger si ça dégénérait, même si l'inverse était plus probable d'arriver. Dans tous les cas, elle ne pouvait pas se résoudre à partir et à le laisser ici, elle en était incapable.

- Tu crois qu'un jour on en aura fini avec tout ça, avec ce combat interminable que nous menons depuis maintenant dix ans ? Demanda soudainement Élise.

La main du major se raffermit légèrement sur l'épaule de la jeune femme, surpris par cette question, c'était infime mais elle l'avait tout de même senti.

Elle l'entendit ensuite inspirer une grande bouffée d'air.

- Je ferai tout pour que nous y parvenions, finit-il par répondre. Et après ça, une fois que nous serons débarrasser de tous ces monstres assoiffés de chair et aurons mis la lumière sur tous les mystères les entourant, je t'offrirai une vie paisible en sécurité, une vie où tu n'auras plus besoin de te battre.

Une vie où elle n'aurait plus besoin de se battre, elle n'arrivait même pas à s'imaginer ce à quoi cela pouvait ressembler.

- Parce que tu nous imagine vivre une parfaite petite vie calme toi et moi, répliqua-t-elle ironiquement.

Ils avaient à cet instant à peu près la même vision en tête : eux vivant dans un petit chalet loin des conflits politiques et autres auxquels ils étaient confrontés en permanence en pleine ville. Élise ayant troqué ses tailleurs et ses escarpins pour des robes longues bien plus simples et Erwin vêtu d'une chemise moins cintrée dépassant par-dessus son pantalon noir. Elle étendrait le linge sur un fil de fer tendis qu'il s'occuperait de retaper la grange adjacente à la maison qu'ils avaient décidé de rénover, le tout entouré d'un décor verdoyant et fleuri des plus appréciable.

- C'est sur que dit comme ça, ça paraît plutôt improbable pour deux soldats comme nous, disons qu'on avisera sur le moment, dit-il d'un air amusé.

Elle colla son dos au torse du blond et laissa retomber sa tête en arrière pour qu'elle se pose contre lui aussi.

- Si tu le dis, souffla-t-elle d'un ton bien plus apaisé que ce qu'elle n'avait eu ces derniers jours.

Parler d'avenir avait visiblement réussi à la détendre bien plus que ce qu'elle n'aurait pensé.

Ensuite, d'un commun accord, Erwin tira les rideaux opaque tandis que la jeune femme s'occupa de verrouiller la porte, se préparant à passer le reste de la nuit déjà bien avancée, même si celle-ci ne garantissait pas d'être des plus reposante.

Devoir de mémoire ( Erwin x OC )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant