12+ Like a black widow, baby

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Mes muscles sont contractés et mes sens en alerte tandis que le code de la porte est composé. Je n'ai pas la sensation d'entrer chez moi mais plutôt en guerre. Hyunjin me fait signe d'avancer pour s'assurer que je ne fuis pas. J'ignore quelles sont les raisons qui le poussent à m'aider mais il faudra que je le remercie lorsque les choses se seront apaisées. Vivre avec Sangoo aurait été la plus grosse erreur de toute ma vie, mais ma colère à l'encontre de Minho avait complètement obscurci mon jugement sur le moment.
En me déchaussant dans le sas d'entrée, je suis agréablement surprise par la clarté du salon qui invite au calme et au repos, tranchant avec l'humeur de mon hôte qui m'observe. Au loin, une petite terrasse permet de s'isoler en cas d'affrontements prévisibles et un couloir sur ma gauche mène à une zone encore plongée dans la pénombre. Le barman s'y rend avec ma valise tandis que Chris prend ses aises dans le canapé aux côtés de celui qui ne m'a toujours pas accueillie comme il se doit. À son air colérique et boudeur, je me demande si Hyunjin a réellement pu obtenir de lui la promesse de bien se tenir. Je conclus que ma présence lui est donc désagréable alors qu'il n'a cessé d'insister pour que je m'installe ici. Je prends acte de cette information et m'impose dans son paysage, le sourire aux lèvres pour faire vaciller son assurance.

— L'appart est sympa, tu vas t'y plaire, m'encourage Chris. Vous avez chacun votre chambre, la salle de bain est immense et il y a une buanderie tout équipée.
— Ça m'a l'air convenable, en effet.

Le deuxième point de mon contrat semble définitivement se valider, me permettant de réaliser que le plus ardu a été fait. Rien ne m'impose de bien entendre avec mon colocataire pour partager cet espace. Comme dirait mon père, le plus dur à vivre sera pour celui qui devra me supporter.

— Minho a réglé quasiment tous les meubles que tu vois. Tu lui rembourseras donc une partie sur la base d'un prix en occasion afin qu'il n'y ait pas de tensions à ce sujet, m'informe Hyunjin qui fait son retour.

Si je hoche la tête, des sueurs froides commencent à couler le long de mon dos. N'ayant aucun travail, je n'ai pas encore de quoi payer le loyer ou les à-côtés, et il me faut trouver l'angle idéal pour avouer ma faiblesse sans donner de nouvelles motivations à celui qui rêve de me dégager d'ici. Sa rancœur semble tenace. Peut-être ai-je été trop dure dans mes confessions au bar, en tout cas, il l'avait bien mérité. Le plus important à cette heure-ci est que je me renseigne si une place de serveuse ne serait pas disponible en ce début d'année scolaire avant que je ne me retrouve dans la panade.

— Ça fait combien de temps que vous travaillez au bar ?
— Un an puisque nous sommes en deuxième année de licence sportive. Tu fais bien d'en parler car Minho nous avait dit que vous aviez le même âge alors que c'est la première fois que l'on te voit.

La honte me fait mordre ma lèvre, mais je m'encourage à trouver la force d'avouer ma vulnérabilité. Beaucoup prennent mon redoublement pour un manque d'intellect, or je ne suis juste pas intéressée par cet univers éducatif étouffant. Mais l'expliquer me marginalise à chaque fois alors que je suis loin d'être la seule à le ressentir.

— C'est parce que je viens d'arriver à la fac de lettres. J'ai redoublé mon année de terminale.

Le rire de Minho ne manque pas, nous montrant par la même occasion qu'il suit notre conversation sans y intervenir verbalement. Sa condescendance me rappelle à quel point j'exècre sa présence.

— Donc tu viens d'arriver à Séoul.
— Et je n'ai pas encore d'emploi. Mais j'ai de quoi tenir un moment avec mes fonds, ne t'inquiète pas.

Le mensonge semble passer comme une lettre à la poste, même si aucun ne réagit. J'espère que par ce biais que Minho me laissera tranquille le temps de trouver un emploi.

Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant