Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !

47+ Prétexte ou vérité ?

Ma descente des escaliers se fait dans un vacarme tonitruant, chaque pas accompagné d'une grimace tant les courbatures ne m'épargnent pas. Je découvre mes parents et mon petit ami attablés autour de viennoiseries de la boulangerie d'à côté et d'un bon café. La vue ne peut être plus belle, c'est à ce moment que je prends conscience de la chance que j'ai d'être entourée des personnes qui me sont chères. Rayonnante de bonheur, je m'apprête à les rejoindre quand la sonnette retentit. Mes pieds m'amènent vers cette nouvelle destination qui me fait passer de la joie à la stupeur. Derrière cette porte se présente la mère de Minho, mais aussi un visage que je n'espérais pas revoir de si tôt. 

— Maman ! se précipite Minho pour l'enlacer. 

Je m'écarte légèrement pour ne pas gêner leurs retrouvailles, quitte à paraître transparente à leurs yeux.

— Ravie de voir que je te provoque la même émotion, réagit celle qui est encore sur le pas de la porte et me bouscule pour saluer son ancien colocataire. 

Atterrée, je verrouille derrière elles et tente de cacher au mieux mes sentiments. Ma mère semble renaitre et se précipite pour ajouter un vieux tabouret afin qu'une cinquième place se crée. Et sans grande surprise, elle m'est attribuée en bout de table. J'observe du coin de l'oeil mon petit ami positionné à côté de cette fille trop tactile à mon goût. 

— Jia, c'est un tel plaisir de te revoir ! s'exclame ma mère. Tu as fait bon voyage ? 
— Oui. La petite Ryujin était au volant. Je ne me sentais pas de rester concentrée sur la route pendant tout ce temps. J'espère que ça ne te dérange pas si je l'ai invitée ? Elle logera dans les goshiwons à deux pas d'ici.
— Il ne fallait pas vous tracasser. On aurait pu se serrer.

L'intruse de la journée s'approche pour se mettre en lumière et répondre à ma mère.

— Ne vous en faites pas, c'est une question de jours. Je comptais demander à Minho de m'y accompagner. Je ne me sens pas d'y être seule là-bas.

Les regards des adultes convergent entre nous, mais s'attardent surtout sur moi, cherchant à identifier le sentiment qui m'anime. Je dirais que le meurtre est la première idée qui me passe par la tête, motivée par la jalousie. Même s'il affiche un visage inquiet, mon petit ami répond beaucoup trop vite à mon goût et de la mauvaise façon.

— Euh oui, bien entendu.
— Ça me rassure, moi aussi. Une jeune fille ne devrait pas être toute seule dans ce grand immeuble. Avec tout ce qu'on voit à la télé, c'est plus prudent.
— Les jeunes gens célibataires ne sont pas tous des monstres. Et puis si c'est si terrible, notre canapé est disponible.

Pour vivre dans aussi peu de mètres carrés, il n'y a que des étudiants ou des personnes à très faibles revenus. Mais les diaboliser n'aide pas mon point de vue qui est que si cette fille a voulu s'incruster dans ce voyage, qu'elle se débrouille comme une grande pour trouver un lit.

— Leah, sois un peu sérieuse, m'interpelle mon père.
— C'est bien vous qui m'avez laissée partir seule pour habiter chez un parfait inconnu de sexe masculin. Je ne me trompe pas ?
— Ce n'est pas pareil. Minho était notre voisin. Et puis il a vécu... Bref, on savait où on t'envoyait. Ne fais pas l'enfant alors qu'il agit comme un homme.

Je suis à deux doigts de signaler que l'attitude de Ryujin a tout de suspect, mais me retiens de le faire pour ne pas passer pour la jalouse. J'ai confiance en Minho. J'espère juste que rien de ce que j'imagine n'arrivera.
Sans se soucier de mon avis, mon père l'encourage à monter à l'étage pour refaire son sac. Je tolère donc la vue de cette fille, par respect pour mes parents qui sont ses hôtes.
La bienséance veut que j'assiste ma mère tandis qu'elle met à l'aise son amie et reste près d'elle, alors que mon petit ami s'éclipse de la maison pour installer celle que je ne peux plus supporter à deux rues d'ici. Mon stress et mon impatience de les voir revenir me font manquer une bonne partie de la discussion sur la santé de madame Lee.