28+ La girouette

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Je n'arrive toujours pas à redescendre en pression alors que cela fait plus de quinze minutes que nous patientons dans la fraicheur automnale de la capitale. Je ne digère pas chacune des paroles échangées avec Minho. Qu'il me considère comme incapable de me rendre compte de la duplicité des hommes à mon égard est une insulte pour mon intelligence. Cela fait des années que j'évite de me frotter à ceux qui ont très souvent une idée derrière la tête quand elle n'est pas dans leur pantalon. La suggestion faite à Soobin de prendre un peu de recul avec ces tensions ne sert qu'à apaiser mes nerfs et à rendre fou mon colocataire. Mon esprit de contraction me pousse à agir à l'encontre de ses recommandations, voilà pourquoi je tremble de froid contre le bâtiment situé en face de la résidence, histoire de mettre de la distance mais pas trop.

— Tu veux ma veste ? me propose Soobin alors qu'il n'a qu'un t-shirt qui le couvre en dessous. 

Je renonce poliment à son offre même si mon corps me hurle d'accepter la moindre couche qui pourrait me servir de deuxième peau. Je n'ai pas particulièrement envie de me rapprocher pour l'instant ni de me livrer à celui qui est encore un inconnu pour moi. Ce ne sont pas dix minutes d'échange qui peuvent dévoiler ce qui se cache derrière les apparences.
Mais le silence qui s'installe entre lui et moi me fait douter de tout et surtout de la pertinence de ma décision. Mon colocataire maladroit voulait-il vraiment m'aider à faire le tri dans mes prétendants, ne sachant pas y mettre les formes ? Je ne ressens pas d'inquiétude à prendre racine aux côtés de ce potentiel partenaire, pourtant la prudence l'emporte sur cette situation de proximité.

— Soobin, je crois que...

Ma bouche envisage de mettre un terme à notre courte collaboration quand la silhouette de Minho dans sa voiture quitte le parking souterrain et patiente jusqu'à ce que la grille soit correctement fermée. Sachant qu'il bénéficie d'un jour de repos, je m'étonne qu'il sorte à cette heure tardive et l'imagine retrouver ses amis en boîte ou dans un bar. Il ne lui aura donc fallu pas beaucoup de temps pour se changer les idées alors que je suis encore en train de ruminer ma rage.

— Pardon, tu disais ?

Les choix contradictoires se bousculent dans ma tête et me font changer d'avis plus vite qu'une girouette. Je trouve soudainement honteux de rentrer bien sagement à l'appartement alors que mon adversaire s'en va faire la fête. Je propose donc le contraire de ce que j'avais décidé il y a quelques secondes. 

— Rien. Je... Ça te dirait qu'on poursuive un peu notre speed dating afin d'en apprendre un peu plus, l'un sur l'autre ?
— Là, dans le froid ?

Je comprends immédiatement la gêne qui l'habite car nous occupons la façade d'un immeuble depuis un moment, immobiles dans le noir, créant ainsi des angoisses chez les rares passants. Mais je n'envisage pas retourner là-haut, au risque de lui envoyer de mauvais signaux sur une possible issue dans le lit.

— Tu veux mon manteau ? lui réponds-je le sourire aux lèvres, afin d'inverser les rôles.

Mais je suis celle qui sautille, les mains dans les poches pour réchauffer mon corps et admire son immobilisme qui semble être une deuxième nature pour lui. J'envie les personnes ayant une grande tolérance au froid, alors que je fais partie de l'équipe des grands frileux. La capitale n'est pas encore entrée en hiver que j'ai déjà allumé le chauffage au sol, préférant être à l'aise pendant que je dors plutôt que d'accumuler les couches. Curieuse de savoir si je suis actuellement avec un vampire, je me rapproche de lui dans l'idée de le démasquer.

— Tu me permets une expérience sociale qui implique de te toucher ?
— Vas-y.

J'avance mes doigts vers sa main qui couvre la deuxième et m'imagine telle Bella plongeant dans un univers fantastique. Cependant ce que j'y trouve me surprend.

Le Coloc Idéal : dans tes rêves, Lee Minho !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant