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Lorsque la douleur devint insupportable, je me retourna.

-C'est l'heure. annonçais-je, seulement.

La mère éclata en sanglot, le père embrassa le front de sa fille une dernière fois, avant d'emporter sa femme hors de la pièce.

Il ferma discrètement la porte derrière lui, lançant un ultime regard à la future disparu.

Je m'approcha de la jeune fille :

-As-tu des regrets ?

Elle m'observa en plissant les yeux, puis ouvrit doucement la bouche :

-Je n'ai pas de regret, mais j'ai une question.

Sa voix était un peu cassé, mais aussi légère qu'un chuchotement.

-Je t'écoute.

Elle parut hésiter, mais inspira profondément et se lança :

-Je suis malade depuis toute petite. Je n'ai presque jamais quitter ma chambre... mais j'ai toujours aimer regarder la fenêtre de mon balcon, comme vous l'avez fait, lorsque mes parents étaient encore là.

Je ne voyais pas où elle voulait en venir.

-Il y a quelques années, alors que j'étais au balcon, j'ai remarqué quelqu'un qui faisait comme moi, la nuit. Cette personne fixait la mer, les yeux dans le vagues mais elle paraissait si triste... j'ai toujours voulu lui demander pourquoi, alors que la mer est magnifique, cette personne avait une mine si sombre.

Je ne savais pas quoi répondre, ne pouvant répondre à la place d'un autre.

-A quoi ressemble cette personne ? demandai-je, incertain.

-D'habitude, cette personne observait la mer, en était couvert. Mais récemment, il a commencé à retirer sa capuche, laissant apparaitre une belle chevelure dorée. C'est toi, n'est-ce pas ?

Je me posais moi-même la question. Mais ayant remarquer qu'on pouvait apercevoir mon balcon du sien, son histoire ne m'étonnait pas...

-C'est possible. Probable, même.

-Alors pourquoi es-tu si triste ?

Sa question était une curiosité pure, dépourvu de double-sens ou de sens caché.

Elle voulait simplement savoir.

Puisqu'elle allait disparaître, autant satisfaire sa dernière demande.

-C'était surement moi, oui. répondis-je, prudent. Je ne sais plus si je suis réellement triste ou désespéré.

-Pourquoi ?

-Parce que j'ai perdu le seul amour de ma vie.

-Tu l'as fauché ?

Je secoua la tête :

-Pire, elle m'a oublié. Je n'existe plus dans ses souvenirs.

-Alors tu ne l'as peut-être pas perdu. Les souvenirs peuvent se perdre, mais pas les sentiments, j'en suis sur !

Elle paraissait convaincu.

Mais ce n'était pas suffisant pour me convaincre, moi.

-Il est temps. annonçais-je, doucement. Je te remercie pour tes encouragements.

Elle afficha un sourire satisfaite, en hochant la tête.

De la main droite, je lui ferma les yeux et lui chuchota doucement :

-Dors en paix, jusque ton prochain éveil.

Elle expira une dernière fois, le sourire toujours sur ses lèvres.

Je brandis ma faux au-dessus de son corps, qui commençais déjà à disparaitre en petite particule blanche.

La liste se déplia, barra son nom, puis se remit sagement dans ma poche.

Il ne restait que cinq noms.

Cinq.

Je soupira, tandis que Kean finissait d'aspirer les dernières traces de fumées.

Je recula doucement, puis retourna sur le balcon, pour bien y apercevoir le mien.

Qu'avait pu percevoir cette jeune fille, en m'observant autant ?

Qu'avait-elle observer chez moi, pour la rendre aussi curieuse et aussi encourageante ?

Je n'étais pas courageux.

Je n'avais pas cette force.

J'avais tout abandonné dès le début.

Je commençais seulement maintenant, à le regretter.

Cette jeune fille avait sans doute raison, au lieu de m'enfuir et de me renfermer sur moi-même, j'aurais dû essayer de trouver une solution.

J'avais était tellement blesser, que je n'avais penser qu'a moi.

Retrouve-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant