Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !

45+ Qu'ils le donnent à d'autres le Paradis

Alors que j'imaginais notre première visite de ma chambre dans une ambiance coquine et émoustillée, j'accueille mon petit ami avec la gorge nouée. Je sais pertinemment que je vais devoir m'expliquer sur l'origine de cette histoire dont les conséquences m'ont échappé. Je décide de m'asseoir pour incarner le remords et le trouble qui fait rage dans mon esprit. Minho parcourt la pièce en se frottant le visage comme pour s'extraire d'un mauvais rêve, refusant de s'arrêter pour affronter mon regard.

— Tu as vraiment passé ce pacte avec ton père ?
— Je l'ai fait avant de te connaître.
— Mais tu m'as bien invité pour valider le dernier point. Je ne me trompe pas ?

Les mots ne me viennent pas. Je soupire, impactée par sa colère qui le consume. Je suis consciente de le décevoir, pourtant il semble chercher à me comprendre, à ne pas baisser les bras face à cette finalité, ce qui me prouve qu'il se sent investi dans notre relation. Je ne le mérite pas.

— J'ai agi sans réellement savoir ce que je ferai. De toute façon, ce n'est pas dit que je valide mes examens.
— On s'en fiche. Partons du principe que tu les as, tu t'en vas ? Tu m'annonces maintenant que tu envoies chier tout ce qu'on a mis du temps à s'avouer et construire pour aller je ne sais où. Justement, c'est quoi ton rêve ? Où est-ce que je suis censé t'expédier une carte postale pour te rappeler que j'existe ? À cause de quel pays vais-je passer mes nuits à me soucier de ta sécurité ?
— Tu dramatises.
— Parce que je t'aime, Leah. Putain, je t'aime. C'est ce qu'on fait dans ces cas-là. On s'inquiète pour l'autre. On remuerait ciel et terre, mais toi c'est l'inverse, tu fuis.

Sa respiration chaotique transcrit l'état de panique dans lequel cet intrépide gère le tourbillon de désespoir. J'aimerais tellement trouver les bonnes excuses, les mots qui sauraient le rassurer. Pourtant, rien ne semble pouvoir y parvenir, la confiance entre nous s'amoindrissant.

— Je viens d'ouvrir les yeux et de comprendre que j'ai gaspillé des années à te rayer de ma vie pour avoir la chance de rectifier mon erreur. Je refuse de te perdre. C'est non, Leah. Ne me fais pas ça.
— Tu me demandes de taire mon ressenti ? As-tu conscience du mal-être que je vis en allant chaque jour à la faculté ? Tout ça, ce n'est pas pour moi. Je perds mon temps.
— Tu as juste quelques difficultés. Je t'aiderai pour le semestre suivant.
— Je fais un blocage, Minho. Je suis assez lucide pour comprendre que ce monde n'est pas le mien et ce n'est pas un drame. On a tous des parcours différents. Le mien ne se fera pas à l'université et je m'en sortirai très bien.
— Alors reste et je prendrai soin de toi. Tu ne feras que lire. Je t'achèterai tout ce dont tu auras besoin. Mais s'il te plaît, reconsidère cette idée folle. Ne me dis pas que tu gaspilles ce fameux temps avec moi, ça serait le coup de grâce.

Je ne sais pas si c'est l'inquiétude de me savoir sans défense à l'autre bout du monde qui le met en panique ou la distance qui se créera entre nous. De nombreux couples survivent en étant séparés, leur volonté témoignant de faire perdurer l'histoire. Je ne crains pas d'être tentée par d'autres hommes ni qu'il le soit. Je suis de ceux qui pensent que celui qui veut fauter le fera, même avec le meilleur moyen de surveillance contre lui. Mais le sentant fébrile, je conçois qu'il est nécessaire que je le rassure.

— Minho. Je t'aime.

La tirade qu'il avait prévue se meurt sur ses lèvres. Tout d'abord troublé puis emporté par l'élan, il se jette sur moi pour nous renverser sur le lit et me couvrir d'amour. Sa bouche parsème ma peau de mots et d'actes qui témoignent de ses sentiments. Je ressens cette vague de possession sécurisante que lui seul sait m'apporter.

— Je n'ai encore rien décidé, mais tu seras le premier à qui je ferai part de mon choix.
— Tout n'est pas perdu ?
— Non.
— Alors je peux encore te faire changer d'avis. Je m'en charge dès maintenant.