Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !

36+ Une invitation mystérieuse

Minho

Pendant les jours qui suivent, je me surprends à espérer que la centrale électrique de Séoul passe en surrégime et disjoncte dans la nuit. Aux coups d'oeil que me lance Leah, assise chaque soir dans le canapé devant des émissions inintéressantes, je me demande si elle ne ressent pas la même envie.
Nous prenons l'habitude de manger ensemble au retour de son travail mais ne retrouvons pas la complicité de ce soir là. Sûrement parce qu'il y a trop de faits qui me bloquent : sa relation sexuelle régulière avec Felix, notre animosité et mes stupides pensées... Toutefois, mon téléphone joue les trouble-fêtes, me sortant de ma zone de confort.

— Leah, tu n'as rien de prévu pour ce midi ?
— Ben non, c'est dimanche.
— Parfait. Prends ton sac, on y va.

Son regard plein de suspicion ne me convainc pas de passer à table pour lui dévoiler le plan dans lequel je me suis englué. Je la presse légèrement avec l'envie de lui claquer le cul lorsqu'elle traverse devant moi dans le sas pour enfiler nos chaussures mais sa main devance mes intentions en protégeant ce magnifique bombé qui me fait tant rêver depuis sa marche féline sur la table.
Nous descendons au pas de course, sachant que le petit artisan n'attendra pas longtemps avant de fermer et de retrouver les siens. Je suis obligé de l'attacher dans la voiture alors qu'elle ne fait pas le moindre effort pour accélérer la cadence mais ne regrette pas cette possibilité de sentir son parfum en rapprochant nos deux torses. Je vois à quel point son souffle se perturbe et ses joues se teintent en rouge. J'ai au moins cette fierté de savoir que même si je ne couche pas avec elle, je ne lui suis pas indifférent.

Une fois en route, je n'attends pas que le portail se ferme et file à travers les croisements pour m'arrêter à la première destination. En coupant le contact, j'ai à peine le temps de me retourner vers ma passagère qu'une gifle s'abat sur ma joue.

— Tu te fiches de moi ? Tu m'as fait venir pour que je te regarde acheter des fleurs pour ton plan cul ?

Mes nerfs sont mis à rude épreuve alors que je voudrais pouvoir répliquer en la couchant que cette banquette et en la faisant crier pour une bonne raison, mais je ne réponds pas à sa colère et m'éclipse le temps d'acheter des pivoines. Le gentil fleuriste patiente justement près de sa caisse, sachant pertinemment que je suis son dernier client. À mon retour devant le véhicule, je constate que celui-ci est vide. Ma petite furie commence à marcher d'un pas décidé le long du trottoir. Je n'ai d'autre choix que de balancer le bouquet à l'arrière et de courir la rattraper.

— Remonte dans cette voiture.
— Dans tes rêves, Lee Minho.
— Je vais te porter de force si tu ne m'écoutes pas.
— Et moi je vais hurler. Je crierai au monde entier à quel point tu es une brute qui aime rosir les fesses des jeunes femmes innocentes.

Sa réplique me fait pouffer de rire, tant je ne l'imagine pas comme tel, mais je comprends vite que la force me desservira dans cette situation. Si elle croit pouvoir m'échapper, c'est qu'elle m'a mal cerné. Je décide donc de passer au plan B en mettant un genou au sol et entame une chanson anglaise dont je ne connais pas très bien les paroles.

— Baby, I'm dancing in the dark, you between my ass, baiseful under ground, listening to your favorite song...

Les passants s'arrêtent et fixent cette scène qui sort de l'ordinaire. La moitié de la population ne maîtrisant pas la langue anglaise, je ne risque pas de me ridiculiser et ne fais que toucher en plein coeur la patience de cette amoureuse des mots et de leurs sens.