Je n'ai pas encore assisté à mon premier cours qu'une liste d'auteurs de toute nationalité m'est fournie afin que je dépense le peu de billets que contenait mon portefeuille pour obtenir les ouvrages imposés. Cette perspective m'obsède alors que je me rends seule devant le panneau d'affichage afin d'espérer trouver de bonnes affaires en matière de logement. Je fais l'amer constat que les demandes surpassent les propositions et qu'à l'instant où une fiche est accrochée, les corps se bousculent pour arracher les étiquettes comportant les informations utiles. Seule reste une petite annonce qui ne trouve bizarrement pas preneur. Ne pouvant faire la fine bouche, je récupère le numéro et me mets à souhaiter d'un coup du sort qui me réserverait un petit palace en compagnie du plus beau célibataire de la capitale.
Cet espoir me pousse à voir la vie en rose tandis que je finis par rentrer au logement universitaire. L'heure du bilan a sonné et je retrouve mes amies attablées autour de paquets de bonbons. Tout prétexte est bon pour en manger, surtout quand il s'agit de primer les énumérations de faits, aussi bien positif que négatif, marquants dans la journée.
— Oh, Leah ! On a commencé sans toi. Dépêche-toi, s'agite Yuna.
— Donc on disait : cursus de merde !Yuna gobe un bonbon gélatineux, me laissant imaginer qu'elle a déjà certainement dû se récompenser pour cette pensée il y a quelques secondes. Yeji nous apprend qu'elle doit investir dans de nouvelles chaussures après que son talon ait rendu l'âme cet après-midi. Je valide son grognement et l'encourage à se nourrir de sucre, quand vient mon tour. Sans hésiter, je mets en avant la plus grosse difficulté que j'ai rencontrée.
— Appartement de merde !
Je suis applaudie tandis que je déguste le petit crocodile vert et inspire pour diffuser dans mon corps cette sensation de réconfort qu'exerce le sucre sur l'organisme. Ce bilan se poursuit alors avec l'événement le plus joyeux et satisfaisant que nous ayons vécu.
— J'ai adoré la nuit que nous avons passé, jubile Yuna.
— Je souhaite que Leah reste le plus longtemps possible avec nous, confesse Yeji. Notre proximité m'avait trop manqué.
— Je vous aime les filles. Ce qui m'a le plus...Je n'ai pas le temps de terminer ma confidence que la porte s'ouvre sur la silhouette de Ryujin, de retour d'une longue journée mystérieuse. Si cette étudiante semble au premier abord très agréable et accessible, d'après ce que j'ai pu constater hier, elle peut décevoir dans sa capacité à se mettre volontairement en retrait. Je n'ai cependant pas manqué les regards réguliers qu'elle posait sur nous mais préférait poursuivre la routine qu'elle entretenait dans son précédent logement. Elle ne nous a pas vraiment précisé ce qui a motivé sa demande de chambre universitaire et garde encore le secret de l'histoire de sa première année. Tout ce que je sais est qu'engagée dans un cursus sportif, sa silhouette galbée s'explique par sa passion et son assiduité pour un domaine que je souhaite ignorer. Entre un jogging et une bonne pizza, mon corps n'hésite pas. Mais c'est une autre proposition que nous fait cette revenante, et des plus improbables.
— Hey, les filles. Ca vous dit d'aller boire un verre ?
Nous nous fixons à tour de rôle afin de jauger les pensées et décisions dans ce qui nous prend de court. Dans l'intention de ne pas laisser le malaise s'installer, je suis la première à accepter cette main tendue. J'imagine que la troisième locataire de la chambre, espère ainsi améliorer le relationnel avec le groupe qu'elle a évité.
Nous sommes conviées à vous vêtir d'une façon assez décontractée pour un départ vers les rues animées de Gwanak. Bon nombre de restaurants se succèdent dans cette zone, mais j'observe le pas assuré de Ryujin qui semble exactement savoir où elle veut nous mener.— Mes amis sont employés dans ce bar. S'il n'y a pas trop de monde, on pourra avoir des consos gratuites. C'est très animé en soirée, il ne faut pas hésiter à y passer si vous voulez vous changer les idées.
— On dirait que tu sers un peu de rabatteuse, réfléchit Yeji.La jolie brune ne contredit pas l'information, ce qui laisse le doute subsister quant à la motivation de nous faire venir dans ce lieu. A notre entrée, je suis agréablement surprise de la décoration dans l'air du temps et de la faible luminosité qui concède un côté intimiste aux jeunes venus avec des intentions de rencontres. J'y vois là une possibilité d'éviter de m'inscrire sur une application en tombant sur celui qui pourrait partager ma vie pendant quatre mois avant que je ne parte pour mon tour du monde.
L'attention semble se concentrer sur elle lorsque nous avançons au milieu de la foule bruyante. Les serveurs se mêlent aux clients qui enchainent les déplacements. Je ne sais plus où donner de la tête avant de buter contre le dos d'un individu arrêté en plein élan et de m'empourprer dans des excuses.— Chris, tu gênes légèrement le passage, s'exclame Ryujin.
— Dis celle qui va me déclencher une émeute en perturbant mes habitués avec ses jolies jambes.
— Les filles, voici Bang Christopher. Jeune homme, je te présente mes colocataires de chambre.Je remercie intérieurement la jolie brune de ne pas dévoiler mon statut de sans domicile fixe devant cette silhouette proche de mes critères de beauté ultime. Le serveur, me dépassant de dix centimètres, s'accorde le temps de nous détailler et d'émettre un sourire signalant apprécier la vue avant de reprendre son chemin vers le bar.
Ryujin nous invite à nous installer avant de froncer les sourcils devant la réception d'un message qui change totalement les plans de la soirée.— Si je vous abandonne pour cas de force majeure, vous allez m'en vouloir ?
— S'agit-il d'une question de vie ou de mort ? la teste Yeji, peu emballée par cette fuite.
— Il y a bien quelqu'un qui perdra la vie à la fin de cette journée. Je suis clairement désolée, je dois filer. Ne m'en voulez pas. Je dirai à Chris d'oublier la note de la table.Sans attendre notre prise de position, la pétillante étudiante instable nous attrape les mains pour nous transmettre ses regrets et file à travers les corps massifs des fêtards déjà alcoolisés. J'ai l'impression de la voir se prendre la tête avec un individu sur le seuil du bar avant de me rendre compte que le procès de Ryujin a déjà commencé sur cette table.
— Tu verras que le fameux Chris ne va jamais nous offrir nos verres et qu'on devra payer à la fin. Moi, je ne commande que de l'eau, s'offusque Yeji.
— J'ai mis un décolleté, on peut peut-être compter là-dessus, propose Yuna.
— Ne vous braquez pas, elle doit vraiment avoir un imprévu.
— Tu es trop naïve, Leah.
— Allez, on ne va pas se prendre la tête. Je vais moi-même commander ces verres et les payerai avec ma carte.Ma bonne volonté pense apaiser le conflit alors que je crains de n'approcher dangereusement le plafond de mon compte bancaire. Mais rien ne transparait sur mon visage et je me rends, d'un air aussi détendu que possible, vers le comptoir du bar et n'anticipe pas l'impact avec une silhouette sortie de nulle part.
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Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !
FanfictionGenre: New Adult Tropes: Colocation, proximité forcée, enemies to lovers, campus, feel good, plot twist. RESUME: La vie universitaire n'est pas toujours un rêve ni un choix pour les jeunes étudiants à l'aube de leur majorité. Si Leah espère réaliser...